Un roman de Lloyd Alexander, publié aux éditions Anne Carrière.
Présentation de l'éditeur :
Au cœur du royaume de Prydain, un jeune garçon rêve d'aventures et de combats à l'épée. Chargé de veiller sur la truie Hen Wen, Taran est loin de se douter que l'animal possède de grands pouvoirs magiques et que l'abominable Roi Cornu est à sa recherche. Lorsque la truie s'échappe de Caer Dallben, Taran se lance à sa poursuite et s'enfonce profondément dans les terres de Prydain. Aidé du seigneur Gwydion, d'une créature nommée Gurgi et de la plus singulière des jeunes filles, Taran doit affronter le Roi Arawn et le Fils du Chaudron, deux êtres maléfiques au service du Roi Cornu. Le jeune garçon deviendra-t-il le héros qu'il a toujours voulu être ?
Quand j’étais petite, j’ai vu Taram et le chaudron magique au cinéma et il est encore à ce jour un de mes Disney préférés. Beaucoup de personnes de ma génération ne l’ont pas aimé. Il a été jugé trop sombre et effrayant. Malgré un nouveau doublage pour le remettre au goût du jour, il est presque tombé dans l’oubli. Je trouve cela bien dommage.
Comme la plupart des gens qui ont aimé ce dessin animé, je savais qu’il était inspiré d’une pentalogie de fantasy : Les Chroniques de Prydain de Lloyd Alexander. J’ai toujours eu envie de lire ces romans, mais je n’arrivais pas à me décider à les lire en anglais. À ma connaissance, seul le premier volume avait été traduit. Cependant, l’édition dont je vais vous parler est récente, propose le texte intégral, et le deuxième tome du cycle est déjà en librairie lui aussi. J’espère que les autres suivront très vite, sachez cependant que le premier tome a une vraie fin et peut se lire indépendamment.
Le Livre des trois est un excellent roman de fantasy pour la jeunesse. Assez classique dans sa forme, il est intemporel et même si vous avez déjà lu des tas bouquins de ce type, vous ne pourrez que reconnaître sa qualité. C’est toutefois chez un jeune public, entre huit et quinze ans, qu’il trouvera sans doute le meilleur accueil.
Le Livre des trois est à la fois un roman d’apprentissage et de compagnonnage. Un jeune garçon qui s’ennuie dans sa vie d’apprenti porcher rêve de faits héroïques et il va se trouver mêlé à une quête dont dépend la survie de son royaume. Une chance pour lui, il sera aidé par des amis rencontrés au fil de ses mésaventures. Déjà vu, comme je vous le disais, mais pas ennuyeux pour autant. L’auteur n’a pas fait dans le cliché et, surtout, il a su créer des personnages qui sortent du cadre de ce type de récit.
Taram, qui est censé être le personnage principal, va grandir, apprendre de ses erreurs, et confronter ses rêves d’enfant à la réalité. Il évolue beaucoup et c’est un vrai plaisir à lire. Certes, c’est un personnage plein de bons sentiments, mais il n’est jamais niais. Je l’ai trouvé plutôt atendrissant.
Ses compagnons sont aussi des outsiders à leur façon et la jument est probablement la plus sage du groupe. Toutefois, c’est ce qui fait leur charme.
Gurgi, créature entre l’homme et l’animal, semble lâche et avide, mais va se révéler auprès de ses compagnons. C’est un personnage vraiment touchant. Sa nature fait qu’il est rejeté, comme l’un des personnages nous le fait si bien remarquer, mais il a juste besoin qu’on apprenne à lui faire confiance. C’est une des caractéristiques qui m’ont vraiment plu dans cette histoire : deux personnages très sages nous rappellent souvent de ne pas nous fier aux apparences. La bonté n’est jamais du temps ou de l’énergie perdus. La tolérance amène à la compréhension en profondeur des choses et des êtres. Cela est parfaitement illustré avec Gurgi, mais pas seulement.
Fflewddur Fflam le barde, est un peu menteur, un peu léger, mais son grand cœur n’est pas feint et il pourrait se découvrir plus courageux qu’il ne l’espérait. Ce personnage calamiteux, qui a abandonné son royaume pour devenir barde, apporte un peu de fantaisie à la troupe.
Eilonwy enfin, courageuse et pragmatique fillette, est certes un peu boudeuse, trop bavarde et puérile parfois, mais sait aussi faire preuve d’une grande maturité quand il le faut. Cette enchanteresse en cours de formation n’a pas de grands pouvoirs, cependant elle est très intelligente et tout le contraire de la damoiselle en détresse malgré son jeune âge. C’est une figure féminine très positive.
Je ne vous présente que les personnages que l’on suit le plus longtemps, néanmoins vous ferez d’autres intéressantes rencontres dans ces pages et c’est là tout le sel de ce récit. Il y a toujours plus à voir que ce que l’on croit.
Lloyd Alexander s’est beaucoup inspiré des légendes galloises et ce fut un plaisir de voir quel tissage il a réalisé avec tous ces récits entremêlés. Le roman a sa personnalité propre, cependant cette inspiration l’enrichit grandement et contribue à le sauver de sa forme trop classique.
Le Livre des trois est un très bon roman, qui n’a pas du tout vieilli, et une bonne introduction à la fantasy pour un jeune public. En outre, il transmet de bonnes valeurs. On y apprend que les erreurs nous font grandir quand on en tire des leçons, qu’une bonne action a toujours des répercussions même si elles sont parfois insoupçonnées et que le véritable héroïsme ne se taille pas forcément à la force d’une épée. C’est un roman sur l’amitié, sur le partage, l’entraide et la confiance, sur le sacrifice, l’humilité et la générosité. Il n’est pas moralisateur, mais offre néanmoins une bonne morale.
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