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vendredi 15 novembre 2013

Elvira Time, Saison 1, Ep1

Elvira Time est un feuilleton numérique de Mathieu Guibé et Elodie Marze publié aux éditions du Chat Noir.
Pour cette saison 1 les épisodes suivants sont respectivement programmés en décembre 2013, puis en mars et juin 2014.
Une version papier est également prévue pour juin 2014.


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Elvira Time

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Elvira est une jeune fille de 17 ans sarcastique, tête brûlée et un peu désabusée. La vie n’a pas été tendre avec elle et elle en porte les cicatrices morales. Traquer et tuer les vampires fait en quelque sorte partie de son équilibre.
Quand on lit ce premier épisode, on pense inévitablement à Buffy et c’est vrai qu’il y a de ça. Le lycée, cette forme d’humour, ici un peu plus grinçante, mâtinée de culture pop, et évidemment l’ado chasseuse de vampires nous rappellent fortement la série. Elvira évoque Buffy dans la part la plus écorchée de cette dernière, mais me fait également penser à Veronica Mars. Cependant, si inspiration il y a, ce feuilleton et son personnage ont leur personnalité propre. L’auteur a su en faire quelque chose d’original et de sympa.
Dans le monde d’Elvira, l’existence des vampires est connue, on ne peut les tuer que s’ils ne sont pas enregistrés auprès de l’état et Elvira ne s’en prive pas. Cette héroïne, qui nous raconte sa vie à la première personne, est une jeune fille troublée. On sent la révolte qui sous-tend ses actes et son mal-être. Malgré ces instants où elle semble assez immature, comme on peut l’être à son âge, on devine qu’elle a dû grandir trop vite et que son humour, parfois un peu lourd (mais qui fonctionne bien ceci dit), sert juste à cacher ses fêlures. Elle m’a agacée parfois, mais c’est indéniablement un personnage cohérent et bien construit.
Tout en étant assez prévisible, cet épisode m’a plu. Parodique par moment, forçant le trait à desseins, il ne manque toutefois pas de profondeur malgré l’aspect caricatural des personnages. L’auteur se plaît à ridiculiser ces derniers, mais sait néanmoins les rendre attachants. C’est visuel, rythmé, on sait pourquoi on lit ce genre d’histoires et c’est pour cela qu’on l’apprécie.
Par contre, et là j’ai l’impression de me répéter et d’être une fichue emmerdeuse tant ça arrive souvent ces temps-ci, il y a vraiment beaucoup de fautes…
Enfin, au-delà de ce petit détail, la lecture est plaisante et la série prometteuse. Que vous soyez ou non nostalgique de Buffy, si vous recherchez un feuilleton sympa, pas prise de tête, avec de l’humour, des vampires et une structure assez proche d’une série télé, vous aimerez sûrement Elvira.

samedi 4 mai 2013

Even dead things feel your love

Un roman de Mathieu Guibé, publié aux éditions du Chat Noir.

Ce roman a fait l'objet d'une réédition chez ActuSF dans la collection Naos sous le titre Lorsque nous étions morts.

Au terme de votre vie, à combien estimez-vous le nombre de minutes au cours desquelles vous avez commis une erreur irréparable ? De celle dont les conséquences régissent d’une douloureuse tyrannie vos agissements futurs jusqu’au trépas. Mon acte manqué ne dura pas plus d’une fraction de seconde et pourtant ma mémoire fracturée me renvoie sans cesse à cet instant précis tandis que la course du temps poursuit son inaltérable marche, m’éloignant toujours un peu plus de ce que j’ai perdu ce jour-là. Je me demande si notre dernière heure venue, les remords s’effacent, nous délestant ainsi d’un bagage bien lourd vers l’au-delà ou le néant, peu importe. Puis je me souviens alors qu’il s’agit là d’une délivrance qui m’est interdite, condamné à porter sur mes épaules ce fardeau à travers les âges, à moi qui suis immortel.

L’amour ne devrait jamais être éternel, car nul ne pourrait endurer tant de douleur.

Even dead things feel your love est un roman vampirique, gothico-romantique (surtout dans le sens littéraire pour ce dernier terme, même si la romance est présente, voire centrale, dans ce récit). Bien que quelques parutions sortant des sentiers battus en matière de vampirisme aient vu le jour ces derniers temps, celle-ci demeure une rareté parmi la majorité de titres actuels et il convient de l’apprécier à sa juste valeur.
Le vampire de cette histoire, tout dandy et séduisant qu’il peut être, possède sa part de ténèbres. Il n’est pas le nouveau prince charmant qu’on tend à nous présenter et, dans sa nature vampirique, il est bien plus proche des origines, choix que j’apprécie particulièrement.
Josiah Scarcewillow est un personnage complexe et, plus que l’histoire d’amour, c’est son oscillation entre lumière et ténèbres qui est au cœur du récit. Il lui semble que c’est son amour pour Abigale qui restaure en lui les vestiges d’une humanité presque totalement perdue. Il se nourrit de cette lumière comme un vampire le fait de sang, jusqu’à en devenir dépendant.
Mathieu Guibé explore dans ce roman de nombreuses facettes du sentiment amoureux, de l’amour narcissique qui fait chercher dans l’autre ce que l’on aime en soi-même ou ces qualités que l’on voudrait pour soi, à l’amour plus total qui transcende l’être. C’est une histoire très bien pensée et surtout très humaine dans la façon qu’elle a de mettre en scène les forces et fragilités de ses personnages.
L’écriture délicieusement surannée dont l’auteur pare son récit, si elle est parfois un brin trop affectée à mon goût, s’adapte parfaitement au propos général et aux personnages. Je n’ai que quelques coquilles, assez nombreuses pour me gâcher la lecture, à lui reprocher. Cela mis à part, on se laisse vite emporter dans ce récit et les personnages, qui au début peuvent sembler un peu caricaturaux, ont quand même gagné ma sympathie tout de suite. Ils évoluent, sont intéressants et leur psychologie est largement développée.
Cette histoire d’amour m’a plu, même si je ne suis pas forcément cliente de romance à la base, car au final il s’agit surtout de recherche de soi, de rédemption et d’humanité s’exprimant à travers l’amour. Certes, cela ne semble pas si évident au départ, quand on considère les agissements de Josiah qui veut se voir, dans le regard d’Abigale, autre que le monstre qu’il est persuadé d’être et se plaît à demeurer. Josiah est un héros torturé, à la recherche de son humanité, pas tant pour se faire pardonner que pour se sentir en paix et ressentir des émotions humaines simples et positives. Au fil du roman, il peut ainsi sembler aussi touchant qu’égoïste, mais ça fait partie intégrante de l’intérêt qu’il y a à le suivre.
Le roman se décline en quatre parties, chacune apportant une évolution notable dans la relation des personnages et l’auteur nous ménage quelques surprises. Je ne m’attendais pas à ce que les choses tournent ainsi et la fin m’a émue. Curieusement, j’ai beaucoup pensé à Absinthes et Démons d’Ambre Dubois en lisant les derniers chapitres, alors que ces deux ouvrages sont relativement éloignés l’un de l’autre. Ce fut une plaisante lecture. Je pense que ce roman a de quoi séduire les lecteurs qui ont lu tous les classiques du genre, autant que les amateurs de récits plus modernes car il possède de multiples facettes et niveaux de lecture, en plus d'être écrit dans un style très agréable à lire.