mercredi 9 septembre 2020

Arts et Fantastique

Une anthologie publiée chez Voy'El.

Présentation de l'éditeur : 
S'inspirant des œuvres du XIXème siècle comme "La Vénus d'Ille" ou "Le Portrait de Dorian Gray", les auteurs de cette anthologie vous proposent de plonger dans des récits fantastiques où l'Art tient une place essentielle. Peinture, sculpture, musique, mais aussi art des masques, art culinaire ou des mosaïques, chaque texte vous permet de découvrir une histoire originale et extraordinaire.
Sommaire :

- Préface de Corinne Guitteaud
- La mort n'a qu'un visage d'Audrey Salles
- Ceci n'est pas un tableau de Julia Di Folco
- Golem d'Émilie Chevallier Moreux
- De l'autre côté de la nuit de Sylwen Norden
- Gasandji d'Hélène Goffart 
- Le chant du cygne de Florence Barrier
- La dame sur un lit de satin d'Aurélie Genêt
- Le jardin des statues de Sandra Tamburrini 
- Lune sur le Trieux de Jean-Pascal Martin 
- Fou à lier, fous alliés de Christophe Lesieur
- Fausses notes d'Éric Lysøe 
- Opéra tragique d'Irène Bourdin 
- Une mosaïque d'avenirs de Pascal Lemaire 
- Tendregorge, Lécheglotte et Croqueladent de Florent Paci
- Le fruit défendu de Lilian Devigne
- Le mur des Je t'aime d'Émilie Riger 
- Mademoiselle de Boisanteil et sa sœur de Pauline Sidre

Tableaux étranges, musiques obsédantes, statues vivantes et imagination débridée, le Fantastique s’est toujours nourri d’esthétique, du mystère de la créativité autant que d’objets d’arts exerçant leur fascination sur le monde. Il aime se regarder dans un miroir et montrer le sacrifice qu’implique la création, la folie sous le sublime et la crasse sous le vernis. Il mêle le beau à l’horrible pour mieux saisir son lecteur. 
L’art, quel que soit le support par lequel il s’exprime, recèle toujours une forme de magie. De la naissance de l’idée à l’élan qui permet de la réaliser, pour aboutir à un œuvre qui, peut-être, déclenchera toutes sortes d’émotions chez son public. Ce n’est jamais anodin. Parfois, une œuvre vous captive et alors comment se défaire de son sortilège ? Le Fantastique est une littérature de l’obsession.
La peinture, la littérature, la musique, le théâtre et tous les arts plastiques peuvent se changer en fugue ou cristalliser nos rêves comme nos cauchemars. Cela représente un inépuisable vivier pour l’auteur qui souhaite explorer les méandres de l’âme humaine.
La littérature fantastique et l’art ont donc de tout temps entretenu des rapports étroits. Et quand on pense aux classiques du genre c’est souvent la peinture qui vient à l’esprit avec Gogol, Wilde, Tuttle… Il y a tant de superstitions associées à la capture de l’image… Je craignais que dans cette anthologie l’art pictural écrase tous les autres et j’ai été ravie de constater que ce n’est pas le cas. La diversité des textes, autant au niveau de l’ambiance que des thèmes, m’a ravie.
Les thèmes évoqués sont classiques : obsessions, fuites dans des mondes oniriques, apparences trompeuses, folie ou inspiration divine, la mort qui rôde, les monstres qui s’invitent dans notre réalité, des vengeances aux saveurs douces ou amères, des fantômes et des énigmes. Cependant, les auteurs ont su leur donner de l’originalité.
Vous trouverez ici de l’horreur et de l’humour, des frissons d’angoisse et de l’espoir, de l’amour, de la tragédie, des peurs insidieuses. Vous admirerez des œuvres divines ou maléfiques : tableaux hantés, musiques troublantes, sculptures obsédantes, mais l’art prend aussi dans ces pages des formes plus inattendues.
Ma nouvelle préférée est Le chant du cygne de Florence Barrier. J’ai aimé l’ambiance brumeuse, un rien onirique, de ce récit. Le moment de l’année où il se déroule le place d’emblée hors du temps, cependant c’est sa délicatesse qui m’a charmée.
J’ai aussi apprécié Golem, un texte un peu prévisible mais fort plaisant qui parle de littérature et de folie. Je l’ai trouvé très grinçant (et c’est un compliment).
La mort n'a qu'un visage d'Audrey Salles est un texte assez glauque et dérangeant, enrobé d’un humour particulier. Il ouvre à la perfection cette anthologie car le Fantastique est aussi une littérature d’apparences, d’illusions, de faux-semblants. Qu’est-ce qui, mieux qu’un masque, pourrait illustrer cela ?
Dans Ceci n'est pas un tableau de Julia Di Folco on a affaire à un Fantastique un peu onirique, obsédant et vaporeux. J’ai beaucoup aimé cette mise en abyme et la réflexion sur l’impulsion créatrice.
De l'autre côté de la nuit de Sylwen Norden m’a évoqué une mélodie lancinante bien que l’histoire porte sur une forme d’art différente. J’ai aimé la poésie mélancolique et sombre de ce texte si évocateur.
Fausses notes d'Éric Lysøe m’a beaucoup amusée. Une fois encore, l’obsession y est dépeinte, mais de manière plutôt originale.
Je termine en évoquant mon deuxième texte favori : Opéra tragique d'Irène Bourdin. J’ai adoré ce récit au long cours, sa subtilité et ses personnages. J’ai apprécié sa fantasmagorie autant que sa façon d’interpréter l’histoire jusqu’à l’anticipation.
Arts et Fantastique est une excellente anthologie. Je me plains souvent que trouver du Fantastique de qualité devient de plus en plus difficile, essentiellement parce qu’on en publie déjà très peu et qu’en outre c’est dans la nouvelle, format de plus en plus boudé, qu’il s’exprime le mieux. Alors cela m’a fait plaisir de découvrir une œuvre telle que celle-ci, qui de surcroît est composée de textes d’auteurs peu connus. 
Ces Fantastiques de toutes formes illustrent à la perfection la richesse de ce genre oublié et tout le potentiel qu’il possède encore de nos jours. J’espère que cela vous donnera envie d’en lire plus souvent.

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