vendredi 10 avril 2015

Si tu tends l'oreille

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Si tu tends l’oreille est un film d’animation adapté d’un manga d’Aoi Hiiragi et produit par le Studio Ghibli. Réalisé par Yoshifumi Kondo et scénarisé par Hayao Miyazaki, il est sorti en 1995 au Japon.
Pendant longtemps, cet anime est resté indisponible à la vente en France et la seule version anglophone que je connaisse est en zone 1. Il aura fallu attendre janvier 2015 pour que le DVD et le Blu-ray sortent enfin dans nos contrées et avec, de surcroît, une piste en français. Pour autant, je ne suis pas très fan de cette VF, j’ai peut-être trop vu cet anime sous sa forme sous-titrée par des fans… Je suis surtout gênée par les dialogues que je trouve un rien trop modernes pour l’époque à laquelle est censée se dérouler l’histoire. Toutefois, elle est tout de même meilleure que la version anglophone qui prend des libertés avec le scénario d’origine. J’avais été assez choquée des aménagements scénaristiques de cette dernière. Elle tue dans l’œuf l’aspect fantastique de l’histoire, mais ce n’est certainement pas le pire. Elle modifie carrément l’avenir de Seiji pour qu’il colle davantage à un standard et ça m’est totalement insupportable. Je trouve cela presque insultant. Mais ce que je vous raconte ne vous dira rien si vous n’avez pas vu le film et il ne vaut pas la peine de se pencher sur ce sujet, puisque je vous encourage fortement à le regarder en VOSTFR.
Les bonus du DVD n’ont rien de vraiment notable. Il nous offre des bandes annonces et un montage d’images du décor du film avec les thèmes principaux en fond musical. Malheureusement, les images sont un peu trop floues pour qu’on puisse en apprécier les détails. Passons plutôt au film en lui-même.
Si tu tends l’oreille est un shojo et également un récit d’apprentissage dont l’action doit se situer durant les années 80. Il nous conte la vie quotidienne d’une toute jeune fille, Shizuku, qui adore lire. Elle est dans sa dernière année de collège, doit préparer son entrée au lycée mais, un peu rêveuse, elle cherche encore sa voie.
Certains diront qu’il s’agit d’une œuvre réaliste, avec sa part de romance adolescente, mais je l’apparente plutôt au réalisme magique. Je préfère ne pas m’appesantir sur les aspects les plus sirupeux de la romance que je ne trouve pas si prégnants que ça en fait. Shizuku a l’esprit ouvert, connecté à la magie qui se cache derrière le quotidien grisâtre qui l‘entoure, et c’est pour cela que je l’aime beaucoup. Elle ne se laisse pas cloisonner dans le réalisme, elle est prête à voir le merveilleux partout : dans un chat qui voyage en métro, une statuette mystérieuse ou un dirigeable. Cette aptitude à rêver et à imaginer des aventures rocambolesques à partir d’un rien est précieuse, on le sait quand on l’a perdue.
Si tu tends l’oreille est le récit formateur d’une jeune fille qui confronte ses illusions à la réalité du monde, parce que rêver est beau, mais inutile si on n’essaie pas d’en faire quelque chose de tangible. Alors Shizuku se met à l’écriture pour donner corps à ses rêveries et, plutôt que de s’y enfermer, elle grandit et trouve sa place.
Ce très bel anime est porteur d’espoir. Quand je me sens triste et que j’ai l’impression que les perspectives s’effondrent une à une autour de moi, je le regarde et je me sens mieux. Les dessins ne sont pas magnifiques mais ils ont un certain charme désuet, après tout j’étais enfant dans les années 80… Et puis je ne me lasse pas de cette histoire.
Tout au long du film, les fans des productions Ghibli pourront glaner des détails rappelant d’autres animes, passés mais aussi en gestation. On peut par exemple voir écrit Porco Rosso sur l’horloge et la robe que porte Shizuku, quand elle s’identifie à l’un de ses personnages, vous rappellera peut-être celle d’une certaine Nadia…
Il existe une suite au manga d’origine, mais elle n’est pas sortie en français ni en anglais. Par contre, Si tu tends l’oreille a largement inspiré Le royaume des chats, tiré lui aussi d’un manga spin-off du même auteur et adapté par Ghibli quelques années plus tard. Hiiragi l’a créé comme une histoire que Shizuku aurait pu écrire.
Dans Le royaume des chats, on peut voir le lien avec certaines scènes de Si tu tends l’oreille, comme si Shizuku s’était vraiment inspirée de détails de son aventure pour écrire une histoire. Bien sûr, on retrouve des personnages comme le Baron et Muta, mais ce sont des myriades de petites choses disséminées à travers l’anime qui peuvent à chaque instant nous rappeler un souvenir ou une impression. Le royaume des chats est plus lumineux, plus onirique aussi. J’ai également lu le manga dans sa version anglophone, Baron, the cat returns, je l’ai d’ailleurs chroniqué. Je pense que les deux sont complémentaires, l’anime est très agréable à regarder, le manga confère un peu moins de charisme aux personnages mais possède par contre une dimension humaine intéressante.
Quoi qu’il en soit, vous les apprécierez certainement davantage en ayant vu Si tu tends l’oreille.


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Baron

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