dimanche 25 octobre 2015

La Huitième Couleur et Le Huitième Sortiliège

Sir Terry Pratchett nous a quittés voilà peu de temps. Auteur prolifique, il nous laisse de nombreuses œuvres dont une majorité constitue ce monument que sont Les Annales du Disque-monde. Des romans à lire, relire et partager.
On aime ou pas, c’est vrai. Et je ne conseillerais à personne de les lire tous à la suite… Mais l’humour de Pratchett reste pour moi d’un réconfort certain et j’adore le Disque-monde, ses personnages barrés, les réflexions qui se glissent entre les pages aussi.
Mon hommage personnel à ce grand homme a été de lire à haute-voix dans mon jardin les deux premiers volumes des Annales. Traitez-moi de folle si vous le voulez. Je suis heureuse de l’avoir fait.
Et tant que j’y suis, je vais vous en parler un peu.
Tout le monde devrait lire Pratchett, ça ne résoudrait pas tous les problèmes de la race humaine, mais ça ne rendrait pas les gens plus cons (ce qui en soi est déjà pas mal).



La Huitième Couleur


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Loin dans l’espace, vogue une tortue géante. Sur son dos, quatre éléphants supportent le poids d’un disque, le fameux Disque-monde.
Cette série mondialement connue est composée d’une quarantaine de volumes. Bien qu’ils soient souvent présentés par cycles (selon les personnages récurrents concernés) on peut les lire indépendamment. Sauf en ce qui concerne les deux premiers volumes qui content les pérégrinations de Rincevent, le pire mage qui soit, et de Deuxfleurs, le premier touriste du Disque.
En général, on ne recommande pas de découvrir le Disque-monde avec ce roman qui n’est ni le plus réussi ni le plus attractif. Mais personnellement je l’aime beaucoup et je pense qu’il est une bonne introduction à l’univers de Pratchett. Vous peinerez peut-être un peu à vous immerger dans La Huitième Couleur, mais vous y apprendrez notamment à connaître la géographie discale et beaucoup d’autres particularités de ce monde étonnant ainsi que de ses habitants.
On pourrait dire que La Huitième Couleur s’apparente à une quête sans but (oui, c’est ironique). Rincevent, Deuxfleurs et le Bagage explorent le Disque et vont de problème en catastrophe, envoyant joyeusement balader tous les clichés de la Fantasy au passage.
Toi, le lecteur qui à un moment t’es demandé ce que tu foutais là alors que Frodon et Sam crapahutaient encore et toujours dans les marais, ces romans sont pour toi. Prends ta revanche et marre-toi !
Des rues sales d’Ankh-Morpork jusqu’à l’extrême bord du Disque, les deux acolytes vont croiser des dragons, des héros, participer à un jeu de rôle géant (sans le savoir), risquer leur peau à tout moment et nous divertir à leurs dépens.
Les références à des ouvrages connus de SFFF sont nombreuses, mais qu’on les capte ou non la lecture reste très agréable, drôle, légère, tout en n’étant pas dénuée de réflexion.
Comment ne pas passer directement à la suite ?


*



Le Huitième Sortilège




Le Huitième Sortilège
reprend le cours des aventures de Rincevent et Deuxfleurs où se terminait La Huitième Couleur.
Cette suite semble d’emblée un peu plus construite, il faut bien l’admettre et elle est plus drôle encore, pleine d’action et de rebondissements. Une nouvelle fois, prenez tout ce que vous savez des clichés de la Fantasy et réjouissez-vous de les voir passés au shaker ! Par exemple, vous vous demandez ce que deviennent les vieux héros ? Eh bien vous le saurez en faisant la connaissance de Cohen le barbare… Vous apprendrez des choses sur les mœurs des tortues spatiales, vous vous interrogerez sur la réelle nature des boutiques magiques itinérantes et sur l’intérêt qu’il peut y avoir à sauver le monde quand on a cinq minutes entre deux courses-poursuites.
Ce volume offre une échappée particulièrement plaisante, une aventure pleine de personnages improbables et délirants. On ne s’ennuie pas une seconde, même à la relecture, et c’est également une belle histoire d’amitié.
Si vous ne connaissez pas encore le Disque-monde, j’espère de tout cœur vous avoir donné envie d’aller y faire un tour. Et n’oubliez pas d’emporter une boîte à images, ça peut servir.

10 commentaires:

  1. C'est un bel hommage :) J'ai effectivement commencé les Annales du Disque-Monde par un autre... le hors série "Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants" avant de prendre cette saga dans l'ordre des tomes. Même si ce ne sont pas les plus réussis, ces deux premiers tomes mettent beaucoup de balises de l'univers. Je crois que le plus fort souvenir que j'ai, c'est le petit démon de la boite à images qui peint et qui se retrouve à court de rose.

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    1. Lors de cette relecture, je me suis rendu compte que j’avais oublié pas mal de choses du premier, contrairement au second. Mais je me souvenais du démon de la boîte à images et de ses considérations bassement matérielles. ;)

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  2. Un très joli hommage, Strega ! J'ai commencé la saga dans l'ordre d'écriture et je n'en apprécie que davantage l'évolution :) ! Les volets avec Mémé ont ma préférence pour le moment (sachant que je n'ai pas encore lu un seul concernant le Guet ) mais j'apprécie de pouvoir passer d'un perso à un autre. Comme tu le dis, faire des pauses et lire autre chose entre deux volumes est une bonne idée. J'en garde toujours un sous la main en cas de coup de cafard et je ne peux résister à l'envie de lire à haute voix mes passages favoris à L'Amoureux, même s'il ne partage pas mon enthousiasme puisqu'il est hors contexte.

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    1. Et quand tu lui lis des passages ça ne lui donne pas envie d'en découvrir plus ? Moi aussi j'adore Mémé !

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    2. Le problème est le suivant : J'ai tendance à le saôuler avec mes découvertes. Regarde ceci, écoute cela...Au bout d'un moment, je crois qu'il devient imperméable et je choisis toujours mal mon moment. Faut dire aussi que vouloir partager un dialogue Pratchettien tout en pouffant de rire à chaque syllabe, y'a mieux pour se faire comprendre :D. Aussi, je crois qu'il n'a jamais lu de fantasy. Son genre, c'est plutôt les classiques grecs, les bouquins de chez Toussaint Louverture pour les contemporains, et côté humour, Desproges. Ses goûts ne sont pas incompatibles avec les miens, mais parfois, j'avoue que pour l'un comme pour l'autre, il y a un pas de côté non négligeable à faire, du moins au début. Bon là, il commence à me piquer des livres et il a tenté Lisa Tuttle, par exemple. Un Thomas Ligotti est en cours, je ne vais pas lui en demander trop d'un coup ;).

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    3. Effectivement, c'est déjà pas mal comme échanges !

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    4. Oh et il a lu Serpentine de Mélanie Fazi (au tout début de notre histoire) et Le Blanc Va Aux Sorcières bien avant moi ! Il fait des efforts pour élargir ses horizons, c'est certain, mais pour Pratchett, c'est encore trop tôt (son meilleur pote lui en a pourtant offert un, Le Faucheur, il y a des années, pas encore ouvert). Il a du mal à lire juste pour se détendre, selon moi, enfin même en mode divertissement, le ton reste assez sérieux. Il lit beaucoup pour ses propres travaux sur les plantes aussi. On ne peut pas se rejoindre sur tout, mais nous avons déjà beaucoup en commun !

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    5. Pour former un bon couple il faut se ressembler assez pour bien vivre ensemble et être suffisamment différents pour avoir des choses à partager. Ça me fait plaisir de voir que tu as trouvé ton équilibre auprès de lui. :)

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  3. Très bel hommage ! Et belle chronique, aussi. Ah, quand je pense aux grandes personnes que l'imaginaire a perdu cette année... mon coeur se serre :( Pratchett et moi, c'est une longue histoire. Déjà, on a failli se rater. Mais vraiment. Enfant, j'avais lu sa trilogie des gnomes sans que ça me laisse un souvenir impérissable. Puis une nouvelle dans une antho, mais pareil : à l'époque, j'étais marquée par d'autres lectures. Adulte, j'avais + ou - oublié ces lectures et, à force d'en entendre parler, je m'étais lancée dans le premier volume du Disque-Monde(pour les lire dans l'ordre). Je n'avais pas accroché et laissé tomber en cours de route. Je me suis dit "désolée Monsieur Pratchett, mais je crois qu'on n'est pas fait pour s'entendre" Puis j'ai rencontré mon homme qui, grand fan de Pratchett, a sauté au plafond quand j'ai raconté ma rencontre ratée avec l'univers du Disque-Monde. D'après lui, je n'avais pas démarré comme il faut. Et il m'a fourré dans les mains Mécomptes de fées parce qu'il me connaît bien et sait que les contes, c'est mon dada. Maintenant ? J'ai lu une dizaine de volumes, je les ai quasi tous adoré, et je compte bien poursuivre mon exploration de cette grande saga :) Lire Pratchett, c'est pour moi l'assurance d'un très bon moment, un remonte-moral dans le cas où celui-ci est bas, un moment de lecture jouissif dans tous les cas. M. Pratchett, je suis bien contente d'être revenue sur mon avis premier - j'aurai raté de sacrés bons moments de lecture, sans ça !

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    1. Belle anecdote ! Toutes les belles rencontres littéraires ne se font pas instantanément, heureusement que le hasard nous ramène parfois vers certains auteurs. Comme toi j'ai peiné un peu à ma première lecture de La Huitième Couleur. Au cours des premiers chapitres, je me demandais pourquoi tant de gens étaient si enthousiastes, mais j'ai bien fait de persévérer. J'ai encore bien des romans de Pratchett à découvrir et je m'en réjouis d'avance. Malheureusement c'est vrai, nous avons perdu beaucoup de merveilleux auteurs ces derniers temps. Je suis particulièrement triste pour Pratchett. :(

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