Un roman de Morgan of Glencoe, publié chez ActuSF dans la collection Naos.
Présentation de l'éditeur :
Depuis des siècles, les humains traitent les fées, dont ils redoutent les pouvoirs, comme des animaux dangereux. Lorsque la princesse Yuri reçoit une lettre de son père lui enjoignant de quitter le Japon pour le rejoindre, elle s'empresse d'obéir. Mais à son arrivée, elle découvre avec stupeur qu'elle a été promise à l'héritier du trône de France ! Dès lors, sa vie semble toute tracée... jusqu'à ce qu'une femme lui propose un choix : rester et devenir ce que la société attend d'elle ou partir avec cette seule promesse : « on vous trouvera, et on vous aidera. » Et si ce « on » était la dernière personne que Yuri pouvait imaginer ?
Morgan of Glencoe est barde, c'est sans doute la raison pour laquelle elle raconte si bien les fées. Avec Dans l'Ombre de Paris, elle crée un incroyable univers où les royautés françaises et japonaises ont su se maintenir sur un terreau d'injustices.
Grande amatrice de romans liés de près ou de loin à la féerie, je me suis laissé tenter par Dans l’Ombre de Paris sans trop savoir à quoi m’attendre. Dans cette version uchronique de notre monde, les êtres féeriques sont considérés comme des animaux dans la plupart des pays et la dynastie des Bourbon règne toujours sur la France. L’autrice a battu et redistribué toutes les cartes pour nous offrir quelque chose de familier et d’original à la fois.
Il ne m’a pas fallu longtemps pour prendre mes marques. J’ai été happée par cette histoire complexe qui se déploie sur plusieurs axes narratifs. Je me suis progressivement attachée à tous les personnages, même si au départ j’avais une préférence pour les fourmis du rail. Et surtout, à mesure que ma lecture avançait, j’ai eu de plus en plus de mal à lâcher mon livre.
Au centre du récit se trouve Yuri, princesse japonaise, intelligente, éduquée, pour ce que cela vaut dans un monde où les femmes sont considérées comme inférieures. Elle n’est pas grand-chose de plus qu’un joli bibelot qu’on peut échanger, si elle parvient à échapper aux tentatives d’assassinat que son rang lui vaut. Elle n’aurait besoin que de sortir de son cocon princier pour expérimenter les réalités de son monde. Savoir est une chose, le vivre en est une autre. J’ai beaucoup aimé la voir évoluer, tout comme la selkie à laquelle son existence semble irrémédiablement liée. Je n’en dirai pas plus pour vous laisser le plaisir de la découverte. Sachez toutefois que l’on suit de nombreux personnages dans ce roman. Cependant, aucun ne fait de la figuration. On s’attache, on craint pour la vie de certains, on tremble avec eux. Le fait qu’ils soient tous suffisamment développés est une des choses que j’ai le plus appréciées. Tous ces personnages et ces diverses pistes rendent le récit très prenant. On est frustré quand on quitte ceux que l’on suivait dans un chapitre et en même temps ravi d’en retrouver d’autres.
J’aime ces romans qui ne sont pas linéaires, mais je sais bien qu’ils ont en général moins de succès que les autres dont la narration est prémâchée. Je trouve cela fort dommage. Il faudrait plus de ces récits qui forcent le travail de notre imagination et nous obligent à une saine petite gymnastique cérébrale. J’apprécie donc d’autant plus la complexité de ce roman qu’il fait partie de la collection Naos, destinée à un public adolescent. La littérature jeunesse fait de plus en plus confiance à l’intelligence de ses lecteurs. La collection Naos ne m’a d’ailleurs jamais déçue à ce sujet.
Morgan of Glencoe nous propose un récit profond, porteur de bonnes valeurs. Elle y décrit même une utopie. Sa féerie est sombre, originale en comparaison de ce qui se fait habituellement. Elle a redessiné un monde, contemporain mais au léger parfum de gaslamp fantasy, que l’on se plaît à voir se déployer autour de nous. Elle a su le rendre tangible et vivant.
Elle a réussi à me faire pleurer, ce qui n’est pas une mince affaire. Je ne voulais qu’une chose en tournant la dernière page : pouvoir lire la suite de cette étonnante histoire.
Certaines lectures sont roboratives, elles vous apportent quelque chose d’un point de vue personnel. C’est le cas de celle-ci. Je l’ai savourée. En plus de vous tenir en haleine, de jouer avec vos émotions, l’autrice offre un récit intelligent qui pose de nombreuses questions et pousse son lecteur à la réflexion. Elle montre ce qui pourrait être, quelque chose de vraisemblable et de cruel, de si proche, malgré les grandes différences entre le monde qu’elle décrit et le nôtre. J’espère vous avoir donné envie de découvrir ce roman qui a su me passionner.
Le côté féerique et Japon m'intéresse, le côté YA moins même s'il n'a pas l'air trop présent. A voir !
RépondreSupprimerSi ce n'était pas un Naos, je n'aurais jamais pensé le classer en YA. Laisse-lui sa chance. ;)
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