Texte d'Anthelme Hauchecorne.
Illustrations de Loïc Canavaggia.
Publié aux éditions du Chat Noir.
Quatrième de couverture :
Octobre 1345,
Comté de Bourgogne
Fuyant la colère du baron,Aymeric Jodelet, peintre et coureur de jupons, doit s’exiler de son village.
L’artiste trouve refuge dans la forêt voisine, au mépris des superstitions.
Selon les paysans, un monstre y rôderait : la Vouivre, dont les griffes déchireraient les intrus. Une fable, rien de plus ?
À l’automne, les sentiers sylvestres mènent n’importe où. Parfois jusqu’à l’inconnu.
Comme j’ai déjà pu m’en rendre compte lors de précédentes lectures, Anthelme Hauchecorne excelle dans l’art de revisiter les légendes. Il les régénère en quelque sorte, leur offrant une poésie nouvelle et surtout le relief qui parfois manque à des récits qui, s’ils restent magnifiquement symboliques, sont souvent trop manichéens ou superficiels.
Avec Noces d’écailles, il s’attaque à la Vouivre. Figure mystérieuse, féminine et reptilienne, tendre et cruelle à la fois, qui hante notre imaginaire collectif. D’autres avant lui, dont Marcel Aymé, l’ont tenté, mais ce personnage légendaire reste en retrait des textes modernes. Il a gardé son mystère et n’en est donc que plus passionnant car toujours sauvage.
Noces d’écailles est à la fois novella et artbook. Dans ses magnifiques illustrations, Loïc Canavaggia donne vie comme personne aux créatures de toutes écailles. Que celles-ci soient issues de rêves ou de cauchemars, elles semblent réelles tant le soin du détail qui leur est apporté est acéré. Ce bel ouvrage se feuillette et s’admire autant qu’il se lit.
Aymeric, le personnage principal et narrateur, nous conte à travers des lettres et un journal intime une mésaventure qui lui est arrivée alors qu’il se cachait au cœur de la Sylve serpentine.
Cartésien et acariâtre, Aymeric n’en est pas moins sympathique. On s’attache à ce peintre solitaire, on tremble en le voyant commettre ses pires erreurs. Le fait que le récit nous parvienne par le biais d’écrits intimes renforce l’immersion et la connivence avec le personnage principal, d’autant que la richesse du style permet de s’imprégner de l’ambiance sombre et forestière du récit. Toutes les illustrations sont, de même, censées avoir été brossées par le personnage et n’en paraissent que plus vivantes.
Le texte est superbe et flotte encore longtemps après lecture à la lisière de l’esprit et des songes. Anthelme Hauchecorne a une manière bien à lui de nous faire réfléchir sur le concept de monstruosité et ce questionnement fait partie de ce qui m’a le plus marquée à la lecture de cet ouvrage.
C’est une belle lecture qui ravira tous les amateurs de contes, d’esprit chthoniens et de beaux ouvrages.
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