vendredi 10 juillet 2020

Millarca

Un roman d'Orlane Escoffier, publié aux éditions du Petit Caveau.

Présentation de l'éditeur :
Beaucoup d’entre vous me connaissent. Millarca, Carmilla, la comtesse vampire avide du sang des vierges. Vous connaissez Laura, cette jeune fille que j’ai séduite, puis tuée à petit feu jusqu’à ce que son valeureux père ne me chasse. Hélas, cette version n’est pas tout à fait exacte.
La véritable histoire, mon histoire, est lourde de secrets, de superstitions et de vérité, de monstre humain et non humain. Détrompez-vous, ce n’est pas une histoire d’horreur, au contraire. Je vais vous parler d’amour, un amour fou qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui.
Tous les amateurs de récits vampiriques ont lu Carmilla. C’est un remarquable classique du gothique et du fantastique dont je ne me lasserai jamais et que je conseille chaleureusement.
Orlane Escoffier a choisi non pas de réécrire, mais de réinterpréter totalement la novella. À la façon d’Entretien avec un vampire, elle transpose sa Carmilla à notre époque, face à une jeune femme qui doit retranscrire son histoire. Une nuit, c’est tout ce qu’a Mona, d’abord sceptique, pour recueillir les confidences de cette mystérieuse jeune femme qui dit s’appeler Millarca et vouloir rétablir la vérité. La forme du roman, long entretien émaillé d’interludes durant lesquels Mona et Carmilla échangent de plus en plus en marge du récit principal, m’a plu.
Carmilla nous décrit sa nature, à la fois proche et lointaine de l’idée que l’on se fait du vampire. Elle évoque son enfance étrange, la malédiction que subit sa mère qui perd tous ses enfants les uns après les autres, l’isolement dans lequel elle grandit. Et puis vient le moment du départ, tout ce qu’elle a conté auparavant n’étant qu’un préambule. Sa véritable histoire, celle qu’elle veut se réapproprier loin des « mensonges » qu’on a répandus à son sujet, est sombre et décadente, vénéneuse mais non dénuée d’amour.
L’autrice a pris des détails et a brodé à partir d’eux, ce qui donne un récit à la fois original, car il suit une tout autre piste, et pourtant familier. On pourrait croire à ce roman gothique réinventé, finalement assez éloigné de celui qui l’a inspiré.
Les références vampiriques sont nombreuses et subtiles. Le récit, en bon héritier des genres qui l’ont nourri, a un goût de transgression. Mais qu’est-ce qui peut encore choquer à notre époque ? Cela est aisé à deviner...
Même si je m’attendais aux secrets que j’allais voir dévoilés, je n’ai avancé vers eux qu’à reculons. Millarca est une histoire poisseuse, dérangeante, que l’évolution du personnage n’a pas su adoucir à mes yeux. Je n’ai pas réussi à éprouver d’empathie alors que j’aurais dû, au moins pour Laura qui n’a pas l’inhumanité de sa comparse. Cela m’a retenue dans mon implication. Je ne peux pas dire que j’ai apprécié cette lecture, mais elle est dérangeante à dessein alors c’est une réussite. En outre, ce roman est bien écrit, si l’on choisit d’ignorer les nombreuses coquilles qui le jalonnent. Il a ce petit quelque chose de suranné et de poétique qui sied au genre.
Les amateurs de gothique et de vampires devraient y trouver un intérêt et vous pouvez l’apprécier même sans avoir lu Carmilla, ce serait toutefois dommage de vous en priver.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire