samedi 26 janvier 2013

Le Rêve du Prunellier

Un recueil de nouvelles de Rozenn Illiano.


J'en ai lu la version numérique, mais sachez que la version papier est illustrée.


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« Entends le chant des trains, et les cris d’une Reine des Neiges en furie, et le bruissement des arbres hybrides. Écoute les prières fiévreuses d’une dame d’hiver en péril, l’écho d’un bec de corneille qui cogne à la fenêtre, le bruit sourd d’un corps chutant d’un gratte-ciel. Écoute le silence des mondes qui s’entrechoquent, et le vacarme d’une graine qui grandit, bien cachée sous le bitume…


Huit nouvelles oscillant entre féerie étrange, fantastique éthéré, onirisme nocturne. Huit histoires sans lien ni point commun, ou presque. Juste quelques corneilles, et le froid mordant de l’hiver… »



Le Rêve du Prunellier est un recueil composé de huit nouvelles, toutes reliées entre elles par des choses qui peuvent sembler de l’ordre du détail, mais apportent au fur et à mesure corps et complexité à l’atmosphère bien particulière qui fait toute la beauté de cet ouvrage. L’harmonieuse cohérence qui repose sur ces liens subtils est très habilement construite, toute en nuances et en délicatesse. Les textes se répondent, mais en laissant la possibilité au lecteur d’imaginer ces liens et de leur trouver plusieurs explications.
Il s’agit d’une écriture d’ambiance plus que d’action, poétique, descriptive, mais jamais lourde. Elle ne sert pas de grands textes épiques, mais plutôt une fantasy sensitive, intimiste, imagée et subtile. Attention, ça ne veut pas dire qu’il ne se passe rien dans ces récits, mais plutôt qu’ils sont résolument atypiques. J’ai vraiment apprécié cette façon de raconter, de faire vivre ces histoires.
Tout dans ce recueil m’évoque quelque chose de familier et lointain à la fois. L’hiver, les corneilles, les contes, les morceaux épars d’un univers onirique, me semblent autant de touches familières, tout en laissant aux textes quelque chose de dépaysant, un rien de froideur mélancolique qui s’accroche à l’espoir ténu que recherchent les personnages.
La première nouvelle, Un goût de pluie et de rouille, est un récit tout en sensibilité. Elle m’a rappelé l’introduction écrite par Léa Silhol pour l’anthologie Traverses. Bien que ces deux textes soient très différents, ils ont la même vocation, celle de faire entrer le lecteur dans un autre univers.
Un goût de pluie et de rouille n’est pas le texte le plus fascinant ni le plus développé de cet ouvrage, mais il est à la fois la clé et le portail permettant de pénétrer tout en douceur dans l’univers de ce recueil et de l’interpréter. J’ai été particulièrement sensible à cette manière de procéder.
Dies Irae, la deuxième nouvelle, m’a énormément plu. J’ai un amour tout particulier pour le conte de La Reine des Neiges et ce texte en est l’héritier. C’est un beau travail d’écriture et d’interprétation.
J’ai vu au fil du recueil que l’auteur et moi avons de nombreuses références communes et sans doute cela a-t-il contribué à me faire apprécier ce recueil, mais il y a quelque chose de magique dans ces textes qui, je pense, les rendra parlants et familiers pour chaque lecteur.
La nouvelle intitulée si sobrement Poe, est juste divine et probablement ma préférée, mais c’est Layla des Tours qui m’a certainement le plus bouleversée. Par-dessus tout, j’ai aimé la progression dans les textes, cette histoire au-delà de l’histoire, qui apparaît parfois en filigrane et reprend dans d’autres nouvelles le devant de la scène.
Je ne vais pas détailler tous les autres textes, bien que les ayant tous appréciés. Il est toujours très délicat de parler de nouvelles sans trop en dévoiler. Sachez juste que l’on se laisse prendre bien facilement dans les rets de ces histoires, la construction de ce recueil en toile d’araignée n’est pas anodine, et on se retrouve vite désemparé quand vient le mot fin.
Il y a bien quelques cafouillages, deux ou trois répétitions, de petites coquilles disséminées çà et là, mais rien qu’on ne puisse facilement oublier face à la beauté et l’inventivité de ces nouvelles. Je suis vraiment entrée avec plaisir dans l’univers de Rozenn et j’espère qu’il en sera de même pour vous.


La version numérique de ce recueil est sortie le 19 janvier (vous saurez pourquoi en le lisant) et la version papier est prévue pour février. Vous pouvez vous procurer les deux sur le site de l'auteur.


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5 commentaires:

  1. Je suis contente que tu aies également apprécié ce recueil :D

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  2. Et moi je te remercie car c'est ta chronique qui m'a vraiment donné envie de le découvrir.

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  3. Effectivement, pas d'envolée épique ou de batailles (mais tant mieux, c'est ce que j'aime !). J'avais découvert il y a quelques mois la nouvelle "Poe" mais c'est dans cette construction - que tu nommes très justement en toile d'araignée" - que je l'ai le plus appréciée, certains indices étant passés à la trappe (indices et autres détails lus dans les autres nouvelles)

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  4. Je préfère aussi ce genre de fantasy. :) J'ai totalement adhéré à la construction de ce recueil, l'ordre des textes est vraiment très bien choisi. Et quand on les voit rétrospectivement d'un œil neuf en lisant la nouvelle suivante, on a presque envie de les relire tout de suite. Je ne m'imagine pas ce que je peut être de les découvrir séparément les uns des autres.

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  5. […] livre en numérique !). J’ai déjà eu 5 retours sur le livre (merci merci merci Laure, Acro, Strega, Lanyla et Lune), qui sont positifs, et pour moi c’est ce qui compte le plus ! J’avais […]

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