mercredi 28 décembre 2011

La Lettre Ecarlate de Nathaniel Hawthorne

Des écrits de Nathaniel Hawthorne, je crois bien n’avoir jamais lu que des extraits en cours de littérature ou de traduction. Et j’avais depuis longtemps envie de lire La lettre Écarlate, entre autres de ses travaux. En cela, le défi lecture d’ABFA et Vampires & Sorcières m’a fourni une très bonne occasion et je ne le regrette pas.

Un mot d’abord concernant l’introduction dans laquelle l’auteur nous explique, tout en circonvolutions et anecdotes, car il en va ainsi de son écriture, très évocatrice, mais aussi fluide et capricieuse qu’un fleuve, comment cette histoire lui échut et pour quelles raisons il devait impérativement nous la raconter. Ce texte fut à lui seul un excellent moment de lecture tant j’ai apprécié les réflexions d’Hawthorne concernant l’écriture et le métier d’écrivain, mais également grâce à l’éclat tout particulier de son style, à la fois élégant et tortueux. Tout cela savamment mêlé nous laisse apprécier quel personnage il devait être : homme brillant à l’esprit vif, dont l’imagination ardente et la sensibilité exacerbée, tout autant que son humour extrêmement pointu et caustique, imprégnaient l’écriture. Il savait ne pas s’égarer, ni perdre son lecteur au détour de ses apartés ou autres écarts accordés au fil principal de son récit. Le tout reste donc plaisant malgré tant de tours et détours.
Instructive, drôle, mais aussi émouvante par bien des aspects, cette antichambre du récit a suffi à me conquérir. Et l’histoire elle-même n’a fait que renforcer mon sentiment. Mais je vous dois d’abord un mot sur l’essence-même de celle-ci…
C’est d’abord l’histoire d’une femme, Hester Prynne, condamnée à porter sur sa poitrine un signe infamant : la fameuse lettre écarlate, un A comme adultère, mais c’est surtout, au final, l’étrange histoire de la façon dont l’esprit humain peut vivre sa honte, son remords, sa frustration ou sa vengeance, entre autres sentiments impérieux. En cela, Hawthorne a fait un magnifique travail sur la psychologie de ses personnages car même si elle ne nous en paraît pas moins excessive ou curieuse à nous dont les mœurs sont ceux de notre époque, elle fait montre d’une grande finesse qui, j’en suis sûre, me marquera longtemps.
Ce récit est de nature à mortifier son lecteur. Qu’on soit ou non dérouté par les réactions des personnages, par l’importance omniprésente de la religion dans leur vie, leurs pensées comme leurs actes, ou simplement par une façon de penser si différente de la nôtre, on ne peut qu’être emporté par cette histoire. C’est là que résidait tout le talent de conteur de Hawthorne, menant son lecteur par le bout du nez, il le faisait passer d’un point à l’autre de toute une palette d’émotions. Son écriture elle-même est fascinante, et je pèse ce mot. Il avait une capacité incroyable à évoquer certaines scènes et émotions à tel point qu’elles se muent en fantômes, évanescents mais pourtant quasiment palpables, sous les yeux du lecteur qui est pourtant bien loin de l’esprit qui anime ce récit.
S’il a distillé beaucoup moins d’humour dans ce texte-ci, bien qu’il y en ait un peu, discret, caché au détour d’une des phrases fleuves qu’il semblait affectionner, c’est sans doute pour mieux rendre son récit vivant et vibrant d’émotion. Et c’est une réussite car il a vraiment su insuffler à ses mots quelque chose de cet élan surnaturel vers lequel le portait sa si fine sensibilité. C’est ce style si puissamment évocateur qui fait de La Lettre Écarlate un récit si prenant et poignant qui restera gravé dans ma mémoire.

*

2 commentaires:

  1. Merci d'avoir ravivé ma mémoire, cette lecture date vraiment pour moi, j'en avais seulement gardé le souvenir d'une appréciation très positive. J'ai lu aussi des nouvelles de Hawthorne, publiées chez Actes sud/Babel sous le titre "Contes et récits", je te le conseille, vraiment. :)

    RépondreSupprimer
  2. Merci. Je compte bien les lire. :)

    RépondreSupprimer