Une nouvelle de Cindy Van Wilder, publiée dans la collection e-courts des éditions Voy'[El] et donc uniquement disponible au format numérique.
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La peste a ravagé les cités-murailles. Jadis protégées derrière leur dôme, survolées de glorieux aéronefs, elles ne sont désormais plus que ruines où errent les survivants. Les Insectes ont envahi les territoires laissés vacants par les hommes. Leurs ruches s’élèvent fièrement à la conquête du ciel. Bess est l’une des femmes recrutées pour prendre soin de leurs larves, ce qui lui assure un minimum de confort. Mais en ces temps de dévastation, que peut encore attendre de l’avenir une humaine qui a tout perdu ?
Je continue avec enthousiasme ma découverte de la collection e-courts avec cette deuxième parution.
J’avoue qu’un tel titre me laissait un peu dans l’expectative. Je n’ai pas peur des insectes, je ne suis pas particulièrement dégoûtée non plus par eux et si un moustique est de nature à provoquer un certain agacement chez moi, c’est bien la pire émotion qu’il peut m’inspirer. Cependant, depuis que j’ai lu le premier volume de la série Nightside de Simon R. Green, je considère avec une certaine circonspection tout texte me rappelant une certaine scène. Or, ce titre me la rappelle inévitablement.
Nous sommes loin, pourtant, de la suprématie et des mœurs des insectes du Nightside et je n’arrive pas à décider si c’est ou non une bonne chose. Lisez donc les deux textes et venez me donner votre opinion. ;)
Cette nouvelle est un texte post-apo d’un genre un peu particulier. Les humains ont perdu leur guerre contre les insectes, leurs protections se sont effondrées et tout ce qui reste de leur civilisation éparse ce sont quelques survivants errants dans des ruines, au milieu des immenses ruches construites par leurs anciens ennemis. Or, certaines femmes ont fait le choix de travailler pour les insectes, pour survivre, gagner le minimum de confort qui fait défaut aux autres, la sécurité et de quoi s’occuper l’esprit pour échapper aux horreurs qu’elles ont vécues.
Bess est l’une de ces femmes. Elle essaie de survivre au jour le jour, de garder en elle toutes les émotions qu’elle a refoulées et de faire son travail du mieux qu’elle peut. Cependant, même dans la relative sécurité de la ruche, son passé et les choix qu’elle a fait peuvent la rattraper à tout moment.
J’ai adoré ce personnage à la fois fort et fragile, tellement humain. Je n’ai pas un cœur particulièrement tendre, mais Bess m’a émue. J’ai aimé la suivre dans son quotidien, mais aussi dans ses souvenirs, ses angoisses. La voir se débattre, déverser le trop-plein de ses peines et chercher une forme de rédemption m’a touchée et j’ai vraiment croisé fort les doigts pour elle (et je peux vous dire qu’en lisant ça n’est pas évident à faire).
Si la fin m’a laissée un peu dubitative, ce n’est pas parce qu’elle est mauvaise ou mal amenée, mais disons qu'il s'agit plutôt d'une question de sensibilité personnelle. Cela n’entache néanmoins pas le plaisir que j’ai pris à lire ce texte.
Par contre, un petit détail m’a gênée. Qu’on ne se méprenne pas, j’ai vraiment apprécié cette nouvelle aussi prenante que bien écrite, mais je fais parfois de petites fixations sur des détails indépendamment de la qualité d’un texte. Et là, mon problème est qu’une reine abeille ça se fabrique, voyez-vous, avec de la gelée royale, celle qui dans ce récit sert à nourrir tous les insectes sans distinction. Une abeille devient une reine, plus forte, plus grande, ayant une longévité accrue et bien sûr la capacité de pondre (et non de diriger une ruche) quand elle est nourrie exclusivement à la gelée royale, contrairement aux autres abeilles. Vous me direz sans doute que je suis stupide d’avoir fait un blocage là-dessus alors que cette nouvelle nous parle d’insectes géants qui vivent en communautés de différentes races (des guêpes, des abeilles et des fourmis ensemble, imaginez !) avec des nourrices humaines pour s’occuper de leurs larves sensibles aux émotions et moi tout ce que je retiens c’est cette histoire de gelée royale… Mais non, désolée, une reine ne naît pas par hasard et Bess devrait le savoir.
Enfin bref, passons outre mes petites névroses personnelles. C’est le premier texte de Cindy Van Wilder que j’ai lu et j’espère en découvrir d’autres très prochainement.