Une BD de Bryan Talbot, publiée chez Milady Graphics.
Dans le Paris de la Belle Epoque, l'inspecteur LeBrock de Scotland Yard est sur la piste d'un mystérieux assassin. Inspiré par le travail du caricaturiste français du XIX e siècle JJ Grandville et l'illustrateur de science-fiction Robida - sans parler de sir Arthur Conan Doyle, Rupert l'Ours et Quentin Tarantino -, Bryan Talbot fait une fois encore la preuve de son immense talent.
Grandville est avant tout une uchronie steampunk dont les personnages sont des animaux anthropomorphes. Dans l’univers mis en place par Talbot, Napoléon n’a pas perdu à Waterloo, il a conquis toute l’Europe et a fait de Paris, qu’on surnomme Grandville, la capitale de son empire. Il n’a donné son indépendance à l’Angleterre qu’à cause des attentats répétés d’un groupe d’anarchistes. Au début de cet album, la situation politique est d’ailleurs tendue. La grogne populaire, le racisme, le danger lié aux groupes extrémistes sont partout.
Talbot a, de manière plutôt intelligente et relativement subtile, su mêler notre histoire passée et présente pour créer quelque chose d’original qui, tout en respectant les limites imposées par le genre de la BD et par la vraisemblance, a une dimension socio-politique intéressante qui ne peut qu’être évocatrice pour le lecteur. Rien de bien complexe, évidemment, mais le concept est excellent.
J’ai vraiment apprécié le goût du détail dont l’auteur a fait preuve, que ce soit dans l’histoire comme dans le dessin. Grandville est un album très visuel. J’entends par-là qu’il n’y a pas de dialogues inutiles ou de sur-explication. Pourtant on ne perd rien de cette histoire, on ne ressent pas de frustration quand la fin arrive car tout s’équilibre.
Il y a de nombreuses références, picturales comme littéraires, de la BD franco-belge du XXe siècle aux romans de Conan Doyle et c’est un plaisir de les débusquer tout au long de la lecture.
LeBrock, personnage principal de cette histoire, inspecteur de Scotland Yard est un personnage sympa, l’archétype du flic un peu bourru, mais au grand cœur. Il se prend un peu pour un mercenaire dans un monde pourri, mais on lui pardonne. C’est aussi un blaireau, au sens animalier du terme. Il faut dire qu’outre-manche cet animal n’a pas la même déplorable réputation que chez nous. Pour les Britanniques le blaireau est surtout loyal et tenace, il ne lâche jamais l’affaire et en cela l’incorruptible LeBrock est un bon représentant de son espèce.
Notre héros a aussi un petit côté James Bond, celui des romans plus que des films, à la fois dans ses relations avec les femmes et sa manière expéditive de régler les affaires sur lesquelles il travaille. En effet, s’il se pique d’utiliser les méthodes de notre bon vieux Sherlock (et en plus le jeu de mot avec un des mots pour blaireau fait la rime, si ça n’est pas merveilleux !) LeBrock est un peu loin du compte. C’est bien dommage. Il ne cherche pas de réelles preuves pour étayer ses intuitions, il ne déduit rien, il « sait » et il fonce… Heureusement que le hasard l’aide souvent… C’est bien le seul reproche que je pourrais faire à cette histoire, avec le fait qu’il n’y a guère de rebondissement. Les autres personnages sont un peu des faire-valoir, mais une BD ne permettant pas un grand développement des personnalités de tout un chacun, je ne vais pas chipoter davantage. C’est une lecture très plaisante.
Et puis il convient également de dire que Grandville est un très bel album, à commencer par la couverture, sobre mais élégante, dont le cartonnage épais rappelle un peu la BD des années 40-50 (puis qui personnellement m’évoque aussi les albums de Benjamin Rabier et pas seulement à cause des animaux anthropomorphes).
Les planches aussi sont superbes. J’avais déjà zyeuté le travail de Bryan Talbot dans Sandman et un des albums de Fables qui est encore à ce jour parmi mes préférés, cependant ça ne m’avait pas marquée plus que ça, je l’avoue. Ceci dit, en parcourant Grandville, j’ai eu plus de points de comparaison et effectivement j’ai pu faire un peu la part des choses avec mes souvenirs.
Le Dessin est fin, élégant, et la « mise-en-scène » des images excellente (c’est surtout sur ce dernier point que j’ai vu la ressemblance avec ce qu’a fait Talbot dans Romances). La colorisation, bien qu’elle soit tout droit sortie de photoshop a un petit côté rétro qui s’adapte parfaitement à l’histoire. Et puis le choix de cette palette de couleurs un peu sombres, mais pas trop froides a la classe.
En outre, que dire de toutes les références glissées dans les dessins comme dans le texte ? J’ai beaucoup aimé jouer à les chercher tout au long de ma lecture. Certaines m’ont parlé tout de suite, d’autres un peu moins, puis il y en avait aussi que je ne connaissais pas du tout et que découvrir fut un plaisir. J’ai d’autant plus apprécié la postface très complète de l’auteur, une exclusivité de la version française, car elle met en relief et explique tous ces clins d’œil. Talbot y donne également un exemple du travail de colorisation qu’a demandé cet album.
C’est vraiment une très belle BD que je vous encourage à découvrir. Il existe un second tome, Grandville mon amour, paru également en français chez Milady Graphics.
Talbot a, de manière plutôt intelligente et relativement subtile, su mêler notre histoire passée et présente pour créer quelque chose d’original qui, tout en respectant les limites imposées par le genre de la BD et par la vraisemblance, a une dimension socio-politique intéressante qui ne peut qu’être évocatrice pour le lecteur. Rien de bien complexe, évidemment, mais le concept est excellent.
J’ai vraiment apprécié le goût du détail dont l’auteur a fait preuve, que ce soit dans l’histoire comme dans le dessin. Grandville est un album très visuel. J’entends par-là qu’il n’y a pas de dialogues inutiles ou de sur-explication. Pourtant on ne perd rien de cette histoire, on ne ressent pas de frustration quand la fin arrive car tout s’équilibre.
Il y a de nombreuses références, picturales comme littéraires, de la BD franco-belge du XXe siècle aux romans de Conan Doyle et c’est un plaisir de les débusquer tout au long de la lecture.
LeBrock, personnage principal de cette histoire, inspecteur de Scotland Yard est un personnage sympa, l’archétype du flic un peu bourru, mais au grand cœur. Il se prend un peu pour un mercenaire dans un monde pourri, mais on lui pardonne. C’est aussi un blaireau, au sens animalier du terme. Il faut dire qu’outre-manche cet animal n’a pas la même déplorable réputation que chez nous. Pour les Britanniques le blaireau est surtout loyal et tenace, il ne lâche jamais l’affaire et en cela l’incorruptible LeBrock est un bon représentant de son espèce.
Notre héros a aussi un petit côté James Bond, celui des romans plus que des films, à la fois dans ses relations avec les femmes et sa manière expéditive de régler les affaires sur lesquelles il travaille. En effet, s’il se pique d’utiliser les méthodes de notre bon vieux Sherlock (et en plus le jeu de mot avec un des mots pour blaireau fait la rime, si ça n’est pas merveilleux !) LeBrock est un peu loin du compte. C’est bien dommage. Il ne cherche pas de réelles preuves pour étayer ses intuitions, il ne déduit rien, il « sait » et il fonce… Heureusement que le hasard l’aide souvent… C’est bien le seul reproche que je pourrais faire à cette histoire, avec le fait qu’il n’y a guère de rebondissement. Les autres personnages sont un peu des faire-valoir, mais une BD ne permettant pas un grand développement des personnalités de tout un chacun, je ne vais pas chipoter davantage. C’est une lecture très plaisante.
Et puis il convient également de dire que Grandville est un très bel album, à commencer par la couverture, sobre mais élégante, dont le cartonnage épais rappelle un peu la BD des années 40-50 (puis qui personnellement m’évoque aussi les albums de Benjamin Rabier et pas seulement à cause des animaux anthropomorphes).
Les planches aussi sont superbes. J’avais déjà zyeuté le travail de Bryan Talbot dans Sandman et un des albums de Fables qui est encore à ce jour parmi mes préférés, cependant ça ne m’avait pas marquée plus que ça, je l’avoue. Ceci dit, en parcourant Grandville, j’ai eu plus de points de comparaison et effectivement j’ai pu faire un peu la part des choses avec mes souvenirs.
Le Dessin est fin, élégant, et la « mise-en-scène » des images excellente (c’est surtout sur ce dernier point que j’ai vu la ressemblance avec ce qu’a fait Talbot dans Romances). La colorisation, bien qu’elle soit tout droit sortie de photoshop a un petit côté rétro qui s’adapte parfaitement à l’histoire. Et puis le choix de cette palette de couleurs un peu sombres, mais pas trop froides a la classe.
En outre, que dire de toutes les références glissées dans les dessins comme dans le texte ? J’ai beaucoup aimé jouer à les chercher tout au long de ma lecture. Certaines m’ont parlé tout de suite, d’autres un peu moins, puis il y en avait aussi que je ne connaissais pas du tout et que découvrir fut un plaisir. J’ai d’autant plus apprécié la postface très complète de l’auteur, une exclusivité de la version française, car elle met en relief et explique tous ces clins d’œil. Talbot y donne également un exemple du travail de colorisation qu’a demandé cet album.
C’est vraiment une très belle BD que je vous encourage à découvrir. Il existe un second tome, Grandville mon amour, paru également en français chez Milady Graphics.
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