Une BD écrite par Valérie Weishar-Giuliani et dessinée par Nina Jacqmin. Publiée chez Jungle.
Louison est très proche de Fantine, sa grand-mère, et trouve auprès d’elle le réconfort dont elle a besoin durant une période très difficile de sa vie. L’adolescente a perdu son père et voit jour après jour sa mère s’enfoncer dans la dépression. Patience, gentillesse ou colère, rien n’y fait, sa fille ne parvient pas à la faire réagir. Alors Fantine explique à Louison que les émotions sont parfois traîtresses et que nous ne les exprimons pas tous de la même manière. Elle-même a, depuis l’enfance, pris l’habitude de dessiner les siennes. Elle en fait des oiseaux de papier qu’elle place dans une volière, ce qui lui vaut, au mieux, d’être considérée excentrique. Pour sa petite fille, elle décide de déplier ses oiseaux afin de lui conter une partie de leur histoire familiale.
Il est monnaie courante d’être en conflit avec ses parents ou ses enfants, surtout au moment de l’adolescence, alors que la relation entre grands-parents et petits-enfants permet souvent de transcender l’écart entre générations. Sans doute parce que les grands-parents ont d’une part eu le temps de méditer leur expérience de parents et d’autre part n’ont pas la même responsabilité éducative envers leurs petits-enfants. Le fait est que, dans cette BD, le lien entre la grand-mère et la petite-fille va permettre de réparer les liens mère-fille de l’une et de l’autre.
Alors que Louison vit un nouveau chagrin et est encore une fois forcée de grandir plus vite, Candice, sa mère, doit quant à elle lutter contre sa léthargie et regarder en face toutes les rancœurs accumulées. Étrangement, c’est dans le conflit qu’elle va trouver un peu de force, juste l’élan qu’il lui faut pour réaliser que d’autres partagent son chagrin et qu’il faut aimer les gens tant qu’ils sont encore là. Elle va à la fois mieux comprendre sa fille et sa mère, mais aussi ses propres émotions et la façon délétère dont elle les gère.
Au fur et à mesure que sont dépliés les oiseaux de papier de Fantine, les sentiments des trois femmes se répondent et s’expliquent, s’entremêlent et renforcent leurs liens. Cette histoire est belle, douce et poétique. Elle parle d’amour, de transmission intergénérationnelle et de partage. Elle nous montre aussi l’importance de l’expression par l’art et toutes formes de créativité. En permettant aux personnages d’expérimenter plus d’empathie, elle les pousse vers la résilience.
Les dessins sont très jolis, y dominent des tons parme, avec des touches orangées, roses et éthérées. Ces couleurs pastel et vaporeuses apportent au récit une lumière aurorale. Aurorale et non crépusculaire, car les couleurs sont douces et poudrées, porteuses d’espoir plus que de nostalgie. J’ai particulièrement apprécié l’aspect graphique de cet album.
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