jeudi 2 janvier 2020

Le Detection Club

Une BD de Jean Harambat, publiée chez Dargaud.

Présentation de l'éditeur :
Une île en Cornouailles, années 1930. Le milliardaire Roderick Ghyll invite les membres du Detection Club, qui réunit les grands auteurs britanniques de l'âge d'or du roman à énigme dont les célèbres Agatha Christie et G.K. Chesterton, à se rendre dans sa vaste demeure, la villa Briarcliff. Ils sont conviés à assister à la démonstration d'un automate, qui, une fois intégrées les données d'un problème policier, résout le crime en livrant le nom du coupable. Mais Ghyll est assassiné...
Le Detection Club met en scène des écrivains de romans policiers dits classiques en leur faisant vivre un mystère à la mesure des histoires qu’ils écrivent. L’auteur nous les présente brièvement, et je dois avouer que j’étais loin de tous les connaître. La mise en place est rapide, mais efficace. Après un tour d’horizon des portraits des différents protagonistes, le lecteur est tout de suite projeté dans l’histoire.
Le club d’écrivains est en effet convié sur une île en Cornouailles par un égocentrique milliardaire. Et là vous voyez déjà se profiler un schéma connu : lieu quasi clôt, homme riche et détestable pourvu d’une jeune et belle épouse, invités venus examiner une découverte scientifique… Oui, l’auteur a choisi de s’amuser avec nos références communes. À la fois hommage et satire du roman policier, cette bande dessinée en reprend les codes pour mieux en jouer. Elle s’en moque gentiment, comme des auteurs qu’elle met en scène, mais ne les renie pas pour autant.
Si nos auteurs ont été invités dans cette superbe demeure isolée, c’est pour découvrir un automate capable de dénouer n’importe quel mystère grâce aux mathématiques. Aucun roman policier ne lui résiste, cependant Ghyll, le propriétaire des lieux et mécène du savant qui a amélioré l’automate, voit plus loin. Il imagine un monde où les humains seraient délivrés de tout effort par les robots… mais aussi dans lequel l’art perdrait tout intérêt.
La première partie de la BD évoque ainsi une intéressante réflexion sur l’art et la science que l’on retrouve souvent en science-fiction. Elle ne fait que l’effleurer, bien sûr, mais ce fut un agréable interlude philosophique. Il y a aussi un petit côté steampunk qui n’est pas pour me déplaire.
Dans cet ouvrage les références sont nombreuses et si vous les attrapez au vol, vous pourrez nourrir votre réflexion ou faire quelques découvertes.
Toutefois le point focal du récit est bien entendu le meurtre que tout le monde attend et la résolution de l’enquête qui suit. Les personnages sont à dessein caricaturaux, comme les ficelles de l’histoire, mais peut-on se fier à ce que l’on croit savoir ?
L’intrigue offre des rebondissements un peu attendus, mais bien amenés. Elle prend toutefois son temps. Ce qu’on lui pardonne ou non selon qu’on apprécie ou pas le ballet des personnages et la façon dont les clichés sont soit démembrés, soit utilisés sans vergogne.
J’ai beaucoup aimé suivre le duo Christie-Chesterton, les nombreuses piques qu’ils s’envoient sont le sel de cette histoire, même si les autres personnages ne sont pas en reste. Comme on peut s’y attendre, l’humour et le sarcasme font partie intégrante de cet ouvrage.
Ce fut une lecture sympathique, malgré une intrigue un peu poussive. J’ai beaucoup apprécié la colorisation. En effet, les teintes sont riches et chaudes, mais néanmoins adoucies de façon subtile. Elles magnifient les planches et donnent à l’histoire un côté suranné très plaisant. En outre, comme dans un roman policier classique, vous pourrez résoudre l’enquête au fil de la lecture si vous êtes attentifs, ce qui pour moi est un plus.


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