Une BD de Marie Jaffredo, publiée chez Vents d'Ouest.
Sakura vit à Tokyo avec son père d’origine française. Ce dernier doit partir quelques semaines à l’étranger pour le travail et la confie donc à la mère de sa défunte épouse qui vit dans un village de bord de mer. La petite fille se montre rétive à l’idée de se rendre chez cette grand-mère dont elle ne se souvient guère. Son père, pris dans la spirale du deuil et les difficultés qu’il a eu à récréer un équilibre pour sa fille, n’a pas réussi à maintenir le lien comme il l’aurait voulu et il le regrette. Il y voit une occasion de permettre à l’enfant de renouer avec sa grand-mère japonaise.
Sakura a beau vivre au Japon, elle se sent étrangère à sa propre culture. Sa mère décédée dans un accident trois ans auparavant n’est plus là pour l’éveiller à cette part de son héritage. Or, les racines poussent toujours vers l’endroit où elles trouvent de l’eau ainsi que des nutriments et les siennes s’atrophient. Sans en avoir vraiment conscience, l’enfant souffre d’être étrangère à cette part d’elle-même.
Auprès de sa grand-mère, elle va se reconnecter à sa moitié japonaise, à la langue qu’elle parle avec difficulté, aussi bien qu’à l’histoire de sa famille et à cette mère qui lui manque tant. J’ai aimé voir la vieille dame et la petite fille s’apprivoiser en douceur. Matsumi est une femme adorable qui comprend les sentiments de Sakura sans qu’elle ait besoin de les exprimer. Son amour pour sa petite-fille est inconditionnel. Elle lui montre son affection sans forcer la sienne en retour. J’ai aimé la façon dont elle laisse les choses se faire. Des liens se tissent peu à peu entre elles et cela passe par des petites choses : la cuisine, des promenades, apprécier la nature dont Sakura est trop privée à Tokyo, la pêche, les croyances et la découverte du village. Sakura apprend que sa grand-mère y a toujours vécu et commence à poser des questions sur sa famille, à s’intégrer dans cette histoire familiale qui est aussi la sienne. Toutes ces petites choses, tissées entre elles, nourrissent enfin cette part d’elle-même à l’abandon. Matsumi intègre Sakura dans sa vie comme si elle y avait toujours été et sans doute était-ce ce dont la petite fille avait besoin.
Sakura apprend à connaître les gens autour d’elle et se fait des amis. Mais, surtout, elle franchit une étape importante dans son deuil. Via sa grand-mère, elle retrouve sa mère. Voir la petite fille enfin libérée de ce poids est très émouvant.
Le Printemps de Sakura est une histoire douce-amère, pleine de tendresse, de poésie et de sensibilité. Les dessins sont magnifiques et j’ai passé beaucoup de temps à les admirer. J’ai adoré cet ouvrage du début à la fin, je ne peux que le recommander.
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