vendredi 5 juin 2020

L'Hypothèse du lézard

Une novella d'Alan Moore, illustrée par Cindy Canévet, publiée chez ActuSF dans la collection Graphic.

Présentation de l'éditeur :
Som-Som est vendue par sa mère à la Maison sans Horloges de Liavek. Elle va être soumise au Silence et porter le Masque brisé qui la destine à devenir l'amante des magiciens et la gardienne de leurs secrets. Isolée par son incapacité à communiquer, elle va alors assister à l'histoire d'amour violente et cruelle entre Foral Yat et Raura Chin, deux comédiens qui résident avec elle dans la Maison sans Horloges. 
L’illustratrice Cindy Canévet a réalisé la très remarquée couverture de Je suis Providence, la biographie de référence sur H. P Lovecraft. Elle donne cette fois vie à la ville de Liavek et aux personnages de L’Hypothèse du lézard, une nouvelle fantasy signée par le grand Alan Moore (Watchmen, V pour Vendetta).
Traduction de Patrick Marcel. 

Liavek, cité de la chance, est une ville-monde de fantasy que se partagent plusieurs écrivains. De nombreuses œuvres y prennent place. C’était néanmoins ma première incursion dans cet univers et j’avais oublié combien Alan Moore pouvait me mettre mal à l’aise. Dès le début, je me suis sentie prise au piège.
L’Hypothèse du lézard est une novella illustrée, cependant je me suis plus intéressée au récit qu’aux illustrations, qui sont magnifiquement exécutées mais froides et léchées. Cela s’accorde à la perfection avec l’histoire qui est aussi cruelle que glaciale, toutefois ce n’est pas dans mes goûts.
Et puis il faut dire qu’elle est fascinante, cette histoire, dans le vrai sens du terme. On navigue entre répugnance et curiosité malsaine. L’ambiance est sombre et raffinée, nimbée d’un érotisme dérangeant, les alcôves de la Maison sans Horloges sont peuplées d’un éventail de monstres sublimes. L’horreur la plus perverse côtoie une fragile délicatesse. Le style lui-même est d’une précision chirurgicale. La traduction rend tout à fait justice à son esthétisme, ce qui renforce encore le contraste avec la cruauté du récit.
Nous le percevons à travers Som-Som, une des prostituées de la Maison sans Horloges qui a subi de nombreuses modifications physiques. Rien que son histoire personnelle réussira à vous faire frémir. Som-Som est privée d’une grande partie de ses sens, mais aussi de sa capacité de communication. Elle est le témoin à jamais muet de ce récit, incapable de venir en aide à une amie qui peut-être ne le voudrait pas.
Cette novella parle d’amour et de vengeance, d’identité et de désir, de domination et de monstruosité sous diverses formes. Je ne crois pas qu’on puisse en sortir indemne.
Ma chronique est basée sur la version numérique qui ne rend sans doute pas justice à la beauté de l’ouvrage dans sa version imprimée.
Je ne peux pas vraiment dire que j’ai apprécié cette lecture, à cause du propos cela s’entend, car le talent de l’auteur ainsi que de l’illustratrice est indéniable, cependant une chose est certaine : elle m’a marquée. J’en ai été perturbée au point de faire des cauchemars la nuit suivante. De mon point de vue, c’est une preuve supplémentaire de la singularité de cet ouvrage.

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