mardi 28 janvier 2020

Binti

Un roman de Nnedi Okorafor, publié chez ActuSF dans la collection Naos.

Présentation de l'éditeur :
Maîtresse harmonisatrice du peuple Himba, Binti est vouée à reprendre la boutique d'astrolabes de son père... Mais l’incroyable don pour les mathématiques de l'adolescente lui ouvre les portes de la prestigieuse université interplanétaire Oomza.
Binti embarque sur le Troisième Poisson à l'insu de sa famille. Mais au cours du trajet, les Méduses, ennemies millénaires des humains, abordent le vaisseau pour en massacrer les passagers. Commence alors pour Binti un combat pour sa survie et celle de ceux qui lui sont chers.
Après son roman post-apo coup de poing Qui a peur de la mort ?, Nnedi Okorafor revient avec Binti, un space opera qui a remporté le prix Hugo et le prix Nebula de le meilleure novella.
Cet ouvrage regroupe les deux premiers tomes de ce qui est en fait une trilogie. C’est une bonne chose car cela se lit très vite. Je l’ai terminé en un week-end et je ne suis habituellement pas une lectrice rapide. Il faut dire que l’histoire est prenante.
Binti est un roman initiatique typique dans lequel une jeune femme décidé de quitter sa famille et de forger sa propre destinée sans pour autant rejeter ce qui fait son identité. Et c’est bien ce dernier point qui fait toute la richesse du personnage. Binti ne souhaite pas devenir autre, seulement aller un peu plus vers elle-même. Le poids des traditions et de son histoire familiale pèse toujours sur elle, mais elle l’embrasse plutôt que de le subir. Elle l’emporte avec elle plutôt que de le fuir, pour exprimer sa singularité et trouve sa vraie place dans le monde. On se découvre face à l’altérité ; on s’enrichit des différences.
Néanmoins, l’apprentissage de Binti est loin de se faire dans la douceur. Au-delà du fait d’être incomprise — et jugée — par les siens, elle est aussi victime d’une tragédie qui va la changer. Binti n’a pas choisi la demi-mesure, c’est dans l’espace qu’elle s’exile, pour rejoindre une planète université où son génie pourra s’épanouir, mais des dangers qu’elle n’imaginait pas la guettent et, même parmi les érudits, la tolérance ne va pas toujours de soi.
Ainsi, ce roman aborde des thèmes importants comme le racisme, l’émancipation, les choix — ou non-choix — qui sont imposés dans l’adversité et la difficulté de se construire quand tant d’attentes pèsent sur soi.
J’ai moins aimé la deuxième partie, principalement parce que j’y ai trouvé Binti vraiment agaçante par moment. Elle est encore sous le choc de son traumatisme, ce qui est compréhensible, mais je la trouve surtout incohérente. Une personne qui a brisé tant de règles devrait être plus tolérante, une femme si intelligente devrait voir certaines choses venir. En revanche, le voyage initiatique qu’elle entame et son cheminement intérieur vers la guérison sont passionnants.
En outre, le cliffhanger sur lequel se clôt cette partie de l’histoire est insoutenable ! Ne pas pouvoir enchaîner avec la suite est une torture.
La collection Naos ne me déçoit jamais. Ses ouvrages sortent toujours des sentiers battus. La grande diversité des récits, des thèmes et même des personnages qu’elle propose la rend accessible et intéressante pour tous.

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