Et à la fin, ils meurent est un essai sous forme de BD. Vu le format, on pourrait se dire qu’il s’agit d’une introduction qui effleure le sujet de manière ludique. Oui mais non. Introduction ludique, certes, mais celle-ci est complète, documentée, réfléchie. On y découvre l’histoire des contes de fées ainsi que les gens et événements qui ont contribué à les façonner. Déjà, d’où vient l’appellation « contes de fées » alors que les bonnes dames n’y sont pas toujours représentées ? Lou Lubie nous l’explique et avec cela beaucoup d’autres subtilités de ce genre littéraire. Parce que oui, bien que profondément ancré dans l’oralité pendant plusieurs siècles, le conte est devenu un genre littéraire à part entière. Lou nous parle des gens qui l’ont codifié aussi bien que de ceux qui ont publié les premiers recueils.
Elle évoque les anciennes versions, plus trash, parfois même gore, des contes qui ont bercé notre enfance. Elle s’arrête parfois sur un conte pour le détailler. Elle le fait notamment avec La Barbe bleue ou encore Le Petit Chaperon rouge qui sont des contes particulièrement intéressants dans leur symbolisme.
Pour le premier, j’ai toujours préféré la version appelée L’Oiseau d’Ourdi et, comme elle est étrangement moins connue, je suis contente qu’elle soit mentionnée. Quant au second… Je dois à ma professeure de français de 6e de connaître la version la plus perturbante des mésaventures de la fillette en rouge et avec cela la base de mes connaissances de ce genre souvent jugé, à tort, niais et puéril.
Les contes sont un domaine d’étude passionnant, bien loin de l’image édulcorée que la plupart des gens en ont. Lou le sait et nous en dévoile toutes les facettes dans cet ouvrage remarquable par sa construction et son exhaustivité.
Ce n’est pas un livre pour les enfants (encore que, je l’aurais lu sans sourciller à douze ans) mais il ravira les adultes. Sous son aspect humoristique, cet ouvrage est bien documenté, didactique et riche en informations diverses. Lou y analyse des contes, nous partage d’intéressantes réflexions et n’hésite jamais à remettre les récits dans leur contexte pour étayer son argumentation. Elle s’attache beaucoup aux détails, ce qui montre le soin et le sérieux avec lesquels elle a construit son essai.
Même en ayant au préalable de bonnes connaissances sur le sujet, j’ai appris des choses. Seule la fileuse en moi grommelle un peu car personne ne sait jamais faire la différence entre un fuseau et un rouet, sans parler des quenouilles, mais au moins il est précisé que c’est une écharde qui ensorcèle la jeune fille et pas une aiguille qui n’a rien à faire là.
J’aurais aussi aimé une mention pour Neil Gaiman, mais c’est la fangirl en moi qui parle. Si ce n’est déjà fait, lisez au moins Neige, verre et pommes, sa meilleure réécriture de conte à mon sens.
Mais revenons à Lou Lubie et à son passionnant ouvrage. Je n’ai pas encore parlé des dessins. Ils ont ici vocation à souligner le propos, sont souvent drôles, voire décalés et irrévérencieux. Grâce à eux, on ne risque pas d’oublier ce que l’on apprend dans ce livre. Ils lui apportent ce petit plus qui lui confère toute son originalité et en font un ouvrage qui complètera fièrement la collection de tout amateur de contes.
De manière drôle et concise, Lou Lubie nous offre une introduction très complète sur les contes. Elle n’a rien laissé de côté, pas même leur usage en psychanalyse. J’ai lu ce livre avec grand intérêt. J’ai appris des choses, m’en suis rappelées d’autres, et tout cela a nourri ma réflexion.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire