Un roman de Camille von Rosenschild publié aux éditions Don Quichotte.
Les tomes 1 et 2 forment un ensemble qui, s'il reste ouvert à une suite potentielle, peut être lu indépendamment.
Vous pouvez également consulter mon avis sur le premier tome.
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Résumé de l'éditeur (spoilers sur le premier tome) :
A-t-on seulement peur de mourir quand on est déjà mort ? À travers la Russie, l’Ukraine et les Carpates, le voyage fantastique d’un jeune aventurier escorté par une troupe de Spiridons, ces âmes défuntes aux allures de vivants.
Victor est un garçon pas comme les autres : à dix-huit ans, il se découvre le Don de réveiller les morts.
Cet étrange secret, conservé depuis des siècles par une communauté tzigane des Carpates, lui vaut bien des convoitises.
Accompagné de cinq spiridons, ces âmes errantes revenues du royaume des défunts, et poursuivi par une caste de moines borgnes aux desseins effrayants, notre héros est pris dans une incroyable odyssée aux confins de la Russie.
Vous pouvez lire cet avis sans risque de spoilers.
Le premier tome se terminant dans un suspense insoutenable, il m’avait été presque douloureux de quitter les personnages à ce point de ma lecture. J’attendais cette suite, je l’appelais de mes vœux, je la rêvais… Et je l’ai savourée à sa juste valeur, en tremblant, mains crispées sur mon livre, forcée de m’interrompre parfois quelques minutes tant le récit me troublait.
Rien qu’en repensant à cette lecture, les émotions qui y sont liées remontent, s’enroulent et se nouent en figures aussi complexes qu’improbables, j’en ai des frissons et une boule dans la gorge. Alors comment trouver les mots pour exprimer dans ce billet tout ce que ce fabuleux roman m’a inspiré ?
La prisonnière du Kremlin est une toile d’araignée tissée de nombreux récits épars, mais qu’on sait liés, comme dans le premier tome, bien que de façon plus insidieuse encore. Après tout, une toile reste un piège… Cette histoire est diaboliquement ficelée. Il faut se retenir de tourner frénétiquement les pages pour pouvoir en profiter pleinement et s’accorder le temps de formuler des hypothèses, cela fait partie, selon moi, du grand plaisir de lecture que les deux volumes peuvent offrir. L’auteur se joue quelquefois de son lecteur, mais il est indéniable qu’elle a confiance en l’intelligence de celui-ci.
Comme dans le premier volume, le rythme de l’histoire est particulièrement bien géré. Pas de temps mort, pas de repos pour le lecteur, mais un élan imparable. On voit que cette histoire a été polie avec finesse et patience. Camille von Rosenschild distille petit à petit des informations concernant ses mystérieux personnages. Elle les a construits avec soin et c’est un plaisir de suivre leur évolution.
Elle nous donne également au fur et à mesure toutes ces réponses que l’on attend avec fébrilité depuis le premier tome. Je les regardais avec angoisse s’épanouir lentement ou surgir incidemment, en prédisant certaines, tombant des nues souvent. C’est ce qu’il y a de très déroutant avec cette histoire : elle est terriblement singulière et possède pourtant ce petit quelque chose de familier qui fait qu’on a l’étrange impression qu’elle susurre ses plus sombres secrets à quelque chose de lointain, ancré dans la partie la plus inaccessible de notre imaginaire. C’est de l’ordre du ressenti, de l’instinctif. Ce récit est sombre et merveilleux à la fois. On ne peut s’empêcher de croire tout ce que l’auteur nous raconte, parce que cela sonne vrai et qu’une part de nous désire ardemment que ça le soit.
Le lecteur ne sait jamais par avance où le chapitre suivant va l’entraîner et voudrait être partout à la fois, à la suite de chaque personnage. C’est un tour de force de ne jamais le perdre dans les méandres de cette intrigue aux si nombreuses ramifications. J’ai été sans cesse tiraillée entre l’envie de faire durer ma lecture le plus longtemps possible et celle de tourner les pages frénétiquement pour savoir la suite. Ces deux tomes nous content un récit imprévisible et cette qualité-là n’a pas de prix.
Ce fut une lecture intense, passionnante et immersive. J’avais adoré le premier tome. J’attendais beaucoup du deuxième et il s’est révélé excellent au-delà de toutes mes espérances. Ce diptyque est entré avec fracas au panthéon de mes lectures favorites, celles qui m’ont fascinée, émerveillée, nourrie et qui m’accompagneront à jamais. L’auteur n’a pas choisi la facilité et, si cela m’a bouleversée, je ne peux néanmoins que l’en remercier. Il faudrait plus de fictions aussi atypiques que celle-ci.
Si la fin de La prisonnière du Kremlin reste ouverte, on peut néanmoins considérer le récit comme clos. Camille von Rosenschild a écrit une histoire ambitieuse, originale et complexe qui m’a laissée bouche bée, admirative. J’espère de tout cœur qu’elle écrira encore de nombreux ouvrages, qu’ils soient liés ou non à cet univers.
Les deux tomes des Spiridons ont été pour moi une fantastique aventure, ils sont les dignes représentants de tout ce que j’aime dans la lecture et j’espère vous avoir donné envie de les découvrir à votre tour.
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