vendredi 14 décembre 2012

Les âmes croisées

Un roman de Pierre Bottero, publié chez Rageot poche.



Nawel vit à Jurilan, le royaume des douze cités. Aspirante comme ses amis Philla et Ergaïl, elle va choisir la caste correspondant à ses aspirations profondes pour le reste de sa vie. Tout indique qu’elle entrera, selon le désir de ses parents, chez les prestigieuses Robes Mages. Mais Nawel s’interroge sur sa place dans cette caste et sur la voie qu’elle doit suivre…

Un roman de fantasy dont les fils croisent Les Mondes d’Ewilan et L’Autre, mais aussi une réflexion profonde sur le destin et la responsabilité, l’ambition et la sincérité, le hasard et la force des rêves.


Les âmes croisées est un superbe roman initiatique qui met en scène une jeune fille, Nawel, au seuil de sa vie d’adulte. De prime abord elle est arrogante, insupportable, mais se révèle pourtant fragile et humaine au fil des pages. Nawel est une jeune fille plutôt paradoxale. Elle abuse allègrement des privilèges de sa caste, mais demeure très naïve envers ce que son statut peut impliquer en retour. Tout se paie dans la vie et notre héroïne ne l’apprendra qu’à ses dépens. Confrontée à la vie, à la véritable nature de sa société, à elle-même et prenant conscience de la valeur de ses propres choix, Nawel évolue tout au long du récit. C’est ce qui en fait un magnifique personnage et donne toute sa poésie à ce roman d’une sensibilité à la fois pudique et sans fard, touchante.
C’est un roman très intelligemment construit et extrêmement poétique. J’ai beaucoup apprécié les écrits introspectifs de Nawel qui ponctuent un récit narré en grande partie à la troisième personne et permettent de se sentir plus proche de ce personnage un peu distant. On apprend ainsi à l’apprivoiser, à comprendre d’où est née cette froideur. Les chapitres sont courts et leurs fins souvent abruptes, demandant parfois quelques retours en arrière. Cela donne un peu l’impression que l’histoire est hachée mais se révèle au final plus homogène qu’on l’imagine et surtout très adapté aux aléas du récit.
Au début du roman Nawel est telle qu’on l’a façonnée et ne le sait pas, jusqu’au jour où un événement va détruire à jamais l’équilibre si parfait de sa petite vie de privilégiée. Le vernis commence à se craqueler et elle s’aperçoit que tout ce qui fait sa vie est vacuité, parfois même illusion. Elle se rend compte que ses ambitions sont celles de ses parents, que ses choix ne lui appartiennent pas et qu’elle est aussi abjecte qu’eux. Alors Nawel part à la reconquête d’elle-même et c’est ce qui fait la beauté de son histoire. Rien n’est simple ou lisse dans son passage à l’âge adulte. C’est une quête personnelle qui peut parler à chacun d’entre nous car malgré la fantasy de cet univers, les sentiments sont vrais et accessibles.
Au-delà du récit lui-même, ce livre m’attriste toujours autant car c’est le dernier de son auteur. Je ne peux m’empêcher à chaque fois de songer avec compassion à sa famille. Et puis, très égoïstement, j’aurais bien aimé avoir la suite car je me suis attachée à Nawel. Ce ne serait pas forcément nécessaire ceci dit car le roman se révèle très symbolique, surtout dans cette situation où il se fait écho de la vie elle-même au point que cela en devient troublant. Je ne peux vous l’expliquer davantage, il faut lire le livre et décrypter ce qui se cache entre les lignes. C’est triste et beau à la fois.
Ce qui se passe derrière la porte doit rester le secret de ceux qui en franchissent le seuil.
C’est un excellent roman pour les jeunes comme les adultes, pas édulcoré, bien écrit, vif et efficace, qui implique pas mal de réflexion et habitera longtemps l’imaginaire de ses lecteurs.

Ce livre a été relu pour le club de lecture de V&S (il partage le mois de décembre 2012 avec le premier tome d'Apocalypsis d'Eli Esseriam que je vais lire bientôt).
J'en profite pour l'ajouter à mon défi lecture de 2012 pou ne pas être trop ridicule vu le peu de livres qui y figurent.

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