jeudi 23 février 2023

Les Disparus du Clairedelune, La Passe-miroir T2

 Un roman de Christelle Dabos, publié chez Gallimard jeunesse.

Mon avis sur le T1.

Présentation de l'éditeur :

Fraîchement promue vice-conteuse, Ophélie découvre à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les plafonds dorés de la Citacielle. Dans cette situation toujours périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son énigmatique fiancé ? Et que signifient les mystérieuses disparitions des personnalités influentes à la cour ? Ophélie se retrouve impliquée malgré elle dans une enquête qui l'entraînera au-delà des illusions du Pôle, au cœur d'une redoutable vérité.

Le premier tome de cette ambitieuse tétralogie m’avait laissé une impression mitigée. Le début m’avait intriguée, les derniers chapitres passionnée, mais le milieu du récit m’avait engluée dans l’attente. Les Fiancés de l’hiver m’avait semblé un long préambule à quelque chose qui, certes promettait d’être grandiose, mais prenait trop son temps à mon goût. Pourtant, cette série mérite bien toute notre patience. Le monde et l’intrigue créés par Christelle Dabos sont complexes et par conséquent s’épanouissent petit à petit. Ce qui peut vous sembler de l’ordre du détail sur le moment sera peut-être important plus tard. Cette lecture à la fois distrayante et exigeante demande de l’implication en plus d’un peu de patience, cependant, elle vous en récompensera amplement.
J’ai adoré Les Disparus du Clairdelune d’un bout à l’autre et j’aurais bien enchaîné avec le tome suivant si je n’avais été raisonnable. Même le léger mysticisme qui enrobe l’intrigue ne m’a pas découragée (ce qui n’est pas peu dire car j’ai ce genre de préoccupations en horreur).
L’arc principal avance beaucoup dans ce tome, surtout dans les derniers chapitres, et je n’en dirai pas un mot pour ne pas spoiler. De toute façon, c’est juste la cerise sur le gâteau tant le récit a de pistes à offrir. Les personnages évoluent de manière notable. Ophélie, bien sûr, reste au centre de l’histoire et après tout ce qu’elle a déjà traversé, elle n’est plus tout à fait la jeune fille timide et effacée qu’elle était sur Anima. J’ai aimé la voir s’affirmer. Ses relations avec son entourage sont de moins en moins superficielles, que ce soit avec Thorn ou avec sa propre famille. Ophélie avait tendance à se contenter de suivre le mouvement, voire à se laisser un peu marcher sur les pieds, cependant les leçons du Pôle ont porté leurs fruits. Ce tome est, de mon point de vue, celui où elle essaie d’acquérir son indépendance par tous les moyens, tout en protégeant les gens qu’elle aime, et je l’ai trouvée très touchante.
On apprend aussi à mieux connaître Thorn, personnage pour lequel j’ai beaucoup d’affection tant il est à la fois complexe et émouvant dernière sa façade glaciale. Christelle Dabos ne verse jamais dans la facilité et je lui en sais gré, ses personnages n’en sont que plus fascinants. J’ai aimé voir Thorn et Ophélie changer au contact l’un de l’autre, les voir considérer le monde d’un regard plus vaste et s’épauler même s’ils ne se comprennent pas toujours. J’ai aimé voir leurs familles respectives évoluer aussi par ricochet et en apprendre davantage sur certains de leurs membres, comme la mère de Thorn ou le grand-oncle adoré d’Ophélie.
Tout cela était passionnant, mais ne constituait en fait que le fond de l’intrigue, le cœur de celle-ci étant l’enquête qu’Ophélie se voit contrainte de mener. J’ai adoré suivre cette enquête, recueillir des indices petit à petit, en apprendre davantage au passage sur les différents pouvoirs familiaux et les autres Arches. Je suis restée rivée à mon bouquin du début à la fin tant je me suis impliquée dans ce récit. Je ressors de ma lecture extrêmement enthousiaste et avide de découvrir la suite.

vendredi 17 février 2023

Attention Spoiler

 Un roman d'Olivia Dade, publié chez Hauteville.


Marcus est beau et il le sait. S’il a pris l’habitude de jouer les abrutis auprès des journalistes, c’est pour qu’on lui fiche la paix. Pourtant, en secret, il écrit des fanfictions sur la série dont il joue l’un des personnages principaux. Afin de préserver l’image qu’il a mis tant de temps à construire, mais aussi selon les termes du contrat qui le lie à la production, il ne faut pas que cela se sache.
April est géologue. Elle écrit aussi des fanfictions, mais elle le cache pour des raisons différentes. Tout d’abord elle craint que cela lui fasse perdre son travail, ensuite elle n’a pas vraiment envie de dévoiler son physique à ses amis du fandom. Elle sépare donc ses deux vies avec application. Jusqu’au jour où elle décide qu’elle en a assez de se cacher et que ce n’est qu’une étape avant de, peut-être, pouvoir se rapprocher du gars avec qui elle échange sur le forum depuis longtemps et pour qui elle a le béguin.
Attention Spoiler est une romance sympathique qui se lit toute seule. Les personnages diffèrent de ceux que l’on rencontre habituellement dans ce type de romans et c’est appréciable. Marcus est un gars plutôt gentil et qui, pour un acteur, manque cruellement d’assurance. April est ronde et bien décidée à ce qu’on l’accepte comme elle est. Et quand je dis ronde, ce n’est pas juste une fille qui fait du 42 et qui en fait tout un drame, elle est obèse et elle a décidé que ça n’allait pas l’empêcher de vivre. En outre, elle ne maigrira pas d’un coup en trouvant le grand amour comme on veut souvent nous le faire croire dans les comédies romantiques. Pour couronner le tout, elle n’écrit pas des fanfics parce qu’elle n’a pas de vie, mais parce qu’elle aime ça. Elle adore son boulot, elle a de chouettes amis, dans sa vie l’amour serait juste la cerise sur le cupcake. Pour tout cela, ce n’est pas le genre de personnage qu’on croise tous les jours dans des romances et j’ai beaucoup aimé April.
À côté, Marcus est un peu fade. J’aurais voulu l’apprécier davantage parce que les personnages masculins dans les romances sont souvent toxiques et que ce n’est pas son cas, même s’il est très loin d’être parfait. Comment vous expliquer le problème ? Si vous regardez South Park c’est simple : Marcus est un clone de Principal PC. Et sinon… Je ne voudrais pas faire passer ce personnage pour plus niais qu’il n’est, mais c’est compliqué d’apprécier Marcus alors qu’il a de nombreuses qualités. Il n’est pas bête, cependant ce n’est pas non plus le couteau le plus affûté du tiroir et surtout il est politiquement correct en tout et tout le temps, même dans les moments les plus incongrus. C’est ennuyeux à la longue.
Marcus cache ses failles derrière son personnage public, il joue le rôle de celui qu’il appelle « le golden retriever bien propret » et en fait je n’ai pas vu grande différence avec l’homme qu’il est en réalité, si ce n’est qu’il est moins superficiel en vrai. C’est un bon gros toutou en adoration devant sa maîtresse. J’aurais aimé apprécier ce personnage, atypique en romance, mais il est trop complaisant. Ses rares défauts, ses faiblesses et ses petites lâchetés ne le rendent pas vraiment plus attachant.
April et Marcus ont tous deux des problèmes de confiance et une mauvaise image d’eux-mêmes, en grande partie à cause de leurs parents, et le parallèle entre leurs deux histoires est intéressant. C’est ce qui donne de la profondeur à leurs personnages ainsi que ce qui leur permet de trouver leur équilibre en tant que couple.
Ils sont mignons tous les deux et j’ai passé un moment plutôt agréable avec eux. Cependant je ne peux pas dire que c’est un roman inoubliable. Il n’est pas toujours bien écrit (ou bien traduit) et il souffre de quelques longueurs dues à des répétions.
Le récit est jalonné de résumés de fics ou de pitch de scénarios, de messages privés et autres petits textes qui le complètent bien. C’était une bonne idée et c’est plutôt amusant.
L’autrice a beaucoup d’humour et d’idées saugrenues, peut-être même trop. Les extraits de scénarios sont assez drôles, mais c’est à se dire que Marcus n’a joué que dans des bouses et je veux bien croire que certaines seraient tout à fait vendables, vu la médiocrité de ce qui passe parfois à l’heure actuelle.
Quant à la série qui a fait toute la gloire de notre personnage… Toute ressemblance avec Game of Thrones est pleinement assumée, toutefois si les références vous laissent de marbre, cela n’affectera pas votre lecture. De même, ladite série est aussi inspirée de l’Énéide, mais cela n’a pas grande incidence (et manque de finesse à mon goût d’amatrice de mythologie, bien que j’admette qu’on n’est pas là pour ça).
En tant que lectrice de fanfictions, j’ai apprécié de me retrouver dans ce petit monde que je connais si bien et je dois dire qu’Olivia Dade le décrit de manière très réaliste. Globalement c’est un microcosme plutôt sympa où les gens sont juste de grands gamins qui jouent avec des figurines et se lâchent souvent sans se prendre trop au sérieux, mais il y a aussi pas mal de poussière sous le tapis. Olivia Dade aborde par exemple la grossophobie, dans la vie de tous les jours bien sûr, mais aussi dans le fandom. Parce qu’il faut bien le reconnaître : elle y est présente, c’est même un ressort scénaristique facile pour rendre un personnage détestable au premier coup d’œil ou faire de l’humour à peu de frais. Et cela n’est pas propre à la fanfiction en particulier mais à la fiction en général.
Je me souviens avoir lu une fic il y a des années, vraiment chouette au début, bien écrite, intéressante. Et puis une blague merdique. Bon, on se dit que c’est un cas isolé, une maladresse, et on continue. Une autre blague moisie et encore une autre. Et puis un peu de transphobie en passant parce que l’autrice trouvait ça hilarant. C’est inacceptable. Sans chercher à devenir comme Marcus et Principal PC, il est bon de lutter contre des comportements inappropriés et des préjugés stupides qui pourrissent la vie des gens jusque dans leurs loisirs. Oui l’obésité est un problème de santé sérieux, non ce n’est pas en humiliant les gens qu’il sera réglé.
Olivia Dade aborde aussi des problèmes tels que la dyslexie et l’hyperactivité. Cela fait du bien de voir ces sujets traités dans un roman, parce que ça fait partie de la vie et que ça touche beaucoup de gens mais qu’on en trouve peu de représentations dans les médias, ou en tout cas pas de manière aussi naturelle.
Ce roman est le premier de ce qui est une trilogie (pour le moment). Les volumes suivants mettent en scène d’autres couples parmi les personnages secondaires. Le deuxième tome porte sur Alex, le meilleur ami de Marcus, et Lauren l’assistante qui lui sert de baby-sitter. Je ne sais pas si je lirai ce volume, je n’ai pas particulièrement apprécié la personnalité d’Alex et on sait peu de choses sur Lauren, mais je me laisserai peut-être tenter si j’ai envie d’une lecture drôle et sans prise de tête.

mardi 14 février 2023

Meurtres et tarte au citron meringuée - Les enquêtes d'Hannah Swensen T4

Un roman de Joanne Fluke, publié chez Le Cherche Midi pour la version papier et Audible pour la version audio. Celle-ci est lue par Flora Brunier.

Chroniques des tomes précédents :

Présentation de l'éditeur : 
Du sucre, de la bonne humeur, et un zeste de mystère... 
Ravis de célébrer le 4 Juillet, jour de l'Indépendance, les habitants de Lake Eden se préparent à faire la fête. Mais au Cookie Jar, la boutique de gâteaux d'Hannah Swensen, l'ambiance n'est pas vraiment au beau fixe. Hannah doit se mettre au régime, son chat lui en fait voir de toutes les couleurs et Norman, son prétendant, s'apprête à acheter une maison pour qu'ils s'y installent ensemble. Ce qui, pour elle, est un peu prématuré. Mais ce quotidien un peu morose va voler en éclats lors de la visite de cette maison. Au milieu des meubles anciens, notre héroïne et sa mère découvrent en effet le corps de la propriétaire, Rhonda Scharf. Et les restes d'un dîner pour deux, avec l'une des fameuses tartes au citron meringuées de chez Hannah. Qui était donc ce mystérieux visiteur, client du Cookie Jar, qui a disparu en laissant un cadavre derrière lui ? Tout le monde déconseille à la jeune femme de s'en mêler. Mais on connaît maintenant Hannah. Comment résister à une nouvelle enquête, surtout si elle commence dans sa propre boutique ?

Avec plus de six millions d'exemplaires vendus dans le monde, les aventures d'Hannah sont devenues un véritable phénomène. Autant vous prévenir tout de suite : ce nouvel ouvrage est hautement addictif. Tout autant que les recettes sucrées du Cookie Jar inclues dans ses pages !
Rien ne va plus à Lake Eden, un cadavre a été trouvé dans la maison que Norman vient d’acheter et ça va retarder les travaux, c’est terrible ! (Hannah et moi on a des priorités différentes faut croire…) Et, autre drame, Hannah doit perdre du poids sous peine de ne jamais trouver un mari. Pour oublier le chocolat, rien de mieux qu’enquêter sur un meurtre !
Je pensais qu’Hannah et moi avions trouvé un terrain d’entente, mais c’était avant d’entamer ce tome qui m’a tapé sur les nerfs d’un bout à l’autre.
Je veux bien passer outre les passages quasiment copiés/collés d’un roman à l’autre, même si honnêtement la routine matinale d’Hannah me gave et que, c’est bon, au bout de quatre tomes j’ai bien compris que son chat essaie par tous les moyens d’ouvrir le placard où sont rangées les croquettes, je n’ai plus besoin qu’on me le répète et je m’en fous. Ceci dit je note un effort de l’autrice cette fois car elle a décidé de troller Hannah lors du traditionnel appel qui l’empêche de partir au boulot et c’est plutôt amusant.
En revanche, j’ai eu beaucoup de mal à supporter les préjugés d’Hannah sur les tatouages, les filles qui s’habillent de façon légère et tant d’autres choses qui ne la regardent pas. Même quand elle pense soutenir sa jeune sœur, elle montre juste que son esprit est étriqué. Si tu penses « couple mixte », Hannah, c’est que tu n’es pas encore arrivée à bon port… Un couple est un couple, c’est tout, peu importe l’origine ou le genre des personnes qui le composent. Et je ne m’appesantirai qu’à peine sur sa critique constante de ce qu’elle appelle le « politiquement correct » qui fleure bon la boomer attitude. Ce roman a été publié dans sa version originale au cours des années 2000 et est censé se passer à cette époque. Pourtant, on dirait qu’il se déroule dans les années cinquante si on exclut les références, peu nombreuses, aux téléphones portables et aux ordinateurs. Joanne Fluke a le double de l’âge de son personnage et nous le fait bien sentir.
Ajoutons à cela que je suis assez perplexe face aux réflexions d’Hannah sur sa vie amoureuse. Un de ses prétendants construit une maison et elle a peur qu’il la demande en mariage (ce qui ne risque pas d’arriver vu qu’elle n’entretient pas de relation sérieuse avec lui) et quand il ne le fait pas, elle est déçue et… se met au régime. Elle a constaté qu’un de ses pantalons ne lui va plus, donc l’absence de demande en mariage ne peut venir que de cela. Quant à l’autre prétendant, elle oublie systématiquement qu’il se comporte comme un homme des cavernes juste parce qu’il lui fait mouiller sa culotte. Il est vraiment très condescendant et dirigiste, en plus il se permet des crises de jalousie régulièrement alors qu’il l’a prévenue qu’ayant perdu sa femme il ne veut pas de relation sérieuse. Dans le genre masculinité toxique, on ne fait pas mieux, mais apparemment dans le Minnesota, ça s’appelle être viril. C’est déplorable. Et on passe plus de temps à subir ces simagrées, et à glaner des astuces pour être une bonne femme au foyer (le recyclage des pots de confiture c’est important et on a attendu Hannah Swensen pour le savoir), qu’à mener l’enquête.
Parlons-en d’ailleurs de cette enquête… Le hasard, les zones d’ombres, les raccourcis défoncés et les facilités de toutes sortes n’ont jamais été aussi présents que dans ce tome. De surcroît Hannah est toujours aussi lente à la détente et l’autrice ne s’embête même plus à esquisser un semblant de fausse piste. On va droit vers le tueur, mais on ne sait toujours pas ce qu’il faisait là au même moment que sa victime. Je comprends bien qu’on lit ce genre de roman pour se détendre, mais un peu de substance, même dans les arcs secondaires et même si Joanne Fluke et moi n’avons clairement pas les mêmes opinions (c’est son droit), ça ne ferait pas de mal.
Ce tome est celui qui m’a le moins convaincue jusqu’à présent. Je vais faire une pause, probablement très longue.

mercredi 8 février 2023

Quand fainéantise rime avec magie, Ivy Wilde 1

Un roman d'Helen Harper, en version audio chez Hardigan.


Ivy est une sorcière, mais dans les faits ça ne sert qu’à lui simplifier la vie. Elle est chauffeur de taxi, parce qu’il faut bien manger et que ça lui permet de rester assise toute la journée. Elle n’aime rien tant que se la couler douce, travailler le minimum vital et rentrer chez elle pour s’étaler sur son canapé et regarder la télé. Enfin, si son tyran domestique, Brutus le chat parlant, consent à la laisser en paix.
Dans l’ensemble, Ivy s’en sort plutôt bien, jusqu’au jour où elle se trouve embringuée dans une enquête pour le Saint Ordre des Lumières Magiques (oui, c’est vraiment son nom…) parce qu’elle a bêtement accepté de rendre service à une voisine, elle aussi sorcière. Or, Ivy déteste l’Ordre par-dessus tout. Elle s’en est fait virer quand elle était encore néophyte...
Quelle lecture (audiolecture en fait) amusante ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas autant apprécié de la fantasy urbaine. L’histoire en soi est sympathique, mais la vraie réussite de ce roman tient dans la personnalité des protagonistes. Ivy est flemmarde et insolente. Elle aime bien jouer les crétines, parce que ça lui facilite la vie, toutefois elle est brillante. On s’en rend compte tout de suite et c’est rafraîchissant de suivre une telle narratrice, qui comprend tout très vite et sait relier les faits entre eux, alors que dans ce type de romans on nous a plus habitués à des abruties qui se laissent porter par des enquêtes qui se résolvent toutes seules et qui ont toujours besoin qu’on sauve leurs miches. 
J’ai adoré Ivy, néanmoins son partenaire n’est pas en reste. Winter est le genre de gars très à cheval sur les règles et le protocole qui a, de prime abord, l’air d’avoir avalé un parapluie. C’est un bourreau de travail, très attaché à l’Ordre, et il prend son devoir au sérieux, c’est le moins qu’on puisse dire. Pourtant, on se rend compte au fil du roman qu’il a aussi de l’humour et beaucoup de charme, en outre, il est intègre et ne suit pas les directives si aveuglement que ça. L’autrice a su faire de lui un personnage séduisant et pas l’un des bourrins qu’on trouve d’ordinaire en urban. J’ai apprécié de voir Ivy et lui flirter innocemment en arrière-plan, car l’important ici c’est l’enquête, pas une éventuelle histoire d’amour.
Le monde que nous décrit l’autrice n’est pas très original en soi. C’est le nôtre, avec la magie et une organisation de sorciers en plus, cependant ça fonctionne bien. L’Ordre a les défauts et les qualités auxquels on peut s’attendre : ses membres font beaucoup de bien, mais sont aussi très ambitieux et parfois corrompus. Ivy en a elle-même fait les frais.
La façon dont la magie fonctionne n‘est pas très complexe. On l’a ou pas. Les sorciers utilisent les plantes ou les runes (pas l’alphabet runique mais des mouvements de mains qui produisent l’effet désiré) et une forme de lecture d’oracle dans le comportement des animaux. Ils sont de fait très superstitieux et détestent les chats noirs, ce qui m’a énervée. Vous me direz que c’est sans importance, mais cette superstition débile fait beaucoup de mal à ces chats de par le monde et tout ce qui peut la promouvoir, même aussi innocemment que le fait ce roman, est malsain.
Bref, cela mis à part, j’ai beaucoup apprécié mon audiolecture. Si on excepte le fait qu’elle prononce Ivy à la française et que ça sonne bizarre à mon oreille, la lectrice est particulièrement expressive et agréable à écouter. Elle fait un excellent boulot et rend le personnage encore plus vivant et sympathique qu’il ne l’est déjà.
Maintenant je dois faire face un dilemme : soit je lis la suite immédiatement sur ma liseuse, ce dont j’ai très envie, soit j’attends la sortie de la version audio du deuxième tome.

lundi 6 février 2023

Ella la Promise - Witch and God T1

Un roman de Liv Stone, en version audio chez Audiolib.

Présentation de l'éditeur :

Ella est une jeune sorcière sans dons, enjouée et pétillante, vivant tranquillement dans le monde des humains, où elle suit des cours à l’Université de Springfall. Cette année encore, elle va assister aux côtés de ses deux puissantes sœurs à la fête de la communauté des sorcières. Mais cette édition est particulière  : les sorcières et les dieux ont décidé de faire cesser le conflit qui perdure entre eux depuis des décennies. Pour sceller cette paix, ils organisent un mariage entre un représentant de chaque communauté.
Ella est outrée d’apprendre que sa sœur Méroé est la sorcière désignée pour cette union, et encore plus lorsque le maître des dieux, Zeus, présente le futur marié  : son petit-fils Deimos, dieu de la Terreur. Froid et arrogant, ce dernier a la forme terrible et noire de la nuit. Ella ne peut pas y croire : hors de question que sa sœur épouse l’incarnation même de la Terreur  !
Mais Deimos bouleverse les négociations en refusant la fiancée qui lui est imposée. Il désigne lui-même la promise qu’il a choisie  : la sorcière sans dons auquel personne ne s’attendait, Ella.

N’étant pas une lectrice férue de romance, c’est pour son aspect mythologique que j’ai choisi ce roman. Il faut bien dire que sans cela, il ne semble pas très attractif au départ. Une jeune femme mise à l’écart de sa communauté car née sans magie, un homme qui cache sa sensibilité derrière un comportement un peu rude, un mariage arrangé entre deux personnes qui collectionnent les a priori envers l’autre, c’est plus que rebattu. Pourtant, cela peut fonctionner si le contexte apporte un peu d’originalité et c’est le cas ici.
Bon, la romance en elle-même n’est pas transcendante non plus. Toutefois elle a son charme et au fur et à mesure que l’on apprend à connaître les personnages, on se laisse émouvoir par leurs failles et maladresses. On a envie de les voir heureux ensemble et c’est le principal. De surcroît, j’applaudis l’autrice pour avoir créé un personnage masculin qui, bien qu’ayant son petit caractère, ne se comporte pas comme un gros bourrin.
Deimos est un dieu grincheux, mais respectueux, et s’il semble dirigiste parfois c’est davantage parce qu’il se sent dépassé par les événements que par manie du contrôle. Ella est pour sa part une gentille fille, peut-être trop d’ailleurs. Elle est écrasante de bienveillance au point que j’aurais dû la détester. Cela a d’ailleurs été le cas pendant un moment. Cependant, j’ai fini par la trouver émouvante.
Si le début du roman m’a emballée parce que j’en ai aimé l’ambiance, je me suis ensuite sentie engluée dans l’attente. Ella est en quelque sorte arrachée à sa vie d’humaine et on arrive avec elle dans un univers beaucoup plus cloisonné. C’est assez logique, il faut bien que les jeunes mariés puissent nouer des liens. Mais j’avais du mal avec Ella. Le manque d’action et le fait que la jeune femme soit la narratrice, assujettissant donc notre perception des événements à la sienne, m’a un peu plombé. Elle est beaucoup trop gentille pour son propre bien. Et puis la meuf traite son ficus comme si c’était un animal. Je veux bien qu’on aime les plantes et qu’on leur parle, mais de là installer ledit ficus, prénommé Norbert, sur le canapé pour regarder une série avec lui… faut vraiment être au comble de la solitude. Bon, je me moque, mais ça lui donne un côté charmant. J’ai un faible pour les bizarreries, elles rendent les personnages plus humains.
J’apprécie aussi beaucoup la relation qu’Ella entretient avec ses sœurs. Elle a des accents de sincérité qui la rendent crédible. Malgré leurs différences et leurs choix malheureux, on sent qu’elles s’aiment énormément.
Ella n’est pas si cruche qu’on pourrait le croire, c’est plus difficile d’être bienveillant et résilient que de se laisser  porter par des envies de vengeance, et elle est secondée par des personnages très intéressants. En outre, la façon dont l’autrice incorpore la mythologie à son histoire m’a convaincue. Ce n’est pas juste un prétexte pour ajouter un peu de couleur à son histoire, elle en fait un véritable usage et montre qu’elle connaît bien le sujet. Elle ne s’en tient pas aux lieux communs. Je me suis beaucoup intéressée moi-même à diverses mythologies par le passé et c’est un vrai plaisir de voir des références aussi fines et pas seulement les dieux les plus connus parmi les personnages. Liv Stone a très bien construit son univers et cela donne vraiment envie d’en suivre le développement. D’autant que le twist final est très prometteur.
J’ai omis de préciser qu’il s’agit d’une trilogie, les deux tomes suivants étant consacrés aux sœurs d’Ella dont on connaît assez peu la personnalité à la fin de ce premier volume. J’espère donc avoir des surprises.
J’ai découvert ce roman dans sa version audio, lue par Charlotte Campana que j’avais déjà pu apprécier dans une autre audiolecture. J’espère découvrir la suite dans le même format.
En tout cas, j’ai passé un très bon moment avec ce premier tome.