Un roman de Mélinda Schlige.
Présentation de l'éditeur :
Ingénieur, Benjamin se révèle incapable de réagir à un projet visant à déverser des drones autonomes au cœur des villes. Il pressent que le programme est un danger pour les populations, même si l'engin doit bénéficier de son propre réseau, mais il est entravé par le poids du suicide de sa tante, et son enthousiasme pour la haute technologie a pris fin en Afghanistan, où il a appris à ses dépens qu'un esprit malveillant peut transformer le drone en arme. Les intérêts de Buleo, son entreprise, et ceux du ministre des transports, ou même ceux de Tanya, sublime arriviste en charge de la communication du projet, sont autant d'obstacles à franchir, et les stratagèmes qu'il imagine ne suffisent pas à ébranler une machinerie bien huilée, soi-disant au service de tous. Parallèlement, Habib Khan, l'Afghan à l'origine du drame qu'il a vécu en Afghanistan, poursuit ses manœuvres pour parvenir à utiliser le Junction à des fins de vengeance. Il compte sur son frère Mahdi, et sur sa femme Asima, réfugiés en France, avec qui il a engagé une lutte contre les talibans ? Benjamin parviendra-t-il à recouvrer l'envie de se battre ? En aura-t-il les moyens ? Sera-t-il de taille face à l'ambition démesurée des Français, et à la détermination de Khan ?
Benjamin est ingénieur dans le domaine des drones. Un projet de son entreprise le ramène sur ses terres natales et ses souvenirs commencent à s’entrechoquer. De vieilles hantises remontent à la surface. Tout d’abord le suicide de sa tante Emma. Il ne s’est jamais remis de la mort de cette seconde mère dont l’influence pèse encore sur son existence. Et puis il y a son travail et le développement de drones urbains destinés aux commerçants et aux particuliers pour les livraisons de proximité. Benjamin a un jour accordé sa confiance à la mauvaise personne et s’est rendu complice d’un effroyable crime. Il craint plus que tout que ses créations soient de nouveau dévoyées pour servir les objectifs de personnes sans scrupules. Mais jusqu’où devra-t-il aller pour empêcher cela ?
Ciao Bella est une fiction spéculative où l’anticipation est légère mais pose de nombreuses questions morales concernant l’usage des technologies et leurs dérives. C’est un problème très actuel. Nous savons tous qu’en ces temps incertains ce que l’on crée pour nous faciliter la vie peut très vite se retourner contre nous. Cependant, au-delà de cette question importante, une autre interrogation rythme le roman : où se trouve la limite qui sépare un acte juste d’un acte terroriste. Entre théorie et pratique il y a tout un monde, fait de nuances et de l’impact que toute action peut avoir sur autrui. Des paramètres calculés peuvent malgré tout mener une action que l’on croit maîtrisée au désastre. Si de bonnes intentions ont des effets délétères, qu’importe que la motivation première ait semblé juste.
Benjamin s’est trouvé confronté à un homme qui, en voulant se faire justice lui-même, a choisi d’occulter complètement les victimes innocentes qui se trouveraient sur son chemin. Ne risque-t-il pas de dériver à son tour ? Et cette mère en colère qui veut frapper un grand coup pour dissuader des extrémistes d’embrigader des jeunes ne court-elle pas à la catastrophe ? Nous sommes tous responsables de nos choix et de leurs conséquences mais nous ne les maîtrisons pas toujours ; nous pouvons tous franchir la limite sans nous en apercevoir. En luttant contre des terroristes et des oppresseurs en utilisant les mêmes moyens qu’eux, ne devient-on pas à leur image, même si l’on ne souhaite pas engendrer les mêmes dégâts ?
Benjamin est un homme idéaliste, un rêveur qui a cru que son travail rendrait le monde meilleur et qui a réussi mais est également tombé de très haut. C’est un personnage émouvant, que l’on voit évoluer, en quête du courage qui lui permettra de couper l’herbe sous le pied de ceux qui pourraient détourner ses drones. Il y a bien sûr les souvenirs de sa tante, cette blessure intime qui demeure et les questions en suspens qu’elle a laissées. Cependant, c’est dans sa relation avec Stella, une fillette immobilisée dans l’attente de l’opération qui la fera peut-être remarcher qu’il est le plus touchant. Stella représente l’avenir, elle rêve de liberté et de voyages. C’est pour elle et sa sécurité que Benjamin trouve la force de lutter. À côté de cela, sa relation avec Tanya, la mère de l’enfant, paraît malheureusement un peu trop artificielle et ne m’a pas convaincue.
Ce fut une lecture intéressante et bien construite pour la réflexion qu’elle propose. J’ai déploré que les faits soient contés de manière assez clinique, mais cela ne dérangera pas les lecteurs qui préfèrent aller droit au but sans fioritures. Il m’a manqué un petit quelque chose d’indéfinissable pour m’impliquer davantage dans le sort des personnages, cependant c’est une perception toute personnelle.
Si vous aimez les fictions spéculatives qui s’intéressent au devenir de nos technologies en développement, les romans qui traitent de problèmes actuels et les personnages dont l’histoire personnelle se mêle soudain à quelque chose de plus universel, cette histoire devrait éveiller votre intérêt.
Une chronique fouillée qui fait bien ressortir la difficulté qu'à le personnage a faire des choix justes.
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