vendredi 11 octobre 2019

L'Ours et le Rossignol

Un roman de Katherine Arden, publié chez Denoël dans la collection Lunes d'encre.

Présentation de l'éditeur :
Au plus froid de l’hiver, Vassia adore par-dessus tout écouter, avec ses frères et sa sœur, les contes de Dounia, la vieille servante. Et plus particulièrement celui de Gel, ou Morozko, le démon aux yeux bleus, le roi de l’hiver. Mais, pour Vassia, ces histoires sont bien plus que cela. En effet, elle est la seule de la fratrie à voir les esprits protecteurs de la maison, à entendre l’appel insistant des sombres forces nichées au plus profond de la forêt. Ce qui n’est pas du goût de la nouvelle femme de son père, dévote acharnée, bien décidée à éradiquer de son foyer les superstitions ancestrales. 
Inspiré de contes russes, L’Ours et le Rossignol a su en garder toute la poésie et la sombre cruauté. C’est le premier roman de Katherine Arden.

Fortement imprégné du folklore russe, L’Ours et le Rossignol est un mélange entre fantasy historique, merveilleux, quête initiatique et saga familiale. 
Vassilissa, dite Vassia, est la cinquième née d’un seigneur du nord et d’une femme aussi sagace qu’indépendante. Sa mère meurt pour la mettre au monde et sa vie aurait pu commencer sous de sombres auspices. Mais Vassia, enfant désirée par sa mère, est choyée par sa famille, particulièrement sa gouvernante et sa grande sœur. Elle s’épanouit librement sur le domaine de son père, connaît la forêt par cœur et préfère imiter ses frères que rester à coudre près du poêle. Ayant la capacité de voir les esprits du foyer comme ceux de la forêt, elle perçoit le monde différemment, ce qui se révèle parfois avantageux, parfois dangereux. Ses aptitudes ne sont pas du goût de tout le monde, notamment sa nouvelle belle-mère.
L’ambiance est feutrée, le récit lent. Il faut bien cela pour voir Vassia grandir, prendre conscience de sa différence et faire ses propres choix. La jeune fille est plus qu’anachronique dans cette société où les femmes sont vouées au mariage ou au voile, vendues ou cachées, en somme. Si l’autrice a distillé quelques indices quant à l’ascendance de Vassia et de sa mère, Marina, j’aurais toutefois aimé en apprendre plus. Ce sera, je suppose, pour les prochains tomes.
L’influence du merveilleux russe est savamment dosée. Les éléments du conte sont là, parfois évidents, parfois en filigrane, souvent détournés. Ce fut amusant de les repérer. Cependant Katherine Arden nous conte une histoire personnelle, un apprentissage où finalement la fantasy reste accessoire. Et je garde le regret de n’avoir pas rencontré Baba Yaga…
L’autrice a néanmoins su se jouer des clichés qui accompagnent les contes, par exemple : la « méchante belle-mère » est plus nuancée qu’on pourrait le croire de prime abord. Elle est avant tout une femme en souffrance. Si elle était née comme Vassia dans un environnement qui l’avait aidée à prendre confiance en elle plutôt que stigmatisée, peut-être aurait-elle été une tout autre femme et pas cette petite chose apeurée qui cherche réconfort dans la religion.
Les personnages sont très développés et c’est avant tout une histoire intimiste. Ce roman met en scène la complexité des sentiments humains, jalousie, orgueil, mais aussi amour et abnégation… C’est aussi la confrontation de deux mondes dans cette Russie médiévale : la chrétienté qui veut régner sans partage et les vieilles croyances païennes. Vassia et sa belle-mère, toutes deux capables de voir les esprits, incarnent ce combat qui ne devrait pas en être un.
L’Ours et le Rossignol est un roman où l’intrigue semble assujettie à l’atmosphère. Elle est lente, précautionneuse, si bien qu’après tant d’attente la conclusion peut laisser un rien perplexe par sa simplicité. Elle est pourtant tout à fait adéquate.
Ce fut une lecture plaisante. Grande amatrice de contes, j’en attendais un peu plus, mais je me suis laissé bercer par ce récit et ne me suis jamais ennuyée.
Bien que premier tome d’une trilogie, ce roman peut tout à fait se lire indépendamment. Cela étant, je lirai volontiers la suite.

2 commentaires:

  1. Il est dans ma PAL celui-ci, j'espère bien que son côté russe et contes va marcher sur moi XD

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