Quand viennent des temps incertains, les gens se raccrochent à des convictions (pas toujours très glorieuses), se cherchent des causes pour se donner des repères ou des héros qui les mèneraient à bon port pour se décharger de leurs responsabilités. Mais sait-on réellement ce qui fait un héros ?
Dans un Royaume-Uni fracturé s’affrontent des factions. Certaines, comme l’AFET dont font partie Mariam et ses sœurs d’armes, ont une visée écologistes et/ou humanitaire, d’autres sont nées du nationalisme ou de la religion, certaines ne font que s’accrocher à leurs privilèges alors qu’elles ont mené le monde à sa perte. La planète souffre et se meurt dans cette fiction spéculative qui mêle SF et Fantasy habilement.
Keu, frère adoptif d’Arthur et chevalier de la Table ronde revient d’entre les morts une fois de plus, rappelé par un ancien serment qui le lie au destin de son pays. Il contemple le monde dévasté et s’interroge sur le dérèglement climatique, sur ce qu’il a accompli jusque-là pour ce pays qui le rappelle en chaque temps de périls et sur sa nature. Que reste-t-il de l’homme qu’il était autrefois au temps d’Arthur ? Que reste-t-il des serments et des idéaux ?
Mariam, Keu et d’autres personnages nous entraînent dans une profonde réflexion sur ce qu’est un héros, sur la responsabilité de chacun et la justice. J’ai beaucoup aimé voyager à leurs côtés, les voir tout remettre en doute, tâtonner et se battre même quand tout espoir semble vain. Les personnages évoluent au cours de leur quête, prouvant qu’ils sont plus qu’ils n’y laissent paraître de prime abord. Mariam est la plus manichéenne du lot mais reste attachante. Le deuxième chevalier de l’histoire, dont je tairai le nom pour ne pas spoiler, fait montre d’une profondeur de caractère vraiment intéressante. L’auteur a su exploiter toute la dualité qui a fait le personnage dans les nombreuses interprétations des légendes arthuriennes. On l’aime et on le déteste à la fois.
Thomas D. Lee connaît indiscutablement la Matière de Bretagne sur le bout des doigts et en joue autant qu’il le fait des références populaires. Cela rend ce roman d’autant plus agréable à lire. L’action et la réflexion y sont savamment dosés, teintés d’un humour qui complète bien ce récit grave et épique. J’ai apprécié le mélange de SF et de Fantasy, mais plus encore la valeur humaine de cette histoire.