Affichage des articles dont le libellé est voyages. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est voyages. Afficher tous les articles

mardi 27 juin 2023

Fantomatique road trip

Un roman de Mathilde Payen, publié chez Syros.

Présentation de l'éditeur :

Cet été-là, Ninon et June décident de s'éclipser en douce et de partir toutes les deux sur les routes de France. Leur moyen de locomotion ? Un vieux solex et une petite carriole rafistolée, équipée de quelques provisions, deux sacs de couchage, une seule tenue de rechange pour chacune... Leur objectif ? Profiter de l'instant présent, loin des parents, loin du lycée, en oubliant tout projet d'avenir. Elles ignorent encore qu'un troisième larron sera du voyage : le fantôme d'un adolescent de leur âge décédé dans les années 70, qui va les entraîner bien plus loin que prévu, jusqu'à Londres...

Ninon et June rêvent d’un été de liberté et d’aventures, loin de leurs parents, des interrogations sur leur futur et des contraintes. Alors, sur un coup de tête, elles décident de partir en solex avec pour guide un vieux livre annoté par son précédent propriétaire. Bien sûr, leurs parents ne sont pas au courant de ce projet un peu fou…
Ce récit, tout comme les préoccupations de ses protagonistes, semble intemporel.
Je me suis rappelé les étés pleins de promesses qui semblent s’étirer sans fin mais qu’on sait éphémères… La fin de l’adolescence est un peu pareille : on sait que tout va changer bientôt, c’est là, quelque part, en périphérie de la conscience, mais c’est comme l’été, on ne voit pas la bobine du temps se dévider, on n’a pas l’impression d’en profiter assez.
Je me suis presque tout de suite entichée de ces deux filles avec leurs espoirs et leur culture qui ressemble un peu plus à celle de mon époque qu’à celle qui les a vues naître. Si Ninon, avec son enthousiasmes et sa spontanéité, donne son élan et son énergie à cette histoire, June, elle, lui apporte sa sensibilité artistique. J’étais prête à les suivre dans leur périple, mais comme nous le savons tous : rien ne se passe jamais comme prévu. Un troisième personnage entre dans l’équation et les filles vont devoir s’adapter.
J’ai aimé cette histoire pendant sa première moitié, vraiment, j’étais à fond, que ce soit à propos des vacances freestyle ou même quand on bifurque vers le surnaturel. Cependant, le soufflé est retombé. La dynamique qui se met petit à petit en place entre les membres de ce trio m’a déplu. Les petites mesquineries, la jalousie mal placée et les amourettes à deux balles, très peu pour moi. Je veux bien croire aux fantômes le temps d’une lecture, mais je n’ai pas cru à ces personnages ni à leurs décisions et encore moins à leurs sentiments. Pourtant, tout était réuni pour m’offrir une belle lecture d’été.
June est la narratrice et comme on vit le voyage à travers ses notes et autres réflexions, il est plus facile de l’apprécier que sa camarade. Cependant, même en tâchant de rester objective, j’ai eu de plus en plus de mal à supporter Ninon au fil de la lecture. June a ses défauts, mais Ninon ne pense pas à grand-chose d’autre qu’elle même et fait peu de cas de ses amis. C’est le genre de choses que je ne pardonne pas.
Sur la fin, j’avais juste envie que ça se termine pour passer à autre chose. Triste contraste avec les premiers chapitres que j’ai dévorés dans un élan enthousiaste.
La fin douce-amère m’a un peu réconciliée avec ce roman, mais la magie s’était évaporée depuis trop de pages pour que je sorte de ma lecture avec une bonne impression. C’est dommage. Faites-vous votre propre idée, peut-être que ce roman saura vous séduire davantage que moi.


mercredi 1 décembre 2021

Les dix mille portes de January

Un roman d'Alix E. Harrow, publié chez Hachette dans la collection Heroes.

Présentation de l'éditeur :

Un voyage aux confins des mondes, une aventure fantastique, entre Terremer et À la Croisée des mondes.

Selon January Ruddy, il n’y a qu’une façon de s’échapper de sa propre histoire : c’est de se faufiler dans celle de quelqu’un d’autre…grâce à une des Dix Milles Portes…

Pénétrez, vous aussi, dans le monde magique de l’Ecrit…où certaines paroles tracées ont le pouvoir de modifier le réel, alors que le Mal qui ferme les Portes une à une est sur vos talons…Attention, la magie vient toujours avec un prix…
Tout commence avec une enfant orpheline de mère. C’est toujours comme ça dans les contes et vous trouverez dans ce récit de nombreux clichés tels que celui-ci. Ils sont néanmoins toujours bien employés.. Le père, quant à lui, est absent (bien sûr). Il voyage à travers le monde pour rapporter des objets précieux à un certain M. Locke, dans l’ombre duquel sa fille grandit.
January — tel est le nom de la gamine rêveuse et bien seule qu’il laisse derrière lui — trompe l’ennui en lisant des livres, bercée par la longueur des jours d’attente et contrainte par une éducation stricte qui vise à faire d’elle une « enfant sage qui sait où est sa place ». Tout un programme pour cette enfant à la couleur de peau aussi indéfinissable que ses origines… Elle s’interroge beaucoup, mais ne se rend pas toujours compte qu’elle étouffe auprès de ce protecteur qu’elle aime tant, même après avoir trouvé sa première Porte. Cependant, tout ne peut pas rester figé à jamais et January va devoir choisir entre être une enfant sage ou vivre sa vie.
Qui n’a jamais rêvé à ces passages magiques que nous décrivent les contes et les romans ? Portes magiques, armoires, terriers de lapin et arbres creux ont bercé les rêves d’enfant de chaque lecteur. N’avez-vous jamais eu envie de trouver l’une de ces Portes vers la Féerie ou le Merveilleux ? C’est sur les cordes de tous ces souvenirs que ce roman joue sa mélodie à la fois familière et singulière.
January a soif d’aventure autant que de réponses. Dans ce petit monde policé qui semble se refermer sur elle de plus en plus à mesure qu’elle grandit, les livres sont son oxygène, son unique fenêtre sur l’extérieur, même s’ils lui en donnent une image déformée.
J’ai pris grand plaisir à lire son histoire. January est une jeune fille futée, courageuse et attachante. L’univers dans lequel elle évolue est rapiécé, fruit d’une réalité conventionnelle et des pouvoirs qu’accorde l’imagination à ceux qui en font bon usage.
La narration est construite de manière subtile, assurée en partie par January et complétée par les extraits d’un livre qu’elle a trouvé et dont le rédacteur, tout en lui révélant de nombreux secrets, fait preuve de réticence à tout dévoiler d’un coup. On a beau deviner son identité, comme certains rebondissements à venir, c’est une histoire qui fonctionne avec cette double narration qui génère du suspense, même s’il est artificiel, et évite au lecteur de trouver le récit trop lent. En somme, c’est un bon roman d’aventures qui éveille beaucoup de souvenirs quand on a eu une enfance de lecteur compulsif et beaucoup rêvé de voyages entre les mondes. Les personnages secondaires, alliés comme ennemis, soutiennent bien l’intrigue. J’ai particulièrement aimé Jane et Bad. C’est inventif, très distrayant et bien écrit, une bonne manière d’utiliser les poncifs et motifs qui ont nourri la littérature jeunesse (et adulte quand elle veut bien l’admettre). J’ai passé un excellent moment avec ce roman.

lundi 18 mai 2020

Désaccordée

Un roman de Joanne Richoux, publié chez Gulf Stream éditeur.

Présentation de l'éditeur :
Violette, 17 ans, part en virée avec Maëva, Lucas et Alexis. Direction le château d'eau désaffecté de Saint-Crépin-l’Hermite, un endroit à la sinistre réputation. Quelques heures plus tard, elle ouvre les yeux. Elle est couchée face contre terre, au milieu d’une forêt sauvage. Ceux qu'elle rencontre portent des noms bizarres : Dièse, Trille, Sonate...
Telle Alice tombée de l’autre côté du miroir, la jeune fille aurait-elle atterri dans un univers à part ? Pourquoi tout le monde la confond avec une certaine Princesse Croche, disparue trois ans plus tôt ? Et qui est Arpège, ce garçon casse-cœur qui la dévisage ? Violette le sent, l’envers de ce décor féerique, c’est un danger de mort.
Mais comment retrouver le chemin de la maison ?

Violette a dix-sept ans, elle vit dans un petit village et elle a les problèmes de son âge : une meilleure amie qui est la reine des pestes, un crush pour un gars qui n’est pas aussi sympa qu’elle le croit et des adultes qui la saoulent. Rien de bien méchant. Sauf que son frère a disparu quand elle avait sept ans et que c’est une vieille blessure qui n’a jamais guéri. Alors, après une horrible soirée, elle se cache dans sa chambre. C’est là que les choses vont vraiment mal tourner pour Violette.
Désaccordée est une sorte de conte initiatique au décor fantasque et coloré. Projetée dans un autre monde, Violette doit tout faire pour rentrer chez elle et ce faisant elle va en apprendre davantage sur elle-même, sur sa famille, mais aussi sur le monde des Muses et sa magie.
Le point fort du roman est indubitablement ce monde baroque que l’autrice a beaucoup travaillé. Malheureusement, ce décor fastueux que j’ai adoré parcourir a tendance à écraser un peu le reste. À côté, l’intrigue semble bien creuse. Les amours de Violette passent avant la guerre entre les trois ordres de muses, avant sa quête pour rentrer chez elle et les secrets de sa famille… Tout cela est relégué dans le décor et à peine effleuré au passage. Il y avait pourtant matière, surtout en ce qui concerne les différents ordres et j’aurais vraiment voulu en savoir davantage. Les personnages eux-mêmes sont très peu développés. Les sentiments de Violette, en revanche, sont déclamés jusqu’à la nausée. Le ton affecté de la narration, entre lyrisme qui tombe souvent à plat et phrases lapidaires, n’arrange rien et donne une impression persistante de superficialité.
C’est bien dommage car il y a de l’imagination, de l’originalité et du talent dans la façon dont ce monde a été créé. Le roman aurait gagné à proposer un récit plus construit et surtout plus profond. Il me fait penser à un joli colifichet qui brille beaucoup de loin mais qui se révèle en toc dès qu’on le regarde d’un peu plus près.

mercredi 4 décembre 2013

Le Cycle d'Oz t2

Deux romans de fantasy jeunesse, écrits par Lyman Franck Baum et publiés aux éditions Le Cherche Midi.
*
Le cycle d'Oz tome 2
Pas de présentation de l'éditeur cette fois, à moins que vous ne vouliez un résumé complet de chaque histoire...

*
Tout le monde connaît Le Magicien d’Oz. Même si on ne l’a pas lu, on a forcément vu le film ou un des nombreux dessins animés que cette histoire a inspirés. Outre les adaptations, il y a aussi les nombreux récits qui sont liés de près ou de loin à celui-ci. Le dernier en date que j’ai lu est l’excellent Narcogénèse d’Anne Fakhouri qui n’est pas pour les enfants, mais que je vous conseille chaleureusement. C’est du très bon fantastique.
Enfin, revenons au Magicien d’Oz… Cette histoire, fortement ancrée dans l’imaginaire des américains a aussi sa place dans notre culture, elle fait partie de nos souvenirs d’enfance et de ces références communes qui parlent à tout un chacun. Cependant, la douzaine d’autres histoires du pays d’Oz écrites par L. Franck Baum est par contre beaucoup moins connue dans notre vieille Europe.
La collection dont fait partie cet ouvrage a pour but de nous faire connaître tous ces récits du pays d’Oz et c’est une excellente initiative.
Le premier volume nous présentait une nouvelle traduction du Magicien d’Oz, suivi d’un autre récit : Le merveilleux pays d’Oz. Ce deuxième ouvrage contient lui aussi deux histoires : Ozma du pays d’Oz, suivie de Dorothy et le Magicien au pays d’Oz. Elles peuvent bien sûr se lire indépendamment, mais ont évidemment des liens entre elles.
Le livre en lui-même est très joli et abondamment illustré par Stéphane Levallois, ce qui apporte un plus à cette édition, même si les dessins sont parfois un peu à côté de la plaque. En effet, pour ne citer qu’un exemple, Ozma est blonde et est représentée en brune. C’est un détail, me direz-vous et ces illustrations, souvent dans le style crayonné, sont sympathiques, alors on pardonne volontiers. En outre, le papier est épais et agréable au toucher.
La mise en page n’est pas aussi aérée qu’elle peut l’être en général dans des romans consacrés à la jeunesse, mais je ne trouve pas cela dérangeant. Il est vrai que si vous destinez cet ouvrage à un enfant assez jeune, il pourra se sentir un peu effrayé face à un tel pavé. Si c’est un lecteur aguerri, il en viendra à bout très facilement car le texte est plaisant et fluide, sinon vous pourrez toujours lui faire la lecture, ne serait-ce qu’au début pour éveiller son intérêt. Je pense que ce sont deux histoires à découvrir et particulièrement propice au développement de l’imagination. Elles peuvent séduire des lecteurs de tous âges.

Ozma du Pays d’Oz est un récit vraiment charmant qui a la saveur des contes. Parce que des lecteurs lui avaient expressément demandé de faire se rencontrer Ozma et Dorothy, Baum a imaginé cette histoire dans laquelle la petite fille du Kansas, partie pour l’Australie avec son oncle, se trouve projetée par-dessus bord au cours d’une tempête. Il en faut plus à Dorothy pour se démonter et, accompagnée d’une petite poule jaune au caractère bien trempé, elle va accoster dans une étrange contrée, voisine du pays d’Oz.
Des deux romans, c’est celui-ci que j’ai préféré. Vif, amusant, plein d’idées plus farfelues les unes que les autres, il m’a rappelé beaucoup de textes que j’ai aimés petite, tout en ayant sa personnalité propre.
On y retrouve avec grand plaisir des personnages connus, mais j’ai surtout apprécié la facétieuse poule jaune, prénommée Billina. Ce fut un plaisir à lire, surtout dans la seconde moitié de l’histoire, quand la compagnie est aux prises avec le roi des Nomes.

Dorothy et le Magicien au pays d’Oz est un texte très riche en idées de toutes sortes, mais un rien plus pauvre en ce qui concerne l’intrigue générale.
Dans ce roman-ci, la petite Dorothy est précipitée, attelage compris, dans une fissure à la suite d’un tremblement de terre. Avec Zeb, son « presque » cousin, Jim le cheval, le chaton Euréka et un peu plus tard le Magicien, elle va donc se lancer dans un périlleux voyage afin de retourner à la surface.
L’expédition en elle-même est très agréable à lire, surtout grâce à la découverte des différentes contrées que traversent nos héros. C’est sympathique et imaginatif, les personnages sont toujours aussi plaisants, qu’il s’agisse des nouveaux autant que des anciens, cependant il manque indéniablement quelque chose.
La fin du voyage était, selon moi, assez prévisible et un peu facile. Certes on peut apprécier de retrouver des personnages et le pays d’Oz lui-même, mais je trouve assez dommage que le périple ait pris cette tournure. Les derniers chapitres offrent leur lots de petites histoires et elles sont assez plaisantes, alors si on excepte ce petit revirement cousu de fil blanc, ça reste divertissant et agréable à lire.

Ces deux romans sont globalement de très bonnes lectures, vraiment tous publics. Les enfants en apprécieront le côté rocambolesque et les idées folles qui parsèment le récit, les adultes goûteront plus l’ironie que maniait si bien l’auteur. Qu’on soit d’accord ou non avec ses propos, on ne peut nier qu’il les fait passer avec beaucoup d’humour. Même s’il critique beaucoup de choses, il était très pro-américain, ce qui est plutôt logique étant donné l’époque à laquelle ces romans ont été écrits, mais également un rien misogyne malgré la présence d’héroïnes tout à fait délicieuses et pas pour autant réduites à l’état de potiches. Tout cela est assez paradoxal, mais intéressant à décortiquer.
Le cycle d’Oz m’a pour l’instant convaincue et je vous invite vivement à le découvrir ou redécouvrir, surtout si vous avez des enfants. Cela fera une excellente lecture du soir.
*