jeudi 29 octobre 2015

Rouge Tagada

Scénario de Charlotte Bousquet, illustrations de Stéphanie Rubini. BD publiée chez Gulf stream.


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Présentation de l'éditeur :
Elle était dans ma classe. Quatrième D. D comme déconne, délire, débile, dévergondé, début, douleur, douceur aussi. Il y avait tout ça, chez nous. Des pimbêches qui riaient trop fort, des timides, des bébés sages, des filles toutes fières de se comporter en femmes et des garçons qui ne savaient plus comment fonctionnaient leurs mains ni leurs pieds. Il y avait aussi les Jade et les Benjamin, les bons copains toujours là en cas de coup de blues à la récré, toujours prêts à refaire le monde et jouer aux cancres au lieu d’aller en perm.


Mais il n’y avait qu’une Layla.



Rouge Tagada est le premier volume d’une série de BD sur l’adolescence. Au fil des tomes, on suit différents élèves d’une classe de quatrième qui nous confient leurs maux et leurs espoirs avec sensibilité et intelligence. Cela fait du bien de découvrir une série d’histoires réalistes pour une fois, sans clichés ni niaiserie.


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Dans ce volume on rencontre Alex, une jeune fille attachante qui a du mal à gérer ses sentiments naissants. L’auteur et l’illustratrice ont su rendre à la perfection ce passage délicat qu’est l’adolescence, ces années de fragilité, où le vacillement est constant alors que l’on se construit tant bien que mal. En peu de pages, l’histoire d’Alex prend corps ; j’ai trouvé cette jeune fille vraiment touchante.
C’est un récit sur l’identité, l’amour et l’amitié, la difficulté que l’on éprouve parfois à grandir, à s’affirmer, à accepter l’autre et à s’accepter soi-même. Cela nous est conté avec intelligence et délicatesse.
Les illustrations sont une dimension importante de l’ouvrage. Elles contribuent à la façon dont on perçoit l’histoire. Les coups de crayon, tout en rondeur et plénitude, apportent de la douceur, tandis que les couleurs vives donnent de la chaleur à une histoire qui n’est pas toujours joyeuse.
Cette BD m’a beaucoup plu. Je ne déplore que la fin un peu abrupte. Elle m’a désappointée, mais n’est pas pour autant injustifiée. C’est souvent comme ça dans la vie et surtout à l’adolescence, on tranche net, sans s’expliquer, et qui dit que les personnages ne se parleront pas dans les prochains volumes ? Je l’espère en tout cas.
C’était trop court pour moi, mais néanmoins une excellente lecture. Cette BD est destinée aux ados, mais plaira tout autant à un public plus adulte. Je vous encourage chaleureusement à la découvrir.


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lundi 26 octobre 2015

La Nuit des éphémères

Un roman de Christine Détrez, publié aux Éditions Chèvre-feuille étoilée.


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Céline, réfugiée dans la maison de sa grand-mère pour soigner un chagrin d’amour, fait des rêves étranges peuplés de musique, d’hirondelles et de plumes.
Chaque soir des notes de piano semblent venir d’une maison abandonnée.  Les gens du village disent qu’elle est hantée mais eux semblent habités par un lourd secret.
Josée, une lointaine cousine, qui n’a jamais quitté le village, saura-t-elle aider Céline à faire rompre le silence ? 


Dans ce roman où le suspense prend les voies du fantastique et de la poésie, la petite histoire va rejoindre la grande, durant cette nuit de fin août, où chaque été meurent les éphémères.



Le premier chapitre m’a désarçonnée. Je me suis heurtée de plein fouet aux émotions du personnage autant qu’au style, très allégorique, qui les décrit. Céline, dont le petit ami vient de la quitter, est littéralement terrassée par le chagrin, au point que sa raison vacille. Cet anéantissement agrippe le lecteur. Je n’avais pas envie de lire ça, pas envie de me plonger dans sa dépression. J’aurais préféré la secouer, lui dire qu’il y a de bien pires épreuves dans la vie… Mais finalement Céline ne se laisse pas engluer dans le désespoir, elle bouge, même si c’est pour fuir.
Elle a besoin de réconfort et ce sont des images de son enfance qui lui reviennent, plus précisément de sa grand-mère aujourd’hui décédée. Elle décide donc de s’exiler dans la maison familiale, dans ce coin de campagne française où le portable ne passe pas et qu’elle a, au final, si peu fréquenté. C’est l’occasion pour elle de se souvenir tout en tenant sa peine à distance.
Après ce démarrage qui m’a laissée circonspecte, j’ai avancé page par page, précautionneusement. Il m’a fallu du temps pour me glisser dans l’histoire et accrocher au style qui oscille entre simplicité du discours retranscrit et envolées lyriques. Les allégories et métaphores sont nombreuses. Céline plonge facilement dans des rêves fantasmagoriques qui la hantent encore au réveil et des songes éveillés, presque des hallucinations. Je ne suis pas réfractaire à un style poétique, mais j’ai eu un peu de mal à me faire à celui-ci. On peut aisément le trouver lourd, surtout quand on ne compatit que très modérément au sort de Céline. Mais au final, cette poésie adoucit l’histoire, elle fait passer avec plus de pudeur, plus d’humanité, les événements que la jeune femme va exhumer.
Il m’a donc fallu apprivoiser le texte, comme Céline apprivoise le passé du village et ses voisins méfiants. La maison vide qui côtoie la sienne et l’histoire de ses occupants commencent à l’obséder. Imagine-t-elle des choses pour occuper son chagrin ? Petit à petit, le besoin de savoir se fait plus pressant, pour elle comme pour le lecteur. Je n’ai jamais réussi à apprécier Céline, mais grâce à cet intérêt commun j’ai marché à ses côtés. J’ai préféré la rude Josée, plus simple, plus franche, plus émouvante en somme.
Dans ce court roman, les secrets affleurent, demandent à être révélés, mais s’échappent quand on veut les saisir de façon trop directe. Ils s’invitent dans le présent par le biais de rêves ou d’hallucinations. Cependant le récit n’est pas fantastique pour autant, je me suis fait une idée plus prosaïque de la façon dont Céline devine certaines choses. Chacun l’interprètera à sa façon.
Après un début hésitant, La Nuit des éphémères m’a offert une belle lecture. L’histoire est triste, mais racontée avec douceur et délicatesse. Elle ne donne pas vraiment une belle vision de l’humanité ni de ces campagnes austères et de la mentalité de leurs habitants. J’ai refermé le livre le cœur serré, effarée par tant de gâchis et de lâcheté, mais contente d’avoir lu ce récit et d’y avoir trouvé une autre façon de se souvenir, de voir l’après-guerre.


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Delacroix Eugène, Vue d’une cour arabe avec colonne et balustrade de bois peint en vert (en bas) ; Tête de jeune femme, de dos, avec 2 nattes (en haut), Album de voyage (Espagne, Maroc, Algérie, janvier-juin 1832), crayon et aquarelle.


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dimanche 25 octobre 2015

La Huitième Couleur et Le Huitième Sortiliège

Sir Terry Pratchett nous a quittés voilà peu de temps. Auteur prolifique, il nous laisse de nombreuses œuvres dont une majorité constitue ce monument que sont Les Annales du Disque-monde. Des romans à lire, relire et partager.
On aime ou pas, c’est vrai. Et je ne conseillerais à personne de les lire tous à la suite… Mais l’humour de Pratchett reste pour moi d’un réconfort certain et j’adore le Disque-monde, ses personnages barrés, les réflexions qui se glissent entre les pages aussi.
Mon hommage personnel à ce grand homme a été de lire à haute-voix dans mon jardin les deux premiers volumes des Annales. Traitez-moi de folle si vous le voulez. Je suis heureuse de l’avoir fait.
Et tant que j’y suis, je vais vous en parler un peu.
Tout le monde devrait lire Pratchett, ça ne résoudrait pas tous les problèmes de la race humaine, mais ça ne rendrait pas les gens plus cons (ce qui en soi est déjà pas mal).



La Huitième Couleur


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Loin dans l’espace, vogue une tortue géante. Sur son dos, quatre éléphants supportent le poids d’un disque, le fameux Disque-monde.
Cette série mondialement connue est composée d’une quarantaine de volumes. Bien qu’ils soient souvent présentés par cycles (selon les personnages récurrents concernés) on peut les lire indépendamment. Sauf en ce qui concerne les deux premiers volumes qui content les pérégrinations de Rincevent, le pire mage qui soit, et de Deuxfleurs, le premier touriste du Disque.
En général, on ne recommande pas de découvrir le Disque-monde avec ce roman qui n’est ni le plus réussi ni le plus attractif. Mais personnellement je l’aime beaucoup et je pense qu’il est une bonne introduction à l’univers de Pratchett. Vous peinerez peut-être un peu à vous immerger dans La Huitième Couleur, mais vous y apprendrez notamment à connaître la géographie discale et beaucoup d’autres particularités de ce monde étonnant ainsi que de ses habitants.
On pourrait dire que La Huitième Couleur s’apparente à une quête sans but (oui, c’est ironique). Rincevent, Deuxfleurs et le Bagage explorent le Disque et vont de problème en catastrophe, envoyant joyeusement balader tous les clichés de la Fantasy au passage.
Toi, le lecteur qui à un moment t’es demandé ce que tu foutais là alors que Frodon et Sam crapahutaient encore et toujours dans les marais, ces romans sont pour toi. Prends ta revanche et marre-toi !
Des rues sales d’Ankh-Morpork jusqu’à l’extrême bord du Disque, les deux acolytes vont croiser des dragons, des héros, participer à un jeu de rôle géant (sans le savoir), risquer leur peau à tout moment et nous divertir à leurs dépens.
Les références à des ouvrages connus de SFFF sont nombreuses, mais qu’on les capte ou non la lecture reste très agréable, drôle, légère, tout en n’étant pas dénuée de réflexion.
Comment ne pas passer directement à la suite ?


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Le Huitième Sortilège




Le Huitième Sortilège
reprend le cours des aventures de Rincevent et Deuxfleurs où se terminait La Huitième Couleur.
Cette suite semble d’emblée un peu plus construite, il faut bien l’admettre et elle est plus drôle encore, pleine d’action et de rebondissements. Une nouvelle fois, prenez tout ce que vous savez des clichés de la Fantasy et réjouissez-vous de les voir passés au shaker ! Par exemple, vous vous demandez ce que deviennent les vieux héros ? Eh bien vous le saurez en faisant la connaissance de Cohen le barbare… Vous apprendrez des choses sur les mœurs des tortues spatiales, vous vous interrogerez sur la réelle nature des boutiques magiques itinérantes et sur l’intérêt qu’il peut y avoir à sauver le monde quand on a cinq minutes entre deux courses-poursuites.
Ce volume offre une échappée particulièrement plaisante, une aventure pleine de personnages improbables et délirants. On ne s’ennuie pas une seconde, même à la relecture, et c’est également une belle histoire d’amitié.
Si vous ne connaissez pas encore le Disque-monde, j’espère de tout cœur vous avoir donné envie d’aller y faire un tour. Et n’oubliez pas d’emporter une boîte à images, ça peut servir.

samedi 24 octobre 2015

Phoebus Mortel

Un roman de Thomas Andrew, publié chez Sidh Press.


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Phoebus Mortel est une romance paranormale M/M, axée sur le personnage de Glen Landsbury, jeune homme de bonne famille qui vient d’entrer à Harvard.
N’ayant pas aimé le premier tome de Drek Carter (pour cause de héros aussi misogyne que bourrin), j’ai néanmoins tenté la lecture du spin off en me disant qu’un autre personnage me serait peut-être plus sympathique. Et puis on me promettait une belle histoire d’amour et de l’humour… Depuis le temps, je devrais savoir que les promesses de certains auteurs sont aussi fiables que celles des candidats à la présidentielle.
En ce qui concerne le capital sympathie du personnage, là aussi faudra faire avec. Vous vous souvenez des bijoux fantaisie qui changeaient de couleur selon la température du corps ? Eh bien, la personnalité de Glen, c’est un peu pareil… Quand le vent souffle, il tourne la tête. Il fait preuve de la même constance dans ses amours, notamment quand il s’excuse d’avoir trop longtemps pleuré son soi-disant grand amour ou qu’il est attiré par tous les mecs qui passent alors que la seconde d’avant il se morfondait encore, mais à propos de son séduisant colocataire cette fois. Et comme dans toute romance (ça devient de plus en plus lassant) Glen est irrésistible. S’il y a un gay dans le périmètre, il est pour lui. Qu’est-ce que ce serait si Killian, le fameux coloc’ source de tous ses fantasmes, n’était pas tout le temps sur son chemin pour l’empêcher de céder à ses pulsions…
La relation qui se construit petit à petit entre Glen et Killian est d’un ennui mortel (voilà au moins une partie du titre qui se justifie). Deux vraies girouettes… Les événements semblent se répéter inlassablement, comme si l’auteur avait voulu transformer une nouvelle en roman et peinait à meubler.
Le style n’arrange rien. J’ai décidément beaucoup de mal avec l’humour bien lourd de Thomas Andrew, mais aussi avec son usage du vocabulaire. Il y a une nuance dans l’usage des synonymes qui semble lui passer au-dessus de la tête.
Entre la cohérence qui avait décidé de prendre des vacances, les clichés de la romance qui filent aussi vite qu’un collant premier prix et les dialogues qui rappellent furieusement les sitcoms des années 80, j’ai payé cher ma curiosité.

vendredi 23 octobre 2015

Challenge RVLF, le bilan !

Mercredi 21 octobre était un jour historique : nous avons rejoint le futur, qui est maintenant le passé, même que ça fait bizarre, franchement... Le futur, c'est plus ce que c'était ! (Vous suivez ou bien ? Ok, j'arrête...)


C'était aussi la fin du Challenge Retour vers le futur organisé par Lune et je vous invite à aller visiter son blog pour lire le bilan global.
Pour la liste de toutes les chroniques, c'est par-là.


J'ai pour ma part atteint mon objectif de huit chroniques, à savoir quatre romans (dont un coup de cœur, encore merci Lune), une novella (excellente !), un film, une BD et une série.
J'avais plein d'autres lectures potentielles dans la PAL, mais j'ai manqué de temps (et moi je n'ai pas de loco, donc ce sera pour plus tard). Ceci dit, je suis quand même fière (j'ai écrit la dernière chronique sur le fil).


Voici ma petite liste :


La Captive du temps perdu de Vernor Vinge (roman) - excellent
Le Voyage de Simon Morley de Jack Finney (roman) ♥
L'étrange affaire de Spring Heeled Jack, Burton & Swinburne T1 de Mark Hodder (roman)
The Amazing Mr Blunden de Lionel Jeffries (film)
Légion de Brandon Sanderson (novella) - excellente
Balade au bout du monde, intégrale 1 de Makyo et Vicomte (BD)
Outlander de Ronald D. Moore (série télé)
Rédemption de Bérengère Rousseau (roman)


À bientôt dans le futur ou le passé !


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RVLFC

jeudi 22 octobre 2015

Sorcières associées

Un roman d'Alex Evans.
Uniquement disponible en numérique pour le moment, mais à un tout petit prix.

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Résumé de quatrième de couverture :
Envoûtement de vampire, sabotage de zombies et invasion de gremlins font partie du quotidien du cabinet Amrithar et Murali, sorcières associées. Dans la cité plusieurs fois millénaire de Jarta, où la magie refait surface à tous les coins de rues, les maisons closes sont tenues par des succubes et les cimetières grouillent de goules, ce n’est pas le travail qui manque ! Mais tous vous le diront : les créatures de l'ombre ne sont pas les plus dangereuses…

Le premier chapitre peut être lu sur le blog de l'auteur.

Sorcières associées est exactement le genre de fantasy urbaine un brin steampunk dont j’avais envie depuis longtemps.
Nous y faisons la rencontre de deux femmes, Tanit et Padmé, qui ont ouvert un cabinet de consultations en problèmes magiques de tous genres dans une mégapole où le commerce est roi. À Jarta, le progrès technique côtoie l’archaïsme et le cadre, très indien, change beaucoup des cités européennes qui sont habituellement le lot du steampunk ainsi que de celles, états-uniennes, qui sont l’apanage de la fantasy urbaine. Dans Sorcières associées, on boit du thé, on porte des saris (du moins quand on vient du Paras) et on se déplace en rickshaw !
Ce monde n’est pas le nôtre, mais il pourrait aussi bien l’être (ou le devenir). Après s’être détournés de la magie et l’avoir en quelque sorte « perdue », ses habitants la retrouvent petit à petit et doivent réapprendre à gérer les possibilités de celle-ci, tout comme les problèmes qu’elle peut engendrer.
J’ai vraiment beaucoup aimé le background, cependant les personnages et l’intrigue ne sont pas en reste. Tanit et Padmé sont deux femmes très différentes, ce qui permet d’avoir plusieurs points de vue sur leur société, chacune s’exprimant à la première personne quand le récit se recentre sur elle. Tanit est indépendante, ancienne voleuse, puis espionne, elle est aussi débrouillarde que pragmatique. Padmé, quant à elle, est une femme de cœur, mais n’en perd pas pour autant la tête. Elle est aussi maman, ce qui contribue beaucoup à la complexité de son personnage et me l’a fait apprécier encore davantage. Les personnages secondaires qui gravitent autour des deux femmes ne manquent pas d’intérêt, toutefois j’espère en voir certains davantage développés dans la suite. Jihane, la fille de Padmé, est particulièrement attachante.
L’intrigue est tissée de diverses enquêtes qui, même si elles finissent pas se recouper un peu facilement, sont très plaisantes à suivre et ménagent leur lot de surprises. Cela ne manque pas de logique : ainsi agit le Pouvoir
Le point négatif de ce roman est indubitablement le nombre impressionnant de coquilles : des fautes bêtes qu’une relecture attentive aurait éliminées facilement. On pourrait dire que c’est typique de l’auto-édition, mais je ne serai pas si catégorique. Contrairement à mes habitudes, ça ne m’a pas découragée tant l’histoire m’a plu, alors je vous exhorte à passer outre, en espérant qu’elles soient vite corrigées (ce qu'a confirmé l'auteur). Après tout, c’est l’un des avantages du numérique que de permettre ce genre d’ajustement.
Sorcières associées a été une excellente découverte, une lecture très distrayante. J’espère pouvoir très bientôt lire la suite. J’avais déjà lu et beaucoup apprécié les nouvelles d’Alex Evans que je vous conseille également, ses thèmes de prédilection ainsi que son style valent le détour.

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Thé noir au lotus et tartelette poire-amandes, parfait pour accompagner cette lecture.

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mercredi 21 octobre 2015

Rédemption

Un roman de Bérengère Rousseau, publié aux éditions du Riez.
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Présentation de l'éditeur :
Quand un vieux médaillon et quelques documents anciens révèlent à Noâm les soupçons de collaboration qui pèsent sur son arrière-grand-père, son monde bascule. Comment accepter et vivre avec cette honte ? Il veut comprendre. Avec son meilleur ami, il se rend au Château de Noisy, là où son aïeul fut aperçu pour la dernière fois.

Sur place, ils sont victimes d’un éboulement. Ils se réveillent en 1944 à la veille de la Bataille des Ardennes. Noâm voit là l’occasion de restaurer l’honneur de sa famille, au risque de changer le cours de l’Histoire. Et si, justement, celle-ci avait déjà changé ?
Noâm, jeune étudiant Belge passionné d’Histoire, découvre presque par hasard un pan nébuleux de son passé familial. Son arrière-grand-père était-il un résistant ou un collabo ? Parce que cette question le hante, il décide de faire des recherches, sans savoir jusqu’où cela pourrait l’entraîner… Il va apprendre par lui-même qu’en temps de guerre comme dans la vie en général, la nuance a son importance.
Le début du roman m’a beaucoup plu. L’intrigue était prometteuse, la lecture agréable. Cela s’est quelque peu gâté à partir du moment où les personnages sont propulsés dans le passé. Ce n’est pas tant la qualité du récit qui est en cause. Peut-être m’attendais-je à autre chose…
Les implications dans le passé de Noâm et de son ami Lucas m’ont semblées beaucoup trop directes. La rencontre avec l’arrière-grand-père et son acceptation des faits sont aussi trop faciles. Dès lors, j’ai commencé à me détacher des personnages. J’étais de plus en plus sceptique à mesure qu’avançait ma lecture. J’espérais plus de subtilité.
Il semble que la présence des deux jeunes hommes dans le passé suffise à créer une uchronie, ce qui est illogique, car les changements de ce passé découlent d’événements survenus avant leur arrivée. Ne comptez pas comprendre le pourquoi du comment de ces changements ni l’origine du voyage temporel… J’ai besoin de vraisemblance quand je lis une histoire et je ne l’ai malheureusement pas trouvée ici… C’est ce qui m’a le plus gênée. Ce roman n’est pas désagréable à lire, mais il n’était pas pour moi. La fin m’a cependant émue, toutefois pas assez pour me faire oublier le reste.
Je demeure également perplexe vis-à-vis de nombreux cafouillages. Nous avons une référence erronée à Retour vers le futur (non mais vraiment !) ainsi que quelques coquilles dont une qui m’a fait bien rire (le flan ouest… Bon appétit !). Je tiens néanmoins à signaler que c’est assez inhabituel dans les ouvrages des éditions du Riez. Certaines phrases en allemand sont traduites alors que d’autres non, et pas forcément lorsqu’elles sont compréhensibles grâce au contexte. Ceci dit, ça ne gêne pas vraiment le lecteur non germanophone.
Rédemption ne me marquera pas outre mesure et c’est dommage, l’idée de départ me plaisait bien.
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RVLFC

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dimanche 18 octobre 2015

Outlander

Outlander


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Attention, c’est la minute je raconte ma vie, si ça vous ennuie, passez directement à la seconde partie du texte :
Il y a de ça une bonne douzaine d’années, alors que j’allais embarquer pour l’Irlande, j’ai fait un petit détour pour acheter un bouquin à lire dans l’avion ainsi que pour avoir quelques pages à parcourir avant de m’endormir. Je fais toujours ça, même si je sais que je lirai très peu. Acheter un livre, plutôt qu’en amener un avec soi, fait partie du voyage. Je prends toujours un poche, pour des raisons évidentes, et cette fois-là j’ai choisi le premier tome de la série Le Chardon et le Tartan, sans savoir que ce n’était que la moitié du « vrai » premier tome.
J’ai peu lu pendant mes vacances, j’avais bien d’autres choses à voir que de l’encre sur du papier, mais j’ai repris le livre dès que je suis rentrée et me suis procuré la suite presque aussitôt. J’ai apprécié ces romans. Je n’ai pas tout lu d’une traite, mais même si je garde un bon souvenir de ces moments de lecture, j’avoue que Diana Gabaldon a fini par me lasser.
Je n’attendais pas grand-chose de la série télé, pourtant j’étais curieuse. Ce n’est pas l’engouement général qui m’a décidée, mais ces premiers bons souvenirs de lecture. Et ce fut, je dois le dire, une très bonne surprise. Non je ne parle pas de Sam Heughan qui, s’il est agréable à regarder, n’éveille pas plus que ça mon intérêt (ne me jetez pas de pierres !)


La première saison d’Outlander, basée sur le premier tome (selon le découpage d’origine) compte 16 épisodes. La deuxième saison est en cours de tournage.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, Claire et son époux, Franck, prennent des vacances en Écosse afin de se retrouver avant de partir pour L’Oxfordshire où Franck a obtenu un poste d’enseignant. Longtemps séparés, ils ont un peu de mal à réajuster leur façon de vivre ensemble.
Claire était infirmière durant la guerre et elle s’intéresse beaucoup aux plantes médicinales, c’est ce détail qui va bouleverser son existence. Revenue auprès du cercle de pierres dressées près duquel elle a observé la veille, en compagnie de son mari, un rituel païen mené par les femmes du village, elle va se retrouver propulsée près de deux cents ans en arrière. Alors que les évènements l’emmènent loin du cercle de pierres, elle n’aura de cesse que de rentrer chez elle.
Caitriona Balfe est sans nul doute une très belle femme, pas l’actrice la plus expressive que j’ai pu voir cependant, même si elle a ses bons moments et que son interprétation demeure juste. (On ne peut pas non plus dire que Claire soit très émotive.) Balfe apporte en tout cas à son personnage un capital sympathie plus élevé que dans le roman. Je n’aimais pas trop la version livresque de Claire, Balfe a su me la faire voir autrement ; elle la rend plus humaine.
L’histoire elle-même acquiert une autre dimension grâce à la série. C’est une bonne adaptation, elle en extrait le meilleur, reste fidèle, tout en ajoutant de bons apports, comme par exemple les passages consacrés à Franck après la disparition de sa femme. Ce n’était pas possible dans le roman car la narration dépend exclusivement de Claire. On voit donc aussi les événements de manière plus neutre, plus complète.
L’équipe a su donner une belle esthétique à la série (non, je ne parle toujours pas de Sam Heughan). La mise en scène est très soignée ; le rituel des sorcières, pour ne citer que ce passage, suffit à lui seul à faire frissonner le téléspectateur. On notera également le changement dans l’éclat des couleurs selon les époques. Le passé apparaît ainsi comme plus vivant alors que la vie au sortir de la guerre est terne, les gens fatigués, comme éteints.
Ce que j’aimais déjà dans les livres et qui demeure dans la série, est qu’on s’intéresse au contexte autant qu’aux intrigues plus personnelles des protagonistes. Claire et ses amours ont bien sûr une place de choix, mais l’histoire de l’Écosse ne sert pas seulement de décor. C’est un tout, parfaitement dosé pour maintenir l’intérêt.
Je n’ai par contre pas été convaincue par tout le casting, notamment Lotte Verbeek dans le rôle de Geillis. Mais c’est peut-être davantage la faute à la façon dont est présenté le personnage que celle de l’actrice.
J’ai apprécié de redécouvrir cette histoire, mais je me suis malgré tout un peu lassée dans la deuxième moitié de saison. Le fait de connaître tous les nœuds de l’intrigue y est peut-être pour quelque chose. Cependant, Outlander reste une bonne série, agréable à suivre et je regarderai la suite, mais à petites doses.


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RVLFC

mardi 13 octobre 2015

Balade au bout du monde, Intégrale 1

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Présentation de l'éditeur :
Il était une fois un petit photographe... Le récit de Makyo, mis en images par Vicomte, débute comme un conte de fées moderne. Mais, soudain, il dérape... L’œuvre vire au noir, plongeant le lecteur dans les délires d'un cauchemar souterrain et carcéral. Sous la réalité, l'abîme du fantastique... Cette œuvre, promue au rang de best-seller de la BD moderne, a été récompensée par la plus haute distinction du Festival d'Hyères et par le Grand prix de la Ville de Paris.



La série de bandes dessinées Balade au bout du monde est composée de 17 volumes dont la parution s’est étendue de 1982 à 2012. Elle a reçu de nombreux prix.
Les 16 premiers tomes sont divisés en cycles de quatre, chacun dessiné par un artiste différent. Ils ont été regroupés en quatre intégrales à la sortie de l’épilogue en 2012.


La première intégrale, dont je vais vous parler, est donc composée de :
- La Prison (1982)
- Le Grand Pays (1984)
- Le Bâtard (1985)
- La Pierre de folie (1988)


Le scénario est de Pierre Makyo, les dessins de Laurent Vicomte.


Ces quatre volumes comptent une cinquantaine de pages chacun et, même si on entre très vite dans le vif du sujet, les lire séparément me semble trop bref pour s’immerger dans l’histoire. Qui plus est l’intrigue, se décousant à mesure, n’aide pas le lecteur. Je n’ose imaginer combien de fois les lecteurs de la première heure ont dû relire le cycle en 30 ans pour se remettre dans le bain à chaque nouvelle parution…
L’histoire démarre plutôt bien. Arthis, un jeune photographe, est fasciné par ces marais que l’on surnomme Le bout du monde. Il y erre, prenant des photos, épiant du coin de l’œil cette belle brune qui comme lui semble attirée par l’endroit. De nombreuses personnes ont disparu au fil des siècles dans ces marais et il va lui-même subir leur sort.
Le premier épisode, nimbé de mystère, ne manque pas d’intérêt. On plonge avec Arthis dans un univers aussi déconcertant que violent. On a le temps de se sentir piégé, comme lui. Pourtant, le scénario ne stagne pas et la situation évolue sans cesse jusqu’à ce que l’on découvre enfin pourquoi toutes ces personnes sont emprisonnées et surtout où elles se trouvent.
J’ai trouvé les deux premiers volumes prenants, malgré quelques couacs. Puis, au fur et à mesure que l’intrigue s’emberlificotait, mon intérêt est retombé. L’idée de départ était pourtant très bonne, mais tout part en vrille de manière vraiment exaspérante. On ajoute des choses, de plus en plus farfelues, sans exploiter les bases de l’histoire. Chaque rebondissement est cousu de fil blanc, plus ils s’accumulent et plus le tout paraît inepte. Pour ne citer qu’un exemple, on se remet très facilement d’une flèche en plein cœur… Et je ne vous parle pas des intrigues familiales…
Les personnages ne sont pas des plus attachants. D’ailleurs toutes les femmes de l’histoire sont puériles, égoïstes, précieuses et pas très futées ; elles devraient sérieusement revoir leurs priorités. Ceci dit, elles ne sont pas là pour ça. Tout est bon pour montrer une nana à poil (il n’y en a pas tant que ça, mais franchement la plupart du temps ce n’est pas justifié).
Filles nues qui s’étirent mises à part, les dessins sont vraiment le point fort de cette BD. On aime ou pas ce style à la fois flou et très détaillé. C’est une explosion permanente d’informations. Les dessins sont, au final, tout ce que je retiendrai sur le long terme.
Cette série m’avait été recommandée chaleureusement par une amie il y a quelques années déjà et je ne l’ai sûrement pas découverte au bon moment. Je suis devenue trop exigeante en matière de scénarios. Les volumes 3 et 4 m’ont terriblement ennuyée, je n’en voyais plus la fin et j’en resterai là de ma balade au bout du monde.


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RVLFC


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dimanche 11 octobre 2015

Le Marchand de Venise

Non, non, je n’ai pas oublié. Cet été j’ai relu la pièce que j’avais choisie, mais la chronique a tardé à venir pour diverses raisons. Il est assez difficile de parler de cette pièce douce-amère et de ce qu’elle représente pour moi.
Dans Le Marchand de Venise s’entrelacent deux intrigues principales. Bassanio veut obtenir la main de la belle Portia que son père, maintenant décédé, a décidé d’offrir à l’homme qui choisirait le bon coffret. Pour tenter sa chance, il a néanmoins besoin de redorer son blason et compte le faire avec la fortune de son bon ami Antonio le marchand, dont la prodigalité est bien connue à Venise. Cependant, les fonds du marchand ont été placés dans les expéditions de ses navires et il est donc contraint d’emprunter à Shylock le juif, usurier local et de loin son pire ennemi. Telle est la seconde intrigue car Shylock a bien des griefs contre Antonio et les amis de celui-ci.
C’est une pièce que de nos jours on considère comme subversive. À l’époque de Shakespeare, l’antisémitisme était malheureusement la norme. Le juif est donc avare, méchant et ridicule. Pourtant, se cache entre les pages la complainte de Shylock, comme si Shakespeare exhortait l’assistance à plus de compassion et à voir au-delà des clichés. Le monologue de Shylock est très connu et je l’aime beaucoup, je le trouve particulièrement poignant. Malgré tout, le cliché doit reprendre bien vite sa place dans la pièce car il n’est pas de bon ton pour l’époque qu’il en soit autrement. Cependant, le message est passé.
L’intérêt de l’autre intrigue se porte essentiellement sur les coffrets et la métaphore qu’ils constituent. J’ai un faible pour leur symbolisme. Mais les amours sont ce qu’elles sont et l’on se rend bien vite compte que, comme le dit l’un des personnages, l’on est plus ardent à la conquête qu’au profit de ses fruits. Les promesses ne valent pas grand-chose et si peu les victoires, même si les apparences sont sauves.
Le Marchand de Venise demeure l’une de mes pièces préférées et je serais curieuse de connaître votre avis sur les sujets qu’elle traite.


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Ophélie - Ernest Hebert

vendredi 2 octobre 2015

Le Chaudron des âmes

Une nouvelle d'Anne Rossi, publiée en numérique dans la collection e-courts de chez Voy’El.


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Dans Le Chaudron des âmes, se mêlent joyeusement légende arthurienne et chœurs angéliques, avec quelques zombis pour corser le brouet.
Cette nouvelle nous emmène en Bretagne, à la (re)découverte d’un combat millénaire entre le bien et le mal, avec à la clé une réflexion sur la vie, l’amour et la mort. Anne Rossi ravaude une trame familière avec des motifs de sa composition et l’alliance des mythologies se fait naturellement, tout en douceur.
Viviane, Arthur, Merlin et Morgane ont connu de nombreuses incarnations littéraires, pourquoi pas de nombreuses incarnations tout court ? J’ai retrouvé avec plaisir ces personnages qui ont marqué mon imaginaire. Anne Rossi leur offre ici une nouvelle aventure à la fois cohérente avec ce que l’on sait d’eux et très personnelle.
J’ai passé un agréable moment avec cette lecture et elle m’a donné l‘envie de me replonger dans le cycle arthurien dès que possible.


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