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vendredi 11 avril 2025

Royaume en péril

Un roman de Thomas D. Lee, publié chez Christian Bourgois éditeur.



Quand viennent des temps incertains, les gens se raccrochent à des convictions (pas toujours très glorieuses), se cherchent des causes pour se donner des repères ou des héros qui les mèneraient à bon port pour se décharger de leurs responsabilités. Mais sait-on réellement ce qui fait un héros ?
Dans un Royaume-Uni fracturé s’affrontent des factions. Certaines, comme l’AFET dont font partie Mariam et ses sœurs d’armes, ont une visée écologistes et/ou humanitaire, d’autres sont nées du nationalisme ou de la religion, certaines ne font que s’accrocher à leurs privilèges alors qu’elles ont mené le monde à sa perte. La planète souffre et se meurt dans cette fiction spéculative qui mêle SF et Fantasy habilement.
Keu, frère adoptif d’Arthur et chevalier de la Table ronde revient d’entre les morts une fois de plus, rappelé par un ancien serment qui le lie au destin de son pays. Il contemple le monde dévasté et s’interroge sur le dérèglement climatique, sur ce qu’il a accompli jusque-là pour ce pays qui le rappelle en chaque temps de périls et sur sa nature. Que reste-t-il de l’homme qu’il était autrefois au temps d’Arthur ? Que reste-t-il des serments et des idéaux ?
Mariam, Keu et d’autres personnages nous entraînent dans une profonde réflexion sur ce qu’est un héros, sur la responsabilité de chacun et la justice. J’ai beaucoup aimé voyager à leurs côtés, les voir tout remettre en doute, tâtonner et se battre même quand tout espoir semble vain. Les personnages évoluent au cours de leur quête, prouvant qu’ils sont plus qu’ils n’y laissent paraître de prime abord. Mariam est la plus manichéenne du lot mais reste attachante. Le deuxième chevalier de l’histoire, dont je tairai le nom pour ne pas spoiler, fait montre d’une profondeur de caractère vraiment intéressante. L’auteur a su exploiter toute la dualité qui a fait le personnage dans les nombreuses interprétations des légendes arthuriennes. On l’aime et on le déteste à la fois.
Thomas D. Lee connaît indiscutablement la Matière de Bretagne sur le bout des doigts et en joue autant qu’il le fait des références populaires. Cela rend ce roman d’autant plus agréable à lire. L’action et la réflexion y sont savamment dosés, teintés d’un humour qui complète bien ce récit grave et épique. J’ai apprécié le mélange de SF et de Fantasy, mais plus encore la valeur humaine de cette histoire.

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mercredi 5 mars 2025

Cruel Winter with You

Une novella d'Ali Hazelwood. La version audio est lue par Vivienne LaRue.

Cette novella fait partie de Under The Mistletoe, une collection de cinq textes indépendants publiés par Amazon pour les fêtes. Si vous avez un abonnement Prime, vous pouvez les lire gratuitement, sinon ils sont à 1,99€ en numérique ou à 1,79€ l’un sur Audible, il existe également une compilation que vous pouvez acheter pour un crédit. Pour l’instant ces textes ne sont pas disponibles en français.



J’aime bien l’idée de comédies romantiques courtes et modernes à lire durant le temps des fêtes. Cela ne demande pas un grand investissement en temps ni en attention, mais le format court rend aussi le texte plus percutant. C’est la distraction parfaite quand on a une heure ou deux devant soi.
Ce texte-ci nous présente une jeune femme qui rentre chez son père pour les fêtes et se retrouve, à cause d’un caprice paternel, obligée de mettre au clair une situation embarrassante avec le frère de sa meilleure amie.
J’ai beaucoup apprécié la narration à deux vitesses. Une partie de l’intrigue se déroule au présent, l’autre nous conte l’évolution des rapports entre les personnages depuis le jour de leur première rencontre jusqu’à l’instant présent. Je sais que cela ne plaira pas à tout le monde car beaucoup de lecteurs semblent de plus en plus apprécier une chronologie plus linéaire. Pour ma part, je trouve au contraire qu’une narration fragmentée de la sorte apporte du dynamisme au récit. Autrement l’histoire, qui est plutôt simple et courte, serait fort plate.
Ali Hazelwood aime les quiproquos. Ce qui n’est mon cas. J’ai toujours trouvé que c’était un ressort scénaristique de fainéant, quand le quiproquo est au centre du récit cela s’entend, et c’est le cas ici. Heureusement, la narration en deux temps allège cela car on passe davantage de temps dans le passé, à voir comment s’est construit la relation des personnages depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte. C’était chouette à lire, drôle souvent, mignon de temps en temps. J’ai levé les yeux au ciel de parfois, mais globalement j’ai passé un bon moment avec cette lecture et ces personnages.
L'interprétation de la lectrice est excellente et apporte une réelle plus-value au texte.

samedi 15 février 2025

Nayra et le Djinn

Une BD de Iasmin Omar Ata, publiée chez Bliss Comics Éditions.



Nayra vit une situation difficile. Elle ne se sent pas bien dans son lycée, où elle subit harcèlement et moqueries parce qu’elle est musulmane. Elle voudrait changer d’école, mais sa famille refuse de l’écouter, lui reproche ses notes en chute libre et lui intime d’être forte.
Nayra se sent seule, bien qu’elle ait une amie proche qui se trouve dans la même situation. Rami est plus fataliste quant à ce qu’elles vivent. Elle essaie juste d’éviter les problèmes et se concentre sur le positif, à savoir leur amitié, ce qui semble agacer Nayra.
J’ai eu de la compassion pour ces deux jeunes filles, mais au bout d’un moment l’égoïsme de Nayra m’a saoulée. Je n’ai pas compris pourquoi elle s’éloigne de la seule personne qui l’a toujours comprise et soutenue. Elle se plaint de son isolement tout en s’isolant encore plus. Quand Marjan lae Djinn entre dans sa vie, elle agit de même avec ellui. Pendant une bonne partie de l’histoire elle n’a aucune considération pour les gens autour d’elle. Et quand elle finit par s’amender, cela tombe un peu à plat. Alors certes, c’est une adolescente en souffrance, elle a des excuses, mais elle n’en demeure pas moins très narcissique.
De manière générale, cette histoire est pleine de facilités et de clichés. Les personnages ne sont pas toujours cohérents et il y a quelques évidents soucis de traduction. C’est dommage, car le thème est intéressant. En outre, on n’a pas souvent l’occasion de voir en littérature ce que peuvent vivre deux jeunes filles durant le mois du Ramadan, alors que c’est important. J’ai également apprécié les quelques incursions dans le monde des Djinns.
Pour ce qui est des dessins, le mélange de pastel et de tons vifs m’a un peu vrillé les yeux, mais c’est joli. Cela apporte de la vie aux dessins qui sont relativement simples. J’ai bien aimé ce style qui va bien avec l’histoire.
Mon avis est donc en demi-teinte. Cette BD ne me marquera pas, mais l’intention était louable. Un public plus jeune que moi sera sans doute aussi plus indulgent.


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