Un roman d'Arthur Bernard, publié chez Parigramme.
Présentation de l'éditeur :
En 2040, Paris s'est dédoublé : le Paris-capitale, le Paris du pouvoir (Paris I) s'est retranché derrière un mur invisible enserrant une vaste zone courant de La Défense à Saint-Denis, tandis que le Paris que nous connaissons (Paris II) demeure la ville des monuments, des jardins, des cimetières. Tout autour, également séparée par un mur invisible, s'étend une Zone Inquiète aux contours mal définis.
Paris II baigne dans une pénombre imposée par les nécessités de la nuit écologique. C'est une ville hyper-mémorielle, célébrant et commémorant à tour de bras, la mairesse étant assistée dans cette tâche par une adjointe à la mémoire positive et un adjoint à la mémoire négative. De grands miroirs disposés aux angles des places offrent un reflet permanent de la ville à elle-même et se transforment, à l'occasion, en écrans faisant revivre les événements qui s'y sont produits dans le passé.
C'est dans ce cadre qu'évolue une petite troupe emmenée par Gaby, vénérable centenaire qui préfère se dire séculaire. Les amis forment une société des lecteurs nocturnes qui se retrouve dans la BN de la rue de Richelieu, définitivement abandonnée et qu'ils entreprennent dérisoirement de repeupler de livres. On les suit encore à la célébration de la fêt' nat' place de la Bastille, sur les quais pour une parade nautique mouvementée, sur la tombe de Blanqui au Père-Lachaise, dans le vieux métro désaffecté... Partout se croisent des 'ironistes' multipliant les manifestations-surprises, des 'branchés' circulant d'arbre en arbre, d'énigmatiques capuchonnés ou des agents double du pouvoir fomentant attentats et actions d'éclat.
Plus qu'une œuvre d'anticipation et encore moins de prospective, ce roman est une fable qui met en scène des représentations ou des fantasmes attachés de longue date à Paris ; la prédiction est ici autant celle du passé que celle de l'avenir ! Rien ne change mais tout change. Servi par une écriture musicale et poétique, ce tableau est celui d'un rêve éveillé, animant un paysage qui nous semble aussi familier qu'onirique.
Je ne lis quasiment jamais les résumés de quatrième de couverture et avais donc à peine survolé celui-ci, c'était mon dernier choix, celui du coup de tête et du hasard lors d'une opération masse-critique de Babelio. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre et je ne regrette pas cette découverte, qui s'est révélée vraiment étonnante, mais je ne vous cache pas qu'elle m'a laissée perplexe.
Paris en 2040 est un ouvrage aussi difficile à résumer qu’à expliquer, entre le roman, l’exercice de style et l’essai, à la fois fugue temporelle (et intemporelle, car l’auteur semble aimer les paradoxes), guide touristique imaginaire d’un Paris futur, voire fable philosophique. On peut dire qu’il s’agit d’anticipation, mais je me verrais mal le qualifier de science-fiction. C’est également une réflexion philosophique sur notre société, actuelle et potentielle, nous offrant un bond le temps qui nous propulse vers un Paris à la fois étranger et très crédible.
Les personnages principaux de ce roman sont Paris, bien entendu, et Gaby Lavoipierre, centenaire, non pardon « séculaire » amateur de livres, autour duquel se masse une troupe d’amis hétéroclite. Et Gaby en a vu des Paris, tous différents, tous semblables… Il se confond avec la ville, avec l’air du temps, mais apporte avec lui la mémoire, le goût du passé qu’il transmet au présent.
Il n’y a pas vraiment d’histoire, juste l’Histoire, vraie comme fausse, et des histoires, importantes ou pas. C’est typiquement le genre de livre que l’on adore ou que l’on déteste, pourtant je suis restée entre les deux. J’aurais pu, j’aurais dû, adorer cet ouvrage, mais ça n’a pas été le cas. Je ne suis pas sûre de parvenir réellement à vous en faire partager les raisons, mais si la première partie fut très agréable à lire, la seconde est beaucoup moins bien passée. Les effets de style, agréables au début, sont devenus par la suite très lourds et trop d’ironie, trop d’absurde, même pour moi, un récit trop intellectualisé ont eu raison de ma patience. J’ai lu, mais me suis ennuyée, mon intérêt n’étant avivé que par touches, de plus en plus ténues à mesure que j’avançais, péniblement, dans ma lecture.
Le style m’a séduite d’emblée, cela est certain, et je l’ai apprécié presque d’un bout à l’autre du roman. C’est tout à fait le genre d’écriture que j’aime, un style riche, poétique, mélodique et un peu joueur. L’écriture d’Arthur Bernard est enlevée, ciselée, précise, mais aussi joyeuse et taquine ; l’auteur ne perd jamais une occasion d’extrapoler ou de partir en vrilles. Il digresse, laisse les mots s’envoler et virevolter au rythme de Paris, des événements comme des personnages que nous accompagnons et des rues par lesquelles nous passons. C’est beau, c’est intelligent et étonnant, mais ça devient vite un puits sans fond dans lequel résonnent toujours les mêmes échos, épuisant le lecteur à mesure qu’ils se répètent.
L’histoire elle-même se répète, s’entortille, s’embrouille, se torpille même, secondée efficacement par l’écriture donnant dans l’art de perdre le lecteur. Je l’ai dit on aime ou on n’aime pas, c’est une lecture qui demande des efforts, en plus d’un esprit pleinement alerte et disponible, qui a envie de battre la campagne (ou plutôt les pavés) dans l’absurdité et la bonne humeur, mais sans jamais cesser de réfléchir.
Je comprends la démarche intellectuelle, enfin en grande partie, mais n’y trouve pas tant d’intérêt que cela, or l’histoire n’a sans elle pas beaucoup d’épaisseur. L’esprit de Gaby, libre penseur qui aura cent ans en 2040, se laisse glisser vers ce Paris potentiel, peut-être même probable et en tout cas crédible, comme dans un univers parallèle.
Et Gaby, ou son sosie, avec sa bande de copains de 2040 fait ou refait le monde selon les occasions et nous balade à sa suite dans Paris bis. Les personnages et les jours filent, six mois du Paris de 2040, si différent et si héritier de notre Paris actuel. Car on ne s’y trompe pas, c’est bien Paris le personnage principal, avec l’histoire de Gaby qui se mêle à la sienne, pas l’inverse.
J’en retiendrai des choses intéressantes et si la fin du monde n’arrive pas en décembre 2012, ne serai pas pressée de voir venir l’année 2040, même pour une réunion des lecteurs nocturnes car je suis persuadée que dans l’immensité de tous les possibles, celui que ce livre nous décrit reste en grande partie très plausible, aussi dérangeant puisse-t-il être…
Paris en 2040 est une bizarrerie, une lecture déroutante et inclassable, un rien trop « branchée » pour moi faut-il croire, même si je dois reconnaître que le tout est savamment pensé, parfaitement construit et très bien écrit.
Les personnages principaux de ce roman sont Paris, bien entendu, et Gaby Lavoipierre, centenaire, non pardon « séculaire » amateur de livres, autour duquel se masse une troupe d’amis hétéroclite. Et Gaby en a vu des Paris, tous différents, tous semblables… Il se confond avec la ville, avec l’air du temps, mais apporte avec lui la mémoire, le goût du passé qu’il transmet au présent.
Il n’y a pas vraiment d’histoire, juste l’Histoire, vraie comme fausse, et des histoires, importantes ou pas. C’est typiquement le genre de livre que l’on adore ou que l’on déteste, pourtant je suis restée entre les deux. J’aurais pu, j’aurais dû, adorer cet ouvrage, mais ça n’a pas été le cas. Je ne suis pas sûre de parvenir réellement à vous en faire partager les raisons, mais si la première partie fut très agréable à lire, la seconde est beaucoup moins bien passée. Les effets de style, agréables au début, sont devenus par la suite très lourds et trop d’ironie, trop d’absurde, même pour moi, un récit trop intellectualisé ont eu raison de ma patience. J’ai lu, mais me suis ennuyée, mon intérêt n’étant avivé que par touches, de plus en plus ténues à mesure que j’avançais, péniblement, dans ma lecture.
Le style m’a séduite d’emblée, cela est certain, et je l’ai apprécié presque d’un bout à l’autre du roman. C’est tout à fait le genre d’écriture que j’aime, un style riche, poétique, mélodique et un peu joueur. L’écriture d’Arthur Bernard est enlevée, ciselée, précise, mais aussi joyeuse et taquine ; l’auteur ne perd jamais une occasion d’extrapoler ou de partir en vrilles. Il digresse, laisse les mots s’envoler et virevolter au rythme de Paris, des événements comme des personnages que nous accompagnons et des rues par lesquelles nous passons. C’est beau, c’est intelligent et étonnant, mais ça devient vite un puits sans fond dans lequel résonnent toujours les mêmes échos, épuisant le lecteur à mesure qu’ils se répètent.
L’histoire elle-même se répète, s’entortille, s’embrouille, se torpille même, secondée efficacement par l’écriture donnant dans l’art de perdre le lecteur. Je l’ai dit on aime ou on n’aime pas, c’est une lecture qui demande des efforts, en plus d’un esprit pleinement alerte et disponible, qui a envie de battre la campagne (ou plutôt les pavés) dans l’absurdité et la bonne humeur, mais sans jamais cesser de réfléchir.
Je comprends la démarche intellectuelle, enfin en grande partie, mais n’y trouve pas tant d’intérêt que cela, or l’histoire n’a sans elle pas beaucoup d’épaisseur. L’esprit de Gaby, libre penseur qui aura cent ans en 2040, se laisse glisser vers ce Paris potentiel, peut-être même probable et en tout cas crédible, comme dans un univers parallèle.
Et Gaby, ou son sosie, avec sa bande de copains de 2040 fait ou refait le monde selon les occasions et nous balade à sa suite dans Paris bis. Les personnages et les jours filent, six mois du Paris de 2040, si différent et si héritier de notre Paris actuel. Car on ne s’y trompe pas, c’est bien Paris le personnage principal, avec l’histoire de Gaby qui se mêle à la sienne, pas l’inverse.
J’en retiendrai des choses intéressantes et si la fin du monde n’arrive pas en décembre 2012, ne serai pas pressée de voir venir l’année 2040, même pour une réunion des lecteurs nocturnes car je suis persuadée que dans l’immensité de tous les possibles, celui que ce livre nous décrit reste en grande partie très plausible, aussi dérangeant puisse-t-il être…
Paris en 2040 est une bizarrerie, une lecture déroutante et inclassable, un rien trop « branchée » pour moi faut-il croire, même si je dois reconnaître que le tout est savamment pensé, parfaitement construit et très bien écrit.
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