vendredi 31 janvier 2020

Une Sirène à Paris

Un roman de Mathias Malzieu, lu par l'auteur pour Audiolib.

Présentation de l'éditeur :
Nous sommes en juin 2016, la Seine est en crue. De nombreuses disparitions sont signalées sur les quais. Attiré par un chant aussi étrange que beau, Gaspard Snow découvre le corps d’une sirène blessée, inanimée sous un pont de Paris. Il décide de la ramener chez lui pour la soigner, mais tout ne se passe pas comme prévu. La sirène explique à Gaspard que les hommes qui entendent sa voix tombent si intensément amoureux d’elle qu’ils en meurent tous en moins de trois jours. Quant à elle, il lui sera impossible de survivre longtemps loin de son élément naturel…
À travers ce conte moderne, Mathias Malzieu questionne l’engagement poétique et le pouvoir de l’imagination dans une époque troublée. Ce livre est une déclaration d’amour à l’amour, au panache, à l’épique, à la camaraderie et à la surprise.
L'enregistrement est accompagné d'improvisations musicales interprétées par Mathias Malzieu.
Cela commence comme un conte. Gaspard, sorte de Peter Pan bipolaire qui vit dans ses rêves et souvenirs, trouve une sirène blessée sur les quais et se met en tête de la soigner. Le Merveilleux surgit comme ça, pffft, dans le quotidien de ce rêveur invétéré qui en sourcille à peine. Gaspard est surprisier, voyez-vous, un enchanteur qui secoue la réalité pour en chasser la poussière. Il ressent tout intensément et pourtant ne sait plus aimer.
Mais les sirènes ne sont-elles pas réputées perdre les marins qu’elles envoûtent ? Celle-ci ne fait pas exception à la règle. Pragmatique et intelligente, elle va pourtant semer une indescriptible pagaille.
J’aime les histoires dans lesquelles le fantasque et le merveilleux contaminent soudain la réalité. Et la personnalité de la sirène, Lula, qui se révèle à mesure qu’elle se laisse apprivoiser par la gentillesse maladroite de Gaspard, m’a plu. Lui en revanche… Personnage émouvant, c’est certain, il n’en est pas moins difficile à supporter parfois et cela vaut tout autant pour le récit lui-même qui possède les qualités et défauts de ce personnage. Il est à la fois attachant et agaçant.
J’ai aimé l’univers de Gaspard, les souvenirs de sa grand-mère, la péniche… Je m’y suis volontiers promenée. Mais toute l’intrigue secondaire avec Milena et les atermoiements de Gaspard m’ont un peu ennuyée.
L’auteur a le goût des belles phrases et des images, de la poésie et de l’excès. En cela, récit et personnages s’accordent parfaitement. C’est un style qu’on aime ou pas et je l’aurais aimé si je n’avais parfois ressenti un certain malaise. Gaspard et moi, on n’a pas la même notion de l’amour et de la séduction. Il évolue, ce qui est une bonne chose dans son cas, mais m’a laissé une impression désagréable.
J’ai oscillé au cours de cette écoute, entre les passages où j’appréciais qu’on me raconte une histoire et ceux qui me semblaient tellement longs… Les jolis jeux de mots et les belles phrases ça va un moment, mais écrire pour accumuler les effets de style, ça ne nourrit pas une histoire, c’est plus de l’ordre de la coquetterie. Je crois que si je l’avais lu, plutôt qu’écouté, j’aurais eu du mal à venir à bout de ce roman pourtant très court. Et c’est dommage, parce qu’il y a dans cette histoire un certain éclat et qu’un peu de réenchantement ne fait jamais de mal.

jeudi 30 janvier 2020

Le Bon Gros Géant

Un livre de Roald Dahl, publié chez Gallimard.


Comme beaucoup d’enfants des années 80, j’ai grandi avec les livres de Roald Dahl. Ils ont forgé mon imaginaire et m’ont donné le goût de cette magie un peu absurde qui surgit dans un claquement de doigts et contamine la réalité avec sa dinguerie.
Pour le Challenge madeleine de Proust, j’ai eu envie de relire un de ces livres et j’étais à deux doigts de choisir Matilda, qui est probablement mon préféré. Mais je me suis dit que ma dernière lecture de Matilda n’est pas si ancienne et que je devrais plonger plus loin dans mes souvenirs. C’est ainsi que j’ai opté pour Le Bon Gros Géant.
Ce livre étant un classique de la littérature jeunesse, je suppose que vous le connaissez, mais au cas où vous auriez un doute, c’est l’histoire d’un gentil géant — sans blague ! — et d’une petite orpheline appelée Sophie qui deviennent amis et décident de mettre hors d’état de nuire de méchants géants qui mangent les êtres humains.
Ce livre vaut plus par son univers que par son histoire elle-même. Roald Dahl en a écrits de bien plus complexes d’un point de vu émotionnel et scénaristique. Mais c’est un récit amusant qui n’a pas trop vieilli. J’aime beaucoup le fait que son géant soit un souffleur de rêves et cela a profondément marqué mon imaginaire. Ce personnage fantasque, ses embrouillaminis langagiers et ses rêves en bocaux sont très attachants. Pour moi, un cauchemar est resté un troglopompe et quand j’y pense je revois encore l’illustration qu’il y avait dans mon livre… J’en ai gardé le goût des mots emmêlés et autres jeux de langage qui ont sans doute été renforcés par certaines autres de mes lectures d’enfance.


Réécouter cette histoire, c’est un peu comme déguster un plat préparé par sa grand-mère. C’est familier et toujours délicieux. J’ai eu envie de l’écouter plutôt que la lire (ce qui m’a permis de tricoter le cadeau d’anniversaire de ma mère qui est déjà bien en retard, mais vous vous en fichez). 
Il y a une version audio, sortie en 2018, mais qui est sans doute une réédition. Je ne suis pas sûre, j’en avais d’autres quand j’étais petite, mais pas celle-ci.
J’ai opté pour la version dématérialisée et ai été très désappointée de voir que malgré ce qu’annonçait la présentation, elle avait été abrégée. C’est bizarre comme on se rappelle parfois de choses pourtant si anciennes. Ma dernière lecture de ce roman doit bien dater d’une trentaine d’années, mais je me suis étonnée de l’absence d’une scène dont je me souvenais fort bien. Alors j’ai vérifié dans le livre et je ne l’avais pas imaginée. Je suppose que c’est pour faire tenir le tout sur deux CD, soit deux fois soixante-quatorze minutes. Je trouve toutefois fort dommage de couper une histoire si courte, d’autant plus quand on annonce une version intégrale. Je ne conseille donc pas cet audiolivre.
Néanmoins, c’est indéniablement une histoire à faire découvrir.


mardi 28 janvier 2020

Binti

Un roman de Nnedi Okorafor, publié chez ActuSF dans la collection Naos.

Présentation de l'éditeur :
Maîtresse harmonisatrice du peuple Himba, Binti est vouée à reprendre la boutique d'astrolabes de son père... Mais l’incroyable don pour les mathématiques de l'adolescente lui ouvre les portes de la prestigieuse université interplanétaire Oomza.
Binti embarque sur le Troisième Poisson à l'insu de sa famille. Mais au cours du trajet, les Méduses, ennemies millénaires des humains, abordent le vaisseau pour en massacrer les passagers. Commence alors pour Binti un combat pour sa survie et celle de ceux qui lui sont chers.
Après son roman post-apo coup de poing Qui a peur de la mort ?, Nnedi Okorafor revient avec Binti, un space opera qui a remporté le prix Hugo et le prix Nebula de le meilleure novella.
Cet ouvrage regroupe les deux premiers tomes de ce qui est en fait une trilogie. C’est une bonne chose car cela se lit très vite. Je l’ai terminé en un week-end et je ne suis habituellement pas une lectrice rapide. Il faut dire que l’histoire est prenante.
Binti est un roman initiatique typique dans lequel une jeune femme décidé de quitter sa famille et de forger sa propre destinée sans pour autant rejeter ce qui fait son identité. Et c’est bien ce dernier point qui fait toute la richesse du personnage. Binti ne souhaite pas devenir autre, seulement aller un peu plus vers elle-même. Le poids des traditions et de son histoire familiale pèse toujours sur elle, mais elle l’embrasse plutôt que de le subir. Elle l’emporte avec elle plutôt que de le fuir, pour exprimer sa singularité et trouve sa vraie place dans le monde. On se découvre face à l’altérité ; on s’enrichit des différences.
Néanmoins, l’apprentissage de Binti est loin de se faire dans la douceur. Au-delà du fait d’être incomprise — et jugée — par les siens, elle est aussi victime d’une tragédie qui va la changer. Binti n’a pas choisi la demi-mesure, c’est dans l’espace qu’elle s’exile, pour rejoindre une planète université où son génie pourra s’épanouir, mais des dangers qu’elle n’imaginait pas la guettent et, même parmi les érudits, la tolérance ne va pas toujours de soi.
Ainsi, ce roman aborde des thèmes importants comme le racisme, l’émancipation, les choix — ou non-choix — qui sont imposés dans l’adversité et la difficulté de se construire quand tant d’attentes pèsent sur soi.
J’ai moins aimé la deuxième partie, principalement parce que j’y ai trouvé Binti vraiment agaçante par moment. Elle est encore sous le choc de son traumatisme, ce qui est compréhensible, mais je la trouve surtout incohérente. Une personne qui a brisé tant de règles devrait être plus tolérante, une femme si intelligente devrait voir certaines choses venir. En revanche, le voyage initiatique qu’elle entame et son cheminement intérieur vers la guérison sont passionnants.
En outre, le cliffhanger sur lequel se clôt cette partie de l’histoire est insoutenable ! Ne pas pouvoir enchaîner avec la suite est une torture.
La collection Naos ne me déçoit jamais. Ses ouvrages sortent toujours des sentiers battus. La grande diversité des récits, des thèmes et même des personnages qu’elle propose la rend accessible et intéressante pour tous.

lundi 27 janvier 2020

Chroniques Verticales - Saison 2, épisode 2

Un feuilleton de Laurent Copet, publié chez Realities Inc.



Ne lisez pas cet avis si vous n’avez pas lu les épisodes précédents.

Comme on pouvait s’y attendre, le clan s’enlise dans les difficultés. Le désespoir guette les personnages, même si pour la plupart cela n’en est encore qu’à la résignation. L’ascension est rendue plus difficile par le remaniement des cordées et la zone que celles-ci doivent traverser. Chaque étincelle de révolte est aussitôt étouffée par Lost Arrow et ses sbires. Les pertes humaines ne semblent pas les émouvoir.
Cet épisode revient sur Salto Angel et son désespoir grandissant, mais il nous montre également la résistance muette de Chilam Balam. J’aime beaucoup ce personnage, véritable source d’inspiration, autant pour le clan que le lecteur. Quels que soient les malheurs qui la touchent, elle résiste toujours.
Ce chapitre nous donne aussi l’occasion d’entrer dans la tête de Lost Arrow, de découvrir ses failles et ses doutes, mais aussi ses pulsions meurtrières. Cela apporte une autre dimension à ce personnage torturé et indéniablement fou.
La vie sur la falaise est cruelle — elle se montre ici dans toute son horreur — et les ambitions des uns font le malheur des autres. Mon sentiment de révolte face à tous ces événements est encore plus fort à la fin de cet épisode que pour le précédent, ce qui n’est pas peu dire. Je brûle de savoir où mèneront les manigances du Chiffreur.

vendredi 24 janvier 2020

Chat, c’est Paris


Chat, c’est Paris est un dessin animé sorti en 1962. Le scénario a été écrit par Chuck Jones et Dorothy Webster (qui sur la page Wikipédia du long métrage est juste présentée comme « la femme de Chuck Jones ». Ce n’est pas comme si elle avait besoin d’être nommée…)
J’ai vu ce dessin animé quand j’étais toute petite. Dans mon souvenir les chansons étaient en français, mais est-il fiable ? Apparemment pas puisque la première version diffusée en France, alors que je n’étais pas encore née, était en version originale sous-titrée et que la seconde, diffusée dans les années 80, était certes en version française mais, si l’on en croit internet, les chansons sont restées en V.O. Ce qui au final est assez logique, puisque le film s’appuie largement sur le fait que Judy Garland prête sa voix à Mewsette.
Malgré ce grand nom — Judy Garland était très populaire à l’époque — le dessin animé n’a pas eu grand succès. C’est plutôt dommage car il avait tout pour devenir un classique. Et je le trouve assez ambitieux dans certains choix graphiques.
C’est l’histoire d’une chatte blanche, Mewsette, qui vit en Provence, mais s’y ennuie. Elle est très jolie et aspire à une vie de luxe. Ses camarades lui semblent trop frustes. Alors quand la sœur de sa maîtresse vient en visite et commence à vanter les avantages de la grande ville, Mewsette est séduite et décide de la suivre pour Paris. Bien entendu, il va lui arriver de nombreuses mésaventures, dont une très mauvaise rencontre. Mais son amoureux, Jaune Tom, compte bien la retrouver.
L’histoire est classique, assez typique de son époque, mais sympathique. Elle ne se prend pas au sérieux et Mewsette, toute naïve et coquette qu’elle soit, finit quand même par montrer qu’elle a de la ressource. Bon, il faut quand même un mâle pour la sauver, n’en demandons pas trop… Et puis Jaune Tom a le mérite de ne pas être parfait.
C’est typiquement le genre de film qui tentait de concurrencer Disney, d‘où les chansons. Pour autant, elles ne sont pas aussi envahissantes que chez Disney, mais peut-être n’est-ce que mon impression. En outre, c’est un genre d’animation très différent des Disney de l’époque. Les décors sont très picturaux. Cela peut paraître enfantin, mais c’est au contraire mûrement réfléchi et travaillé, l’on y trouve de nombreuses références à la peinture. C’est parfois évident, d’autres moins. Certaines scènes sont aussi résolument psychédéliques, d’autres cartoonesques. Cela donne un ensemble très coloré qui me plaît beaucoup.
Les personnages secondaires apportent du sel à une histoire qui serait un peu fade sans eux. J’aime beaucoup le chaton Robespierre qui, bien que bagarreur, reste un chaton enthousiaste. Et puis il y a les chats noirs, sous-fifres du méchant Meowrice, dont j’adore le design.
Chuck Jones, longtemps employé par la Warner, a participé activement à la création des Looney Tunes et on voit d’ailleurs dans ce dessin animé de nombreuses références aux cartoons, notamment quand Jaune Tom chasse les souris ou dans la grande scène de bagarre. Cela apporte une diversité de styles bienvenue à l’ensemble.
Évidemment on trouvera sans doute que ce dessin animé a vieilli, mais de mon point de vue il dégage un charme indéniable et il gagnerait à être plus connu. En tout cas, j’ai été ravie de pouvoir le revoir.


jeudi 23 janvier 2020

Dernières nouvelles d’Œsthrénie

Un roman d'Anne-Sylvie Salzman, publié chez Dystopia.


Lire Dernières nouvelles d’Œsthrénie est une étrange expérience. Comment ne pas croire à ce pays qui n’existe pas alors que l’autrice nous le décrit avec tant de finesse ? Vous refermerez ce livre en n’étant plus si sûr de ne pas avoir déjà visité cette contrée à la fois étrangère et familière, dont vous avez appris les coutumes, fréquenté le peuple et découvert la tumultueuse histoire.
L’Œsthrénie se trouve entre deux pays et deux cultures. Son peuple même est divisé entre ceux des Hauts, dont la vie est rude et les croyances différentes, et ceux des villes et des vallées. L’histoire de ces gens s’écrit dans le sang, entre les guerres et les révolutions.
Ce livre est composé de six textes, qui pour moi forment une spirale, autant de récits personnels et intimes qui accompagnent l’évolution de l’Œsthrénie et vous ne saurez plus trop non plus qui, du pays ou du narrateur, est le véritable protagoniste de cette histoire.
Cela commence comme un récit familial, avec une jeune aristocrate, puis se poursuit avec ses descendants, mais viennent ensuite d’autres personnages, dont un soldat roumain et une fille des Hauts. La différence de caractère et la richesse des points de vue autant que des époques contribuent à nous faire embrasser l’Œsthrénie dans toute ses spécificités.
J’ai beaucoup aimé le premier texte, qui est certes le plus long, ou en tout cas semble l’être car il pose le décor, mais est aussi celui qui est le plus empreint de Fantastique. C’est par lui que nous apprenons la géographie de ce pays, ses coutumes et ses légendes. J’ai particulièrement aimé voir se dessiner dans mon esprit cette Œsthrénie si singulière. Si les autres nouvelles sont plus enclines à raconter l’histoire de cette nation, c’est bien dans ce texte qu’elle prend naissance et cela lui confère une ambiance particulière, qui relève presque du légendaire.
Ce n’est pas une lecture légère, loin s’en faut. Les personnages, aussi intéressants soient-ils, sont pour la plupart assez torturés ou dans des situations difficiles, la mort et la folie les guettent sans relâche. On les quitte à des moments cruciaux de leur histoire, puis on apprend des bribes de celle-ci dans la nouvelle qui suit. C’est assez frustrant en fait, mais cela suit un schéma logique. Leur existence se fond dans celle de leur pays, mais que restera-t-il de lui quand ils seront tous morts ?
Avec sa minutie et son goût du détail, cet ouvrage n’est pas sans rappeler le travail de ces grands créateurs de mondes que sont Ursula Le Guin et Christian Léourier. C’est une lecture exigeante qui demande toute l’attention de son lecteur, mais le récompense en retour par sa subtilité et sa profondeur.

mercredi 22 janvier 2020

Chroniques verticales - Saison 2, épisode 1

Un feuilleton de Laurent Copet, publié chez Realities Inc.

Mon avis sur la première saison est par-là.


Ne lisez pas cet avis si vous n’avez pas lu la première saison.

À la fin du dernier épisode de la première saison, nous avions laissé le clan très fragilisé après la mort de son chef. Les rancœurs et les tensions ne font que se renforcer lors d’une intersaison aux conditions rendues difficiles par le choix du campement qui a dû se faire dans l’urgence.
Si comme moi vous êtes impatients de savoir ce que va faire Vol Parfait et d’en apprendre davantage sur Pure Imagination, vous devrez attendre encore un peu. Dans cet épisode, on ne quitte pas le clan, que l’on voit peu à peu se diriger vers une rupture impossible à éviter. Les opposants au chef en devenir ne sont pas suffisamment nombreux. Peuvent-ils cependant convaincre les autres et prendre le pouvoir ? Vont-ils devoir rejoindre Vol Parfait dans sa fuite ? Ou au contraire Lost Arrow et ses alliés, Brouillard Givrant et Fantomastic parviendront-ils à resserrer leur main de fer sur le clan ? C’est toute la question de cet épisode.
On suit surtout Salto Angel, pris entre deux feux puisqu’il veut rester fidèle à son cousin, mais que ses parents soutiennent le clan. Et ce personnage est particulièrement intéressant car nous pouvons, avec lui, nous poser les bonnes questions. Bien entendu le lecteur, qui voit tout, est enclin à être du côté de Vol Parfait, mais faire éclater un clan déjà fragile n’est peut-être pas une option légitime quand la survie de tous est en jeu.
La richesse de cette série se trouve dans son humanité. Il y a de bonnes et de mauvaises personnes dans cette histoire, mais il n’y a pas de choix évident. Certains tentent de faire de leur mieux, d’autres se laissent aller à leurs pulsions. Au final, la rudesse de la vie sur la falaise les rattrapera toujours.
Une chose est certaine, à la fin de cet épisode, on ne peut que se ruer sur la suite.

samedi 18 janvier 2020

Tarte au citron meringuée

Je sais, on n’est pas sur un blog culinaire (au passage je vous conseille Circadismes, que je partage avec deux de mes soeurcières), mais dans le cadre du challenge madeleine de Proust, j’ai décidé de partager cette recette qui fait partie intégrante de mes souvenirs d’enfance.


Un peu de blabla perso, ne vous gênez pas pour zapper :
Quand on est né début janvier, soit entre la bûche et la galette des rois, je peux vous dire que les adultes ne sont pas très enthousiastes pour se taper un énième gâteau… Mais les enfants s’en foutent et mon père était pâtissier. Alors je n’ai pas eu le même problème que mes camarades dans une situation identique qui héritaient d’une galette comme gâteau d’anniversaire. Pas qu’une galette des rois soit mauvaise, mais avoir le choix de son gâteau c’est quand même chouette.
Et l’un de mes choix les plus récurrents était la tarte au citron meringuée.
Ce n’est pas bien difficile à faire, mais ça demande un peu de temps.

Ingrédients :

Pour la crème :
- 3 citrons
- 300g de sucre
- 200g de beurre
- 6 œufs

Pour la pâte :
- 250g de farine
- 125g de beurre en pommade
- 100g de sucre
- 1 œuf 

Pour la meringue :
- 4 blancs d’œufs (garde les jaunes pour faire un peu de crème brûlée)
- 200g de sucre glace

Maintenant que tu as tout, il est temps de se mettre au boulot !

La crème :
Prépare-la la veille car tu devras la laisser au réfrigérateur une douzaine d’heures pour qu’elle prenne.
Dans une casserole, verse le jus des trois citrons et du zeste râpé finement. Ajoute le sucre et le beurre coupé en petits morceaux. Fais chauffer à feu très doux en mélangeant bien. Retire le mélange du feu avant qu’il ne commence à caraméliser, ajoute six œufs entiers et fouette le tout vigoureusement. Puis remets ta casserole sur le feu pour faire épaissir le mélange.

La pâte :
Facile… Tu commences par mélanger l’œuf et le sucre. Puis tu verses ce mélange sur ta farine. Tu ajoute le beurre en pommade et tu pétris.
Quand ta pâte est homogène, mets-la au réfrigérateur quelques heures. Ensuite, tu la feras cuire à blanc, bien lestée, dans un moule à tarte. Fais attention à ne pas l’étaler trop finement. Il ne faut pas qu’elle casse.
Selon ton four, fais cuire la pâte entre 150 et 180°. La coloration sur les bords t’indiquera qu’elle est cuite.
Quand ta pâte aura bien refroidi. Tu pourras la garnir de crème au citron et t’occuper de la meringue.

La meringue :
Il te suffit de battre énergiquement les blancs jusqu’à ce qu’ils soient mousseux, puis d’ajouter le sucre en pluie et battre encore jusqu’à ce qu’ils prennent.
Ensuite, dispose la meringue sur la tarte avec une poche (c’est plus joli, mais tu peux aussi le faire à la cuillère. Si quelqu’un te juge, ne lui en donne pas, ça fera plus pour toi).
Après, deux options s’offrent à toi : 
- le chalumeau, qui te donnera quelque chose de plus esthétique.
- ou le grill de ton four. Ce sera plus brun, mais tout aussi bon. Surveille bien la cuisson, parce qu’elle est très rapide, et fais attention à bien étaler la meringue sur les bords au préalable parce qu’elle peut se rétracter un tout petit peu.
Enfin, laisse la tarte reposer au frais avant de la servir. Ce n’est pas un dessert qui se consomme tiède, mais très froid au contraire.


mercredi 15 janvier 2020

La Maison en thé

Un album de Nicolas Zouliamis, publié chez Seuil.


La Maison en thé est un très bel et grand album d’une soixantaine de pages. Il est destiné aux enfants, mais j’ai été charmée par les sublimes illustrations.
J’ai acheté cet album pour mon filleul, qui est sans doute un peu jeune pour l’apprécier à sa juste valeur. Cependant je n’ai pas pu résister. Outre le charme de l’ouvrage, la fillette qui en est le personnage central porte le même prénom que sa maman. Il aura le temps de l’apprécier en grandissant, quand il aura appris à lire tout seul. Mais revenons-en au livre.
La petite Michèle vient d’emménager dans une nouvelle maison et y trouve peu à peu ses marques. Cependant, le comportement bizarre de son chat, Nestor, l’inquiète. Elle décide donc de l’épier et en voulant le poursuivre elle monte à bord d’un train… dont la locomotive est une théière et les wagons des tasses !
Au cours de ce voyage, elle va visiter sa maison et la voir d’une toute autre façon. Les dessins sont superbes et foisonnent de détails. Je ne sais pas s’ils seront du goût de tous les enfants, mais ça fait plaisir de voir quelque chose d’aussi travaillé pour un jeune public plus accoutumé d’ordinaire aux couleurs pleines et dessins simples. Il est bon de faire découvrir aux enfants des styles différents, surtout quand cela leur permet d’expérimenter la profondeur et la richesse des nuances.
L’histoire, un rien absurde par moment, rappelle un peu Alice au Pays des Merveilles, mais reste relativement simple et accessible. Elle est cependant très jolie et j’ai beaucoup apprécié le passage de la fillette dans l’arbre ainsi que la rencontre avec la sorcière.
Ce petit périple a quelque chose d’apaisant et la chute est mignonne comme tout. Je suis ravie d’avoir offert ce livre.

samedi 11 janvier 2020

Ar Men-Ir – Christmas Kouign-Amann

Une nouvelle de Jean-Marc Sire, publiée chez Realities Inc.


Tous les ans, les éditions Realities Inc. Nous gratifient d’une nouvelle de Noël. Celle de 2019 revisite la nativité avec humour et un chouïa d’absurde.
Que feriez-vous si pendant le réveillon de Noël un couple de golems, dont la femme est enceinte, sonnait à votre porte pour réclamer l’aide de votre poivrot de père ? Eh bien vous les installez dans la grange  pendant que votre mère prépare des sandwichs en espérant qu’il ait une illumination. Ce qui, vous vous en doutez, n’est pas gagné… Bien entendu, vous n’êtes pas au bout de vos surprises.
Ce texte empreint de dérision se lit d’une traite. On apprécie tous les détournements auxquels l’auteur se livre sans vergogne et on passe un moment agréable. Que demander de plus ?

Les autres nouvelles de Noël chroniquées sur ce blog :

jeudi 2 janvier 2020

Le Detection Club

Une BD de Jean Harambat, publiée chez Dargaud.

Présentation de l'éditeur :
Une île en Cornouailles, années 1930. Le milliardaire Roderick Ghyll invite les membres du Detection Club, qui réunit les grands auteurs britanniques de l'âge d'or du roman à énigme dont les célèbres Agatha Christie et G.K. Chesterton, à se rendre dans sa vaste demeure, la villa Briarcliff. Ils sont conviés à assister à la démonstration d'un automate, qui, une fois intégrées les données d'un problème policier, résout le crime en livrant le nom du coupable. Mais Ghyll est assassiné...
Le Detection Club met en scène des écrivains de romans policiers dits classiques en leur faisant vivre un mystère à la mesure des histoires qu’ils écrivent. L’auteur nous les présente brièvement, et je dois avouer que j’étais loin de tous les connaître. La mise en place est rapide, mais efficace. Après un tour d’horizon des portraits des différents protagonistes, le lecteur est tout de suite projeté dans l’histoire.
Le club d’écrivains est en effet convié sur une île en Cornouailles par un égocentrique milliardaire. Et là vous voyez déjà se profiler un schéma connu : lieu quasi clôt, homme riche et détestable pourvu d’une jeune et belle épouse, invités venus examiner une découverte scientifique… Oui, l’auteur a choisi de s’amuser avec nos références communes. À la fois hommage et satire du roman policier, cette bande dessinée en reprend les codes pour mieux en jouer. Elle s’en moque gentiment, comme des auteurs qu’elle met en scène, mais ne les renie pas pour autant.
Si nos auteurs ont été invités dans cette superbe demeure isolée, c’est pour découvrir un automate capable de dénouer n’importe quel mystère grâce aux mathématiques. Aucun roman policier ne lui résiste, cependant Ghyll, le propriétaire des lieux et mécène du savant qui a amélioré l’automate, voit plus loin. Il imagine un monde où les humains seraient délivrés de tout effort par les robots… mais aussi dans lequel l’art perdrait tout intérêt.
La première partie de la BD évoque ainsi une intéressante réflexion sur l’art et la science que l’on retrouve souvent en science-fiction. Elle ne fait que l’effleurer, bien sûr, mais ce fut un agréable interlude philosophique. Il y a aussi un petit côté steampunk qui n’est pas pour me déplaire.
Dans cet ouvrage les références sont nombreuses et si vous les attrapez au vol, vous pourrez nourrir votre réflexion ou faire quelques découvertes.
Toutefois le point focal du récit est bien entendu le meurtre que tout le monde attend et la résolution de l’enquête qui suit. Les personnages sont à dessein caricaturaux, comme les ficelles de l’histoire, mais peut-on se fier à ce que l’on croit savoir ?
L’intrigue offre des rebondissements un peu attendus, mais bien amenés. Elle prend toutefois son temps. Ce qu’on lui pardonne ou non selon qu’on apprécie ou pas le ballet des personnages et la façon dont les clichés sont soit démembrés, soit utilisés sans vergogne.
J’ai beaucoup aimé suivre le duo Christie-Chesterton, les nombreuses piques qu’ils s’envoient sont le sel de cette histoire, même si les autres personnages ne sont pas en reste. Comme on peut s’y attendre, l’humour et le sarcasme font partie intégrante de cet ouvrage.
Ce fut une lecture sympathique, malgré une intrigue un peu poussive. J’ai beaucoup apprécié la colorisation. En effet, les teintes sont riches et chaudes, mais néanmoins adoucies de façon subtile. Elles magnifient les planches et donnent à l’histoire un côté suranné très plaisant. En outre, comme dans un roman policier classique, vous pourrez résoudre l’enquête au fil de la lecture si vous êtes attentifs, ce qui pour moi est un plus.


tous les livres sur Babelio.com