Deux romans de fantasy jeunesse, écrits par Lyman Franck Baum et publiés aux éditions Le Cherche Midi.
Qui ne connaît pas Le Magicien d’Oz ? Même sans avoir lu le roman original, on a forcément vu une adaptation, lu une version abrégée ou l’une des nombreuses histoires qu’il a inspirées. Ce récit est entré dans notre imaginaire commun depuis longtemps, même s’il est évidemment plus populaire dans son pays d’origine. Ce que nous savons moins en revanche, nous francophones, c’est qu’il est le premier tome d’une série de quatorze livres (si on ne compte que ceux écrits par Lyman Frank Baum lui-même).
Il y a quelques années, les éditions Le Cherche Midi ont commencé à publier cette série, dont la plupart des titres étaient inédits en français, à raison de deux tomes par volume. Seuls trois de ces volumes sur les six prévus sont parus à ce jour mais les histoires peuvent se lire indépendamment.
Le premier volume contient donc une nouvelle traduction du Magicien d’Oz et une suite Le Mystérieux Pays d’Oz dont Dorothy est absente. Il est illustré en noir et blanc par Stéphane Levallois. Il existe aussi en audiolivre.
Le Magicien d’Oz
Je ne pense pas avoir besoin de présenter cette histoire ni ses personnages.
Ce que j’aime dans ce roman est qu’il prend à contre-pied beaucoup de poncifs des contes. Il montre aux enfants que l’on a en soi des ressources insoupçonnées, mais que l’on a parfois besoin d’une aide extérieure pour en prendre conscience. Au pays d’Oz, la métaphore soutient la logique, le raisonnement ne doit pas aller sans l’allégorie et le rêve. Le symbolisme compte autant que le vécu et il nourrit l’expérience. S’il est important de ne pas s’en laisser conter et de ne pas croire aux illusions du magicien, on grandit tous à notre propre manière et on a besoin de rites de passages autant que des encouragements d’autrui pour prendre enfin confiance en nous.
C’est une histoire sympathique dont la réputation n’est plus à faire.
Le Merveilleux Pays d’Oz
Si l’on retrouve dans ce récit des personnages connus tels que l’épouvantail ou le bûcheron, le héros en est un petit garçon du nom de Tip. Élevé par une vieille sorcière acariâtre qui le traite comme un domestique, l’espiègle gamin veut lui faire une blague. Il fabrique un bonhomme à tête de citrouille qu’il poste sur son chemin pour l’effrayer quand elle rentrera, mais sa farce n’a pas du tout l’effet escompté. La vieille femme ne se laisse pas abuser et, venant d’acquérir une poudre magique auprès d’un sorcier de la région qu’elle a envie d’essayer, elle donne vie au bonhomme ! Après quoi elle est bien décidée à punir Tip de ce mauvais tour et il n’a d’autre choix que de fuir en volant la poudre magique et en emmenant Jack Pumpkinhead avec lui pour le soustraire à la vindicte de la sorcière.
Les aventures, ou plutôt mésaventures, du jeune garçon sont toutes plus abracadabrantes les unes que les autres et il est amusant de le suivre à travers tout le pays à mesure que se joignent à lui des personnages tous plus étonnants les uns que les autres. La force de ce récit est toujours ce merveilleux un peu absurde et l’humour grinçant dont l’auteur ne se privait pas de nous abreuver.
On pourra juger ce roman un peu sexiste. En effet, une armée de filles s’est mis en tête de conquérir la cité d’émeraude et, bien que victorieuses, ces demoiselles sont largement moquées pour leurs motivations vaines (elles veulent des bijoux et de nouvelles robes), leurs peurs absurdes et leur manque de jugeote, sans parler de leurs armes qui sont des aiguilles à tricoter… Toutefois, il ne faut pas se leurrer, derrière l’ambiance bon enfant de ces romans, l’auteur se moque de tout le monde. L’aveuglement des uns, l’orgueil bouffi des autres et même les hommes qui sont épuisés quand ils doivent faire le travail des femmes, tous en prennent pour leur grade. La grande majorité des personnages de ces histoires ne sont pas bien finauds et ils sont très loin de la perfection que l’on confère d’ordinaire aux personnages que l’on trouve dans les récits pour enfants. Cela est pour le moins rafraîchissant.
Il y a de nombreux niveaux de lecture dans ces récits et si leur aspect fantasque plaira aux enfants, les adultes pourront y lire une critique acerbe de la société dans plusieurs domaines.
Ces romans ne sont pas devenus des classiques par hasard et gagnent à être découverts. Ils font en outre de bonnes histoires du soir étant composés de tableaux qui forment de petits récits dans le récit principal.
Je les avais déjà lus, mais j’ai opté cette fois pour la version audio. Je n’ai pas aimé la performance du lecteur qui met beaucoup d’emphase dans son interprétation, cependant c’est une bonne alternative pour faire découvrir ces romans à des enfants qui seraient trop jeunes pour lire seuls un ouvrage aussi dense.
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