Un roman de Talia Hibbert, publié exclusivement en numérique dans la collection Kobo Originals.
C’est parti pour une petite romance de Noël.
D’un côté nous avons Abbie, revêche mais juste assez pour cacher ses faiblesses. Parce qu’Abbie a grandi dans une tribu de garçons et qu’apparemment être gentille équivalait à tendre le bâton pour se faire battre, même si ses frères l’adorent. Et puis la vie ne l’a pas aidée à s’ouvrir aux autres. Elle sort d’un mariage désastreux et pense que le seul mec qui l’intéresse vraiment est devenu inaccessible. Donc Abbie est dévorée par toutes sortes d’angoisses, mais elle travaille là-dessus.
De l’autre côté nous avons Will, qui a grandi juste à côté de chez Abbie et qui s’est quasiment fait adopter par la fratrie. Il est devenu acteur, a conquis le monde entier, mais il reste le gars simple qu’il a toujours été. Le fait de n’avoir pas toujours eu la vie facile l’aide bien à garder les pieds sur terre.
Bien sûr ces deux-là sont amoureux depuis l’enfance, mais n’ont jamais osé se le dire… Peut-être en trouveront-ils l’occasion durant ces fêtes de Noël, censées se passer en famille dans la ferme écossaise de la grand-mère d’Abbie. En tout cas, c’est ce qu’espère Will. Et il a un plan.
Bon, disons-le tout de suite, je n’ai pas été enchantée par cette romance. C’est mignon, ça se lit vite et ça commençait plutôt bien, mais ça manque de relief. Ce roman est un squelette sans muscles ni chair. Il n’est pas abouti et c’est là son problème majeur.
On dirait que l’autrice a voulu terminer son histoire le plus vite possible. Cela est flagrant dans la façon dont elle ébauche à peine ses personnages secondaires. Par exemple, les trois frères d’Abbie, dont deux sont plus âgés et un est son jumeau, ne semblent pas avoir de partenaires ni d’enfants. Certes, ils ont le droit, mais ça fait beaucoup d’adultes de plus de trente ans célibataires dans la même famille, non ? Ce sont des plantes vertes dans un décor en carton. Néanmoins cela pourrait passer, si la romance était plus construite. Pas forcément plus profonde (je n’en attendais pas tant), mais plus vivante.
Malheureusement, dans le même esprit d’économie d’intrigue ou de descriptions, il ne se passe pas grand-chose. Will dit « je veux » et Abbie répond « j’ai peur », pendant une centaine de pages (le roman en compte 119). Le schéma est vraiment répétitif car la majeure partie du récit se concentre sur l’analyse des sentiments des personnages. On se focalise sur l’un ou sur l’autre et sur leurs questionnements qui tournent en spirales. Ils ressassent leurs désirs et angoisses parce qu’ils ont peur du rejet et surtout de n’être pas aimés en retour autant qu’ils aiment, chacun étant persuadé que ses sentiments sont si forts que l’autre ne pourra pas le supporter… L’autrice aurait pu rendre cela plus vivant en racontant certains de leurs souvenirs, pour montrer comment ils sont tombés amoureux ou en les faisant davantage interagir durant ces retrouvailles, toutefois elle a préféré les monologues intérieurs. On sort de ce roman sans réellement connaître Abbie et Will.
Je trouve cela dommage parce que pour une fois le personnage masculin n’est pas un gars toxique. Will respecte les limites de la femme qu’il aime et c’est bienvenu quand on sait que la romance fait plutôt la part belle aux pervers narcissiques en général. En revanche, si Abbie est un personnage plutôt crédible (pas forcément sympathique, mais dont on peut en tout cas comprendre le comportement) je me suis souvent demandé de quelle planète venait Will… Comme si être gentil était forcément synonyme d’abruti dans la tête de l’autrice... il a le QI d’une huître et la capacité d’attention d’un chiot. Sérieusement, j’ai essayé de l’apprécier mais il est complètement à l’ouest les trois quarts du temps. J’ai même eu pitié. C’est à se demander comment ce gars retenait ses dialogues. Ceci dit, il explique lui même qu’il doit tout à sa belle gueule et qu’il ne se sert pas souvent de son cerveau. Au moins il en a conscience et sa créatrice aussi… Alors oui, un gars distrait peut avoir un certain charme, mais lui raisonne et agit comme un enfant.. C’est perturbant. Enfin, au moins il m’aura fait rire. De consternation, mais c’est déjà ça.
J’ai bien conscience d’être aussi revêche qu’Abbie dans cette chronique, cependant j’ai vraiment essayé de voir les bons côtés de ce roman. Je crois qu’il aurait gagné à être étoffé. N’en attendez pas trop, mais si vous voulez une lecture rapide et peu exigeante, une romance moderne sans macho ultra possessif, il pourrait vous plaire.
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