Premier tome de la série L'empire immortel de Kate Locke, publié chez Orbit.
KEEP CALM AND PRAY FOR DAWN
La toujours sémillante Victoria règne sur l’Empire britannique. Un Empire où l’aristocratie se compose de loups-garous et de vampires, où les gobelins vivent sous terre, et où les mères veillent à ne pas laisser leur progéniture dans les rues une fois la nuit tombée… Nous sommes en 2012, et la Pax Britannia est toujours d’actualité. Xandra Vardan, fille d’un vampire et d’une courtisane, est membre de l’élite de la Garde royale. Mais quand sa soeur est portée disparue, Xandra tombe sur un secret qui pourrait renverser l’Empire… et lui coûter la vie. Que se passe-t-il, vraiment, à l’asile psychiatrique de Bedlam ?
Kate Locke nous entraîne au cœur d’un univers alternatif dans lequel le steampunk, s’il n’est pas si développé que ça à mon goût, est quand même un élément très plaisant du décor. Sans être vraiment transcendante, cette lecture m’a plutôt agréablement surprise au fil de l’histoire. J’étais pourtant plus que dubitative au début. Mes réticences venaient principalement du fait que dans cet univers l’apparition de plusieurs races hors normes est due è une mutation du virus de la peste. Celles-ci s’apparentent à des vampires et des loups-garous, mais on trouve également des demis ou humain améliorés (c’est-à-dire partiellement humains, vampires ou loups pour leur autre moitié. Ils sont nés d’un aristocrate – sont ainsi nommés les loups et vampires qui sont, comme c’est étonnant, nobles pour la plupart – et d’une humaine porteuse du virus de la peste) puis des Gobelins (soit le mélange des deux races pestiférées, vampires et loups). Je trouvais cette idée brouillonne et tirée par les cheveux au début, mais je suis quelque peu revenue sur mes positions au fil de l’histoire. La plupart des objections que j’ai pu formuler en cours de lecture ont trouvé leur réponse. A la fin de l’ouvrage, l’auteur a, qui plus est, ajouté une partie pseudo-scientifique composée par des amis à elle qui explique pas mal de choses, même si on peut comprendre en grande partie cela au fil de la lecture. Si le glossaire qui l’accompagne n’est pas des plus utiles, cette partie sous forme d’extraits d’un ouvrage scientifique se révèle intéressante et bien pensée. On ne peut pas vraiment dire que je suis totalement convaincue par les effets de ce virus mutant en réaction à une protéine, mais ça reste cohérent, donc ça me va. Eh oui, j’ai besoin de vraisemblance dans mes lectures. Peu m’importe qu’on me raconte n’importe quoi, du moment qu’il y a un minimum de logique. Et puis j’espère bien qu’en lisant la suite j’obtiendrai les explications qui m’ont fait défaut ici, comme par exemple pourquoi des loups dans certaines parties du monde et des vampires dans d’autres ou pourquoi, comme par hasard, ce sont majoritairement les aristocrates qui ont muté… Même si je me doute de la réponse. Enfin bref… Dans ce monde, donc, la reine Victoria est un vampire et règne encore sur la Grande-Bretagne (l’histoire se passe en 2012. On le sait car Victoria fête ses 175 ans de règne). Il y a plein de clins d’œil à des personnes connues et c’est amusant de voir ce qu’elles sont devenues dans ce monde. On retrouve par exemple Churchill parmi les personnages principaux, mais il est aussi fait référence à Sid Vicious et on devine qu’Hitler a finalement continué la peinture… Ce sont de petits détails, mais c’est sympa de les glaner au fur et à mesure. Les personnages secondaires, notamment les frère et sœurs de l’héroïne ainsi que le Prince Gobelin, sont de manière générale assez intéressants. La narratrice et personnage principal se nomme Xandra. C’est une demie qui fait partie de la garde royale. En partant à la recherche de sa sœur disparue, elle va aller de découverte en découverte. Je ne me suis pas particulièrement attachée à elle, mais c’est pourtant une jeune femme sympathique. Elle est loyale et réfléchie, peu sûre d’elle, un rien crâneuse parfois, mais néanmoins très humaine dans sa façon de vivre tous les événements qui bouleversent son existence. C’est un personnage bien construit. Et bien sûr elle va croiser sur sa route un personnage masculin des plus séduisants… Oui bon « séduisant » n’est peut-être pas le mot, mais c’était l’idée. Il s’agit de l’Alpha des loups d’Ecosse. Vexation MacLaughlin, dit Vex (j’espère qu’il a au minimum bouffé ses parents pour l’avoir affublé d’un tel prénom. Le plus dingue c’est que ça ne semble choquer personne. Ils ont peut-être peur, remarquez…) est un personnage sympa, malgré les clichés. C’est le loup-garou de base, fidèle jusqu’à la mort, mais pas aussi casse-couilles que les mâles alphas habituels qui sont un peu psychotiques (et qui pisseraient volontiers sur leurs compagnes histoire de bien marquer leur territoire). Il est plutôt discret, semble parfois faire juste office d’accessoire et est loin d’être inoubliable. J’ose espérer que ce personnage sera plus développé par la suite. Le Prince Gobelin, que l’on voit pourtant beaucoup moins que Vex, dégage en peu de pages plus de charisme que ce dernier. Le truc avec l’histoire d’amour de Xandra et Vex, c’est qu’elle est vraiment un peu rapide. Ok les personnages se plaisent tout de suite, ok ils se jettent l’un sur l’autre, mais de là à se faire confiance si rapidement, il y a de la marge, surtout quand Xandra n’arrive pas à faire confiance à sa propre famille... Mais bon, ça n’est pas non plus trop exagéré, alors ça passe, d’autant que pour une fois on évite le triangle amoureux bancal. C’est un roman divertissant. J’ai par contre quelques reproches à faire à la traduction. Il y a de trop nombreuses coquilles, des phrases bizarres, des contresens, des fautes d’orthographe, des mots à la place d’autres… Ce genre de choses vous gâche une lecture. C’est d’autant plus agaçant qu’on peut ajouter à cela quelques incohérences. Voici un exemple que je peux citer sans spoiler : Vex est censé avoir engendré plusieurs demis et ensuite on nous dit que la presse s’étonne qu’il ne soit pas encore marié et n’ait aucune descendance demie… Il y en a quelques autres dans ce genre-là. Enfin bref… Si on excepte ces petits accrochages, j’ai pu passer un bon moment en lisant ce roman. L’intrigue n’est pas époustouflante, après les quelques révélations surprises du début, on voit facilement où l’auteur veut nous emmener, mais ce n’est pas un reproche. Kate Locke mène bien son histoire et ne cherche pas non plus à prendre ses lecteurs pour des abrutis en leur faisant miroiter une intrigue complexe basée sur du brassage d’air. Je lirai la suite, mais c’est le genre d’ouvrages que je préfère de loin acheter en version poche.
Ce livre a été lu dans le cadre du club de lecture de Vampires et Sorcières.
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