lundi 18 avril 2022

Quand la vie s'en mêle T1 : Adèle

Un roman de Lucie Castel, publié en numérique chez Kobo Originals.

Présentation de l'éditeur :

Lorsque la grand-mère adorée d’Adèle décède, la jeune femme à l’esprit sarcastique et à la langue bien pendue est déterminée à respecter ses dernières volontés : quitter la demeure familiale et partir à l’aventure.

Une formation de jardinier-paysagiste plus tard, elle part pour Luserne, petite ville du sud, où se trouve Lucien Vidal, vieil homme acariâtre mais aussi et surtout premier grand amour de sa grand-mère. Grâce à lui, Adèle décroche un petit boulot pour s’occuper du jardin du cimetière communal.

Malgré la suspicion qu’elle suscite chez les habitants les plus conservateurs, elle se lie bientôt d’amitié avec un groupe de marginaux : un jeune facteur dont l’obésité menace son maintien en poste, une toiletteuse gothique et lesbienne, une ancienne reine du lycée anorexique et le jeune et séduisant croque-mort de la ville.

Mais l’ambiance se dégrade lorsqu’un corbeau placarde sur les tombes des lettres accusant des notables respectables des pires comportements. Commence alors une chasse aux sorcières qui accuse prioritairement les amis d’Adèle en raison de leurs différences…

Adèle, vingt-cinq ans, ne sait plus quoi faire de sa vie. Elle a perdu l’être qui lui était le plus cher au monde : sa grand-mère qui l’a élevée. Ce deuil lui semble d’autant plus insurmontable qu’elle s’était repliée sur elle-même, enfermée avec sa grand-mère pour profiter le plus possible du temps qu’il leur restait. Pendant dix ans, elle a tout juste vivoté et le peu d‘attaches qu’elle avait réussi à nouer en dehors de cette relation fusionnelle ne pèse pas bien lourd. Mais c’est sans compter les dernières volontés de Mahaut qui avait bien l’intention de sortir sa petite-fille de l’impasse, même malgré elle.
Alors, ça peut sembler cliché raconté comme ça, mais ça n’a pas d’importance, parce qu’on entre dans cette histoire avec une facilité déconcertante et un intérêt qui ne fait que croître au fil des pages. La jeune femme sarcastique et paumée que l’on rencontre au pire moment de sa vie est très attachante. Adèle est sympathique, elle aime le cinéma et les couleurs vives, elle se sent seule et cache ses failles sous beaucoup trop de sarcasme. Parce qu’elle est une fille lambda à laquelle on peut facilement s’identifier, elle ne semble que plus réelle. Elle se trouve désarmée face à la vie car sa grand-mère était le centre de son monde, mais ce n’est pas pour autant une petite chose fragile qui va pleurer sur son sort. Bien au contraire, elle décide de se focaliser sur la vie et d’être heureuse.
Ce roman est assez typique du genre feel good, avec un événement malheureux comme déclencheur d’une volonté de se reconstruire. Le début nous offre quelques réflexions sombres, mais très vraies, sur le cancer. Sachez toutefois, si c’est pour vous un sujet sensible, que c’est l’affaire de quelques pages. L’héroïne ne s’appesantit ni sur son deuil ni sur la maladie. Cependant, ce passage m’a marquée à cause de ses accents de vérité et de mon expérience personnelle sur le sujet. Je suppose que cela m’a aidée à entrer dans l’histoire, puisque j’y ai tout de suite cru.
Une fois les affres du deuil consumées, Adèle décide enfin de sortir de sa coquille et comme il faut bien commencer par quelque chose autant dévider la pelote de souvenirs que lui a laissée Mahaut, une pelote de regrets pour encourager sa petite-fille à ne pas commettre les mêmes erreurs.
Cette histoire est agréable à lire et pleine d’humour. Quand l’autrice emploie des clichés, ce qui arrive souvent, ils se fondent dans l’intrigue sans trop laisser de grumeaux. C’est le genre de clichés qu’on apprécie parce qu’on se sent comme à la maison, même si on lève de temps en temps les yeux au ciel juste par esprit de contradiction. L’ambiance d’une petite ville du Sud est parfaitement rendue, même si bien sûr les contours sont accentués car il faut bien assurer le spectacle.
J’ai passé un bon moment avec Adèle et ses amis. Cependant, j’ai relevé quelques incohérences, coquilles et cafouillages. Entre autres, il y a des contradictions dans l’histoire de certains personnages, une femme change de prénom en cours de route et pourquoi diable Adèle porte-t-elle le nom de jeune fille de sa grand-mère quand on sait que celle-ci s’est mariée ? Enfin, cela est ennuyeux mais pas bien grave. C’est le genre de roman sans prétention qu’on lit pour son ambiance solaire et pour voir les gentils triompher des aléas de l’existence. Dans cette optique, c’est une réussite.
Comme je suis curieuse d’en apprendre davantage sur les amis d’Adèle, je lirai sans doute la suite.


mardi 12 avril 2022

La Saison de la sorcière

Un roman de Roland C. Wagner publié chez les Moutons électriques et en version audio chez Voolume.


Présentation de l'éditeur :

Un ptérodactyle géant arrache la Tour Eiffel, des statues de Mao ravagent Pékin, un Godzilla dévaste le port de Yokohama …

Une vague d’attentats tout aussi déroutants qu’inexplicables ébranle les symboles de puissance des nations les plus industrialisées. L’Europe est particulièrement touchée par cette nouvelle forme de terrorisme à nulle autre pareille, qui fait usage de forces surnaturelles mais épargne les vies humaines. Pour les États-Unis, la lutte contre les « sorciers du tiers monde » devient presque une mission sacrée, qui justifie même une invasion de la France et d’une partie de l’Europe sous prétexte de « protéger » le Vieux Continent… C’est dans ce contexte que Fric, jeune zonard français fraîchement sorti de prison, doit entamer sa réinsertion…

Un roman court et impertinent, récompensé par les prix Rosny aîné et Bob Morane en 2004. Toujours engagé du côté du rêve et des opprimés contre les impérialismes et la bigoterie, Roland C. Wagner (1960-2012) a le culot de réinventer la fantasy urbaine en politique-fiction. Un livre choc qui, sous couvert d’un de ces récits déjantés et rock’n’roll dont Roland C. Wagner avait le secret, tend un cruel miroir aux dérives de nos sociétés du troisième millénaire, d’une complète actualité.
La magie existe. Enfin, c’est la seule explication possible à la vague d’attentats étranges (et pacifistes) que subissent l’Europe et l’Asie. En réaction, les États-Unis ont envoyé des troupes dans les pays touchés, qui sont du coup devenus des protectorats américains, et ont déclenché une grande campagne de recrutement (si l’on peut le dire ainsi) de mages afin de constituer une armée capable de neutraliser ces terroristes d’un genre nouveau.
Dans ce contexte troublé, Fric sort de prison et retrouve sa banlieue sous ébullition. Les soldats « Tazus » provoquent la hargne d’une partie de la population et de ses potes en particulier. Suite à un incident avec l’un de ces soldats, Fric se voit contraint de se planquer à l’adresse indiquée par un de ses compagnons de cellule et va y découvrir une communauté de hippies et de punks utopistes sur-équipée en matériel informatique. De là à savoir ce qu’ils fabriquent dans leur Enclave, c’est une autre affaire...
Pendant ce temps, la chasse aux sorcières fait rage et pour l’armée américaine il n’y a pas de demi-mesure, les personnes capturées sont avec elle ou… avec elle.
La narration se divise en deux. On suit tour à tour Fric et ses copains ou différents membres de l’armée à la recherche de l’arme ultime (et ils pourraient bien l’avoir trouvée). Cela donne un récit nerveux, plein de rebondissements et d’embardées, qui entraîne son lecteur/auditeur sans trop lui laisser le temps de reprendre son souffle.
Ce roman court et énergique est une sorte de conte moderne, engagé et chaotique qui se joue des codes. On notera que, comme dans les contes, quasiment personne n’a de prénom. Les Tazus et ceux qui gravitent autour sont désignés par leur fonction, alors que Fric et ses potes le sont par des surnoms. Les chevaliers de cette histoire sont de jeunes banlieusards d’âge indéterminé, les fées sont celles du réseau, le méchant dragon polycéphale est une grande puissance capitaliste et la sorcière… Vous verrez bien. 
J’ai beaucoup aimé ce récit. C’est barré, intelligent et drôle. L’auteur, tout en nous divertissant, nous amène à réfléchir. Ce roman nous parle d’impérialisme et d’ingérence, de terrorisme et de résistance, mais il nous montre aussi que parfois la frontière est floue entre ces termes. J’ai trouvé cela intéressant, bien que je pense qu’il y manque un peu de profondeur et que la réflexion sur le terrorisme, surtout, est trop sortie de son contexte. J’ai cependant beaucoup aimé l’Enclave et la façon de vivre des gens qui la peuplent, bien que cela semble beaucoup trop irréaliste à mes yeux. Ils paraissent d’autant plus sympathiques face au capitalisme éhonté affiché par les Tazus. L’auteur a grossi le trait, mais c’est aussi une caractéristique des contes.
La sortie en version audio de ce roman dont la première publication date de 2003 est une bonne occasion de le découvrir (ou redécouvrir). Le narrateur a fait un excellent travail. Certes, le roman est déjà prenant, mais il parvient à accroître encore davantage l’intérêt de l’auditeur grâce à l’enthousiasme qu’il déploie toujours au bon moment.
Les thèmes abordés restent très actuels, bien que le contexte ait évolué depuis les attentats de 2001, et offrent toujours des pistes de réflexions intéressantes. 


lundi 11 avril 2022

La Digue, Blackwater ou l'épique saga de la famille Caskey T2

Un roman de Michael McDowell, publié chez Monsieur Toussaint Louverture.

Mon avis sur le T1.


La vie suit son cours à Perdido, Alabama, et c’est avec délectation que je me suis replongée dans les eaux sombres et boueuses des deux rivières qui la ceignent.
La ville, à peine remise des dégâts laissés par la crue, envisage l’avenir avec inquiétude et le projet de digue commence à prendre forme. Cela pourrait changer le destin de Perdido de bien plus de façons que ne l’ont imaginé le conseil municipal et les riches familles de la ville qui supportent le projet.
De leur côté, les Caskey ont trouvé un équilibre fragile. Elinor a consenti un sacrifice à la matriarche pour que son mari et elle retrouvent leur liberté, mais est-ce suffisant ? Mary-Love n’est pas femme à se contenter d’un accord à l’amiable qu’elle n’a pas fomenté et accordé elle-même avec force magnanimité. Contre Elinor, elle veut une victoire écrasante que nul ne saurait contester. Aux yeux de tous, sa belle-fille s’en sort avec trop de superbe. 
Tout ce que Mary-Love sait faire de toute façon est écraser l’autre, de son amour ou de sa haine, c’est selon. C’est le monopole qu’elle veut et cela va de la scierie familiale à la vie de ses enfants. Elle apparaît comme une pieuvre géante et on prend conscience encore davantage dans ce tome de quelle horrible personne, étouffante, manipulatrice et possessive elle est. Elinor paraît presque sympathique à côté. Pourtant, elle est tout aussi monstrueuse et bien plus cruelle.
Pour commencer, le cheval de bataille de la matriarche sera la digue puisqu’Elinor hait ce projet. Et quoi de mieux pour agacer sa belle-fille que d’héberger sous son toit, dans la chambre qu’elle occupait bien entendu, l’ingénieur chargé de l’étude de terrain ? 
Mais Mary-Love joue sans le savoir avec le feu. Obnubilée par Elinor, elle pourrait perdre son soutien le plus précieux : sa fille Sister qu’elle considère comme un prolongement d’elle-même. L’obéissante Sister en a peut-être assez d’être malheureuse et soumise, il se pourrait bien que l’exemple de son frère, même s’il est passé d’une mère dominatrice à une femme plus subtile mais tout aussi dirigiste, pourrait l’inspirer et lui donner l’occasion de démontrer qu’elle est bien la fille de sa mère.
Ce roman est encore plus passionnant que le précédent. On navigue en eaux troubles et chaque méandre de la rivière semble prêt à nous avaler. Le lecteur est, avec la petite Zaddie, un témoin privilégié (si l’on peut dire) des événements. Or, s’il est bien caché derrière le rempart infranchissable qu’est son livre, je me demande bien ce qui protège l’adolescente. Est-ce, comme je le crois, sa nature féminine qui la préserve ? Pourtant une autre femme n’a pas échappé aux foudres d’Elinor. Je suis donc très curieuse de savoir ce qui arrivera à Zaddie en particulier, d’autant que j’aime beaucoup ce personnage.
À n’en pas douter, cette saga est une histoire de femmes et pas seulement parce qu’elle figure un échiquier occupé d’une part par les pions de Mary-Love et d’autre part par ceux d’Elinor. Oscar, tout naïf qu’il peut l’être parfois, l‘a bien compris et s’en accommode. Avec l’aveu de son incompétence face à ces caractères en acier trempé, il se trouve en mesure d’accéder à une compréhension plus subtile. Il sait depuis le début qu’il n’a pas la main et ne cherche pas à la prendre, mais il n’en est pas pour autant un pion totalement aveugle à l’échiquier sur lequel il se trouve. Au contraire, il semble de plus en plus prendre la mesure de la partie qui se joue et vouloir participer en toute conscience.
Ce tome montre d’ailleurs combien les enfants de Mary-Love ont été sous-estimés par leur mère et par une grande partie, sinon toute, la communauté. Tous deux sont plus fins qu’on pourrait le croire et il faudra compter avec eux non comme des pions mais comme des lieutenants prêts à servir une cause si elle est dans leur intérêt.
Comme la digue qui donne à Perdido une nouvelle allure, la famille Caskey se redéfinie et se métamorphose. Dans ce volume des personnages que l‘on pensait secondaires et anecdotiques s’ancrent à Perdido et provoquent de nombreux remous. La famille s’étend, tisse de nouveaux liens ou en répare d’anciens et les pouvoirs s’équilibrent une fois encore de façon inattendue.
Je n’aurais jamais cru pouvoir me passionner autant pour des histoires de famille ! Pourtant j’ai dévoré ce volume et pas seulement à cause de sa dimension fantastique, même si elle est encore plus sombre et prégnante que dans le précédent.
J’aime en particulier Ivey et ses superstitions. On ne sait jamais si elle a une conscience plus acérée des choses ou si elle se contente d’amalgamer et de véhiculer les peurs de tous. Et des peurs, il y en a à Perdido. Elles glissent dans les recoins sombres tels des serpents d’eau à l’affût de la moindre proie. Un instant de faiblesse et ils vous mordent.
C’est du Fantastique comme je les aime, un soupçon d’effroi, d’étranges rituels, de la magie noire, des âmes tourmentées réclamant vengeance et des scènes que les personnages s’efforcent d’oublier et de ranger dans un tiroir tels de vieux rêves chiffonnés qui refusent de s’effilocher assez pour disparaître.
Certaines scènes sont clairement horrifiques et il y en a une que j’ai trouvée particulièrement éprouvante, cependant, si comme moi vous n’affectionnez pas les récits trop sanglants, sachez que celui-ci est tout à fait soutenable. L’horreur rampe parfois hors de la rivière tel un brouillard épais, mais se dissipe vite. C’est le Fantastique qui imprègne le récit, plus inquiétant qu’effrayant.
Je n’ai pas pour habitude d’enchaîner les tomes d’une série, mais si j’avais le troisième sous la main, je serais déjà en train de le lire. Cette saga est décidément aussi excellente qu’addictive.

mercredi 6 avril 2022

Meute

Un roman de Karine Renneberg, publié chez ActuSF.

Présentation de l'éditeur :

Roman atypique lycantrope, Meute suit les traces de Nathanaël, Val et Calame. Le premier est un loup-garou né de la violence et la solitude qui se débat au sein d'une meute qui ne lui convient pas. Le second est un humain à qui l'on a volé la voix. Quand le troisième entre dans leur vie bien malgré eux, des tensions s'installent et menacent de tout déchirer. Comment trouver son équilibre, dans un monde où les secondes chances n'existent pas ?
Ce récit fantastique est avant tout celui d'une tranche de vie, de ce moment où tout bascule entre le noir et la couleur.

Karine Rennberg est une autrice nantaise. Elle explore l'imaginaire avec une prédilection pour les mondes durs teintés de magie, et les personnages remplis de failles et de couleurs.

Nath a grandi dans les Docks, domaine des gangs qui se disputent les marchés les plus lucratifs : drogues, équipements technologiques ou encore… nourriture. En effet, une éruption solaire a achevé de laminer une société déjà en chute libre. Les ressources se font rares et pour survivre il vaut mieux être fort et sans scrupule.
Nath sait se défendre. Mieux encore, il sait se battre et il aime ça, ce qui fait de lui un mercenaire recherché et un combattant apprécié dans les arènes. Mais il a aussi un secret qu’il doit à toute force garder : il est un loup-garou. Son coéquipier et ami Val, seul humain dans la confidence, est là pour assurer ses arrières, néanmoins il ne peut pas l’arracher à ses obligations en ce qui concerne la meute car, même s’il n’en fait pas partie, Nath a conclu un accord avec l’Alpha. Et cela va le mettre dans une situation aussi inconfortable que surprenante. Cela va, à son corps défendant, le changer.
Ce roman m’a attirée par son originalité. Ces dernières années, la SFFF n’a pas beaucoup exploré la lycanthropie autrement que dans une optique sentimentale. Je ne critique pas, même si je préfère le fantastique, je constate. Cependant il faut bien reconnaître que c’est lassant et aussi réducteur que l’ont été en leur temps les récits d’horreur invariablement associés aux loups-garous. Il fallait que ça saigne, bonnes gens ! Je dois dire que je m’attendais un peu à l’un de ces récits sanglants, mais si Meute est brutal, juste ce qu’il faut, ce n’est pas un roman horrifique. Il suit son propre chemin et celui-ci se trouve entre anticipation, fantastique et roman de mœurs. Il explore l’humanité en ses personnages, la complexité de leur personnalité, la façon dont ils se sont construits et dont ils interagissent, tout cela face à la violence de leur environnement. Ils ne cherchent pas à s’en cacher ou s’en extraire, ils s’adaptent. Ils acceptent la violence, qu’elle viennent d’eux ou de l’extérieur, mais ne se laissent pas dominer par elle. C’est là toute leur force et toute l’intelligence du récit.
Ce roman raconte les liens, choisis ou non, qui se tissent et qui peuvent emprisonner aussi bien que protéger. Il raconte la dévotion, l’amitié, les multiples formes que peut prendre une famille. Mais il raconte aussi les traumatismes, la cruauté et les luttes de pouvoir. Si ce monde est très sombre, il reste néanmoins de l’espoir et on peut le trouver aussi bien en la personne d’un combattant implacable que dans un adolescent mutique.
J’ai aimé Val et sa force tranquille, l’énergie bouillonnante de Nath, les couleurs et la vulnérabilité de Calame, puis les gens qui gravitent autour d’eux. On s’attache à ces personnages, on tremble pour eux, et c’est formidable de les voir évoluer tant ils paraissent réels. Il est d’autant plus facile de se mettre à leur place que la narration est faite à la deuxième personne du singulier, choix plus qu’inhabituel. Je ne vous cache pas que cela m’a gênée au départ, mais je comprends tout l’intérêt de ce choix. Un roman particulier méritait une narration particulière. Quand on s’y fait, cela devient très immersif.
J’ai été très agréablement surprise par tout ce que Meute a à offrir. Une fois la première page tournée, il m’a été très difficile de le lâcher et, quand la fin est arrivée, j’ai mesuré le vide laissé par ces personnages que je n’avais pas envie de quitter. Cela a été pour moi un grand moment de lecture et une excellente découverte.