dimanche 3 avril 2016

Le Secret de la manufacture de chaussettes inusables

Un roman d'Annie Barrows publié chez Nil (bientôt disponible en poche).


Texte intégral lu par Claire Tefnin pour Audiolib.


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le secret de la manufacture de chaussettes inusables - annie barrows

 

Présentation de l'éditeur :


(J'ai pris le résumé de la version grand format, celui d'audiolib étant complètement à côté de la plaque...)


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Ce n'était pas le projet estival dont Layla avait rêvé.
Rédiger l'histoire d'une petite ville de Virginie-Occidentale et de sa manufacture de chaussettes, Les Inusables Américaines.
Et pourtant...


Été 1938. Layla Beck, jeune citadine fortunée, refuse le riche parti que son père lui a choisi et se voit contrainte, pour la première fois de sa vie, de travailler. Recrutée au sein d'une agence gouvernementale, elle se rend à Macedonia pour y écrire un livre de commande sur cette petite ville.
L'été s'annonce mortellement ennuyeux. Mais elle va tomber sous le charme des excentriques désargentés chez lesquels elle prend pension. Dans la famille Romeyn, il y a... La fille, Willa, douze ans, qui a décidé de tourner le dos à l'enfance... La tante, Jottie, qui ne peut oublier la tragédie qui a coûté la vie à celui qu'elle aimait... Et le père, le troublant Félix, dont les activités semblent peu orthodoxes. Autrefois propriétaire de la manufacture, cette famille a une histoire intimement liée à celle de la ville.
De soupçons en révélations, Layla va changer à jamais l'existence des membres de cette communauté, et mettre au jour vérités enfouies et blessures mal cicatrisées.



J’avais apprécié Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates et j’avais besoin d’un roman tranquille, bien écrit mais reposant, à écouter en tricotant sans perdre des mailles à chaque rebondissement. Vous voyez le genre ? C’est ainsi que j’ai jeté mon dévolu sur Le Secret de la manufacture de chaussettes inusables. Malheureusement, si outre le titre à rallonge (qui n’est dû qu’à l’éditeur français) il a bien les mêmes défauts que le précédent roman d’Annie Barrows, il n’en a pas les qualités.
Le Cercle est un roman tendre et lumineux, plein de bons sentiments parfumés à la guimauve, mais offrant l’assurance de passer un moment agréable. Même si on voit chaque événement arriver de loin, on a envie d’y croire un peu. Par contre, La manufacture force davantage le trait et perd ainsi toute vraisemblance. Je ne peux pas dire que ce roman est insipide, mais si je l’avais lu et non écouté, je ne suis pas sûre que j’aurais eu la patience d’en venir à bout.
Le début était pourtant prometteur. La narration plurielle est émaillée de courriers, ce qui en général me plaît bien. Le lecteur est propulsé en 1938 dans une petite ville de Virginie-Occidentale, à la rencontre d’une famille déchue de la bourgeoisie du cru. Ces gens recèlent bien des secrets, mais pas de quoi perdre une maille en route… J’avais choisi ce livre en connaissance de cause, néanmoins c’était trop superficiel, sans finesse, sans légèreté.
Cet été-là, lors de la préparation des festivités du cent-cinquantenaire de la petite ville de Macedonia, le statu quo qui règne chez les Romeyn, grâce à un mouchoir habilement jeté sur le passé, va être bouleversé par une fillette et une locataire un peu trop fouineuses. Willa a douze ans et commence à se rendre compte que les adultes lui cachent des choses. Layla en a vingt-quatre, n’est pas très futée, mais essaie de se faire une place dans son nouvel environnement. Cela aurait pu être chouette, mais c’est surtout très lent.
Chez Annie Barrows, les personnages sont caricaturaux. Quand je m’y attends, ça ne me gêne pas outre mesure, cependant c’était trop cette fois. Comme dans Le Cercle, nous avons en bordure d’intrigue quelques personnages fats et arrogants qui en deviennent comiques, mais ils ne parviennent pas à offrir au récit cette aura de loufoquerie qui excuse leur manque d’envergure. Les héros eux-mêmes ne sont pas plus plausibles. La plupart sont sympathiques de prime abord, mais peu le demeurent et la façon dont ils se comportent n’est pas toujours vraisemblable.
Layla est sans nul doute la moins crédible de tous. Elle passe de gamine gâtée superficielle à jeune femme autonome et intelligente d’un claquement de doigts. Elle se fait tout de suite à sa nouvelle condition et à son travail alors que, riche et choyée par ses parents, elle craignait la vie active comme s’il s’était agi d’une maladie vénérienne… L’auteur lui prête des élans de féminisme et de militantisme qui sonnent faux dans sa bouche et le personnage en lui-même est tout simplement aberrant. Le résumé la fait passer pour le personnage principal alors qu’elle reste dans l’ombre de Jottie et Willa, juste là pour remplir les blancs. Selon le besoin de l’intrigue, elle est soit brillante et indépendante, soit ingénue à la limite de la bêtise… Elle m’a exaspérée la plupart du temps.
Les autres sont presque tous des éléments de décor, sauf Willa et Jottie. Cette dernière, touchante et pleine de vie, est celle que j’ai le plus appréciée. Du moins jusqu’aux derniers chapitres… J’avoue qu’à ce moment je pensais surtout qu’il était temps d’en finir, l’histoire s’embourbait trop et versait vraiment dans le mauvais goût. Même Jottie commençait à perdre de sa cohérence… J’ai été déçue par cette fin qui se délite, trop facile, trop empruntée. Tout ça pour ça…
Pour finir, parlons un peu de la version audio. La lectrice grasseye beaucoup, ce qui donne un genre aux personnages qu’ils n'ont peut-être pas, et puis c'est agaçant à la longue. Ceci dit, je comprends sa difficulté à trouver suffisamment de façons différentes afin de marquer le changement de personnage. Cela mis à part, Claire Tefnin est une lectrice très agréable. J’apprécie souvent les audiolib pour la très simple raison que leurs lecteurs sont choisis avec soin. Ils n’en font pas trop (Le Hobbit reste l’exception), contrairement à d’autres qui parviennent à rendre le récit ridicule… (Vous avez déjà entendu des extraits des premiers tomes de Harry Potter ou du Trône de fer ? C’est pathétique…)
Le Secret de la manufacture de chaussettes inusables est le genre de roman à lire lors des vacances estivales, quand on s’interrompt souvent et qu’on ne veut pas se prendre la tête. Ça peut être une bonne distraction. J’ai brossé un tableau assez négatif, pourtant je l’ai terminé et tout ne m’a pas déplu, même si je vais bien vite oublier cette histoire…

2 commentaires:

  1. Je vais passer mon chemin, alors (trop de livres à lire ! ^^"), surtout que j'avais beaucoup apprécié Le cercle des amateurs d'épluchures de patates. Merci pour ta critique !

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    1. Ravie d'avoir été utile. ;) Mine de rien, je pense que j'attendais trop de ce roman. Le contraste avec Le Cercle, qui est vraiment un livre doudou, a probablement influencé mon avis.

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