jeudi 30 décembre 2010

Les contes myalgiques II : les atouts du diable

De Nathalie Dau.
Aux éditions Griffe d'Encre.

Contes Myalgiques II : Les Atouts du Diable fait suite aux Contes Myalgiques I : Les Terres qui rêvent, le premier recueil de Nathalie Dau, lauréat du Prix Imaginales de la nouvelle en 2008. 
19 textes dont 13 inédits + 2 poèmes, pour 21 atouts. 
Quatrième de couverture : 
Dans les galeries du bassin houiller, le touffu des forêts sauvages et la noirceur des sentiments.
Dans la souffrance et puis les larmes, les cauchemars du quotidien, le désespoir, la solitude… et la peur qui pousse à le voir là où il ne s’est pas tenu. La rancœur qui l’invoque. La vengeance qui lui livre son dû.
Il rit, aussi, de la folie et de ses farces. Des illusions, des accidents, des maux. Du Mal.
Et il attend. Armé de ses atouts.
Sommaire :
  • Scartime
  • Païenne
  • Une petite pièce après l'autre
  • Global Punishing System
  • Knock Knock Knockin' on Hell's Door
  • Le Goût du miel
  • Solamente
  • Raven Party
  • War Seed
  • La Force du déni
  • La Peau du Diable
  • La Bouche
  • Pour Camille
  • Nouveau-né
  • Les Ailes de l'Anaconda
  • Pour qui sonne Clochette ?
  • Quand viendra l'Aube
  • Notre-Dame des Algues
  • Le Saut de l'Ange
  • Celle qui demeurait
  • Playlist
  • Conclusion : Textament
Du premier volume des contes myalgiques, je me souviens comme quelque chose de lumineux, même si bon nombre de ses contes étaient cruels. Ce second opus, lui, me fait penser à la face sombre de la même pièce. L'espoir s'y fait rare, diffus, il s'échappe si on le cherche et pour le percevoir il faut accepter de ne pas pouvoir en saisir la nature.
Il est difficile, très difficile de décrire ce que cette lecture m'a inspiré ou fait ressentir, autrement qu'en disant que ce fut un long et douloureux voyage, dérangeant par moment, mais toujours fascinant.
J'aime décidément le style de l'auteur, toujours fluide, délicat, musical et poétique, mais surtout cette inspiration qu'elle semble puiser si loin dans le temps, l'espace et la douleur.
Si Les Terres qui rêvent garderont ma préférence, parce que leur langage m'est sans doute plus familier, Les atouts du diable ont néanmoins été à la mesure de mon attente, ce qui en soi est déjà énorme car j'espérais beaucoup de cet ouvrage.
J'ai pourtant eu du mal, durant presque toute la première partie du recueil, à en comprendre la cohésion. C'est venu petit à petit, d'abord avec Le Goût du miel, puis plus pleinement avec Raven Party. Je crois que si j'ai très vite, et tout aussi brutalement, plongé dans cet univers sombre, mes sens ont mis un certain temps à retrouver leurs repères et donc à me permettre de percevoir de nouveau ce qui m'entourait.
En cela, j'ai retrouvé avec plaisir quatre nouvelles que je connaissais déjà et qui m'ont aidée, en se replaçant dans ce contexte alors que je les connaissais dans d'autres, à trouver la musique de se recueil, celle qui me permettrait de me laisser porter par la vague et de comprendre son mouvement, sa musique.
J'avais écrit un long billet décrivant mes sentiments à propos de chaque nouvelle, mais il s'est perdu au loin, sans doute au cours des jeux des gremlins... Ce n'est peut-être pas plus mal car c'est une lecture difficile à partager, désespérante et merveilleuse à la fois, ainsi vous retiendrez peut-être mon enthousiasme et pas mes bavardages....
Car je ne peux que vous conseiller ce livre, mais, en amie, vous suggérer d'attendre un moment où la tristesse, l'angoisse et le désespoir sont loin de vous pour en affronter la lecture.

vendredi 24 décembre 2010

Mystères et mauvais genres

Une anthologie dirigée par Elie Darco et publiée chez Sombres Rets.


Quatrième de couverture :
La porte se ferme, emprisonnant un pan de brume et l’odeur de la ville. Une silhouette s’avance entre les rayonnages, le pas vif, tous les sens aux aguets. Sa main glisse sur la tranche d’un livre dont elle se saisit avidement. Elle plonge entre les lignes à la rencontre… 
… d’un inspecteur qui côtoie la mort de près,
… de l’ambiance torride et dangereuse du Brésil,
… d’un desperado acculé par des chasseurs de prime,
… des lieux où règne la folie, la hantise et le vice,
… ou d’un fait divers à vous glacer les sangs. 
À la croisée des genres, entre enquêtes policières, aventures surnaturelles et énigmes de la science-fiction, cette anthologie s’adresse à tous les amateurs de frissons et de mystères.
Illustrations : Elie Darco
A noter qu'on pouvait voter pour choisir l'illustration de couverture. Si je ne démords pas du fait que Dernière la porte était beaucoup plus représentative pour cet ouvrage, la voleuse a quand même son charme. Les deux autres propositions sont devenues des illustrations intérieures double page en noir et blanc.

Table des matières :

Préface, Elie Darco.

Quand l'inconnu s'invite dans le quotidien...
Latombe, victime professionnelle de Guillaume Suzanne
Le Marchand de Secrets de P.R. Tohril
La mélodie du malheur de Michaël Moslonka
Les larmes du Poète de Gabriel Féraud
La flaque à côté de l’arrêt d’autobus de Christophe Nicolas

En quête de vérité...
Le corail d’Altawyris de Bruno Grange
En l’honneur d’Emily de Sébastien Ruche
La brigade des Enquêtranges de Lucie Chenu
Vade retro Satanas ! de Aurélie Wellenstein
L’inspecteur Bernère contre la mort de David Osmay
Pandémonium City de Anne Goulard

Ces témoignages qui font l'histoire...
L’âme damnée de Yeun de Arnaud Cabanne
Quinte Flush de Richard Mesplède
Samba Luna de Ombeline Duprat
Un homme fort de Cyril Carau

Notices bibliographiques.

Mon avis :
J'ai attendu cette anthologie avec une impatience grandissante au fil des mois et je n'ai vraiment pas été déçue.
Mystérieuses, certes, mais également intenses, effrayantes, drôles, fascinantes, grinçantes, passionnantes, bouleversantes, ces histoires m'ont capturée dans leurs rets, c'est certain. Il est rare d'aimer quasiment toutes les nouvelles d'une anthologie, surtout quand elle est a ce point diversifiée, ça a néanmoins été mon cas pour celle-ci. Et pas seulement parce que je suis définitivement une lectrice de mauvais genres...
A ce propos, j'ai beaucoup apprécié les théories que développe la préface.
Les textes sont donc d'une indubitable qualité, mais la composition intelligente et fluide de l'anthologie joue aussi. Les nouvelles s'enchaînent judicieusement, préparant le lecteur aux histoires suivantes, intensifiant l'angoisse quand il le faut, allégeant l'atmosphère au bon moment. Elles se mettent en valeur l'une l'autre et on ressent vraiment une cohésion à la lecture. C'est pour moi une des choses qui montre vraiment la qualité d'une anthologie.
Pour en revenir aux textes eux-mêmes, j'ai donc été, comme dit plus haut, très agréablement marquée par leur diversité.
Latombe, victime professionnelle ouvre le bal. Excellent choix que cette courte nouvelle, irrévérencieuse et amusante, pour commencer. Même si on sent venir le coup, on se laisse avoir par l'atmosphère baroque et le charisme du personnage.
A cette divertissante histoire succèdent deux beaucoup plus sombres.
La marchand de Secrets, histoire en deux temps dont j'ai adoré la forme qui intensifie le mystère, m'a offert un moment de lecture compulsive et fascinée. J'aurais aimé en savoir plus sur ce personnage cynique, voire cruel, même si j'admets que ça aurait gâché cette ambiance que j'ai tant appréciée et que ça n'aurait pas collé avec les impératifs formels de la nouvelle. Toute dénuée d'espoir qu'elle est, j'ai aimé cette histoire et elle m'a vraiment marquée.
La suivante, La mélodie du malheur, est une des plus effrayantes du recueil, ou plutôt "dérangeante", devrais-je dire. Pour moi, c'est de l'horreur dans toute la splendeur du genre, mais peut-être que les vrais amateurs d'horreur ne seront pas d'accord, n'en étant pas une moi-même j'ai peut-être une vision décalée de ce genre. En tous cas, il en faut beaucoup pour que ce type d'histoires me touche et là j'ai senti les mots ramper autour de moi. Ce n'est peut-être pas quelque chose que je choisirais de lire dans un autre cadre que celui d'une anthologie, mais ça a été un bon moment de lecture. C'est vraiment un excellent texte.
L'autre nouvelle "dérangeante" de l'anthologie, L’âme damnée de Yeun, est probablement plus angoissante, elle ne joue pas sur les mêmes peurs. Diablement bien écrit, c'est un des textes qui m'a le plus marquée. Je suis une amatrice de fantastique et ça en est dans le sens strict du terme, du fantastique de très grande qualité. Une bonne découverte car comme pour la nouvelle précédemment citée, le thème n'est pas un de ceux que je recherche habituellement.
Je suis me suis aussi beaucoup amusée avec cette anthologie... La brigade des Enquêtranges, dans laquelle deux détectives doivent résoudre le mystère qui entoure un meurtre "à l'ancienne" dans un monde ou d'ordinaire on retourne dans le passé pour éviter les crimes, a été une lecture très divertissante, même si j'ai trouvé cette nouvelle un peu courte. Elle aurait gagné à être plus développée, alors que là elle est plaisante sans être géniale.
L’inspecteur Bernère contre la mort, parodie grinçante, drôle, dégoûtante à souhait, est aussi un excellent texte, aussi léger que sombre. Qui a donc tué le zombie officiel du temple de Mortisse ? Et surtout qui va le remplacer... J'aime décidément bien l'écriture de David Osmay.
Les larmes du Poète et Vade retro Satanas ! sont deux histoire d'exorcisme aux personnages fascinants et charismatiques, aux intrigues passionnantes et pourtant parfaitement dissociables. La première est mystérieuse et poétique, délicieusement stylée, la seconde est plus ironique et met en scène un incube qui perturbe le quotidien de la maisonnée d'un aristocrate. Deux univers différents que j'ai adoré découvrir, j'aurais vraiment aimé en savoir plus sur ces personnages.
Le corail d’Altawyris est une de mes nouvelles préférées, un peu polar, un peu sf... Me plaire n'était pas évident avec un tel mélange, mais l'alchimie a fonctionné à merveille. Le détective privé, cliché juste ce qu'il faut, l'ambiance, le background, le corail et la plante méduse, j'ai tout aimé dans cette nouvelle, j'ai même gobé la théorie du personnage, c'est dire...
Pandémonium City est comme la précédente une enquête dans le sens classique du terme, si ce n'est que cette fois-ci elle se passe à la frontière du monde féerique et est menée par un nécromancien. C'est le personnage et l'univers qui font l'histoire, plus que le mystère en lui-même qui aurait pu être beaucoup plus complexe. C'est une histoire avec beaucoup de potentiel qui aurait gagné à devenir une novella et à être plus travaillée. J'ai vraiment adoré son ambiance et background.
Le style est un peu plus sec que dans d'autres textes de cette anthologie, mais il colle avec l'esprit du personnage et puis ça change un peu.
Revenons en arrière, vers une des nouvelles du début, un ovni parmi les autres... La flaque à côté de l’arrêt d’autobus est une nouvelle étonnante. J'aime beaucoup quand l'inexplicable et l'étrange s'invitent dans le quotidien par l'entremise de toutes petites choses des plus anodines. C'est de ce surgissement improbable que naissent les meilleures nouvelles de fantastique. Celle-ci est, en accord avec son propos, à la frontière du genre. Un moment d'incertain qui a vraiment sa place dans cette antho tout tranchant avec le reste.
Passons aux trois nouvelles que j'ai un peu moins appréciées... Eh oui, il en faut, et ça ne veut pas dire non plus que je les ai détestées. Quinte Flush, très bien écrite et racontée ne me marquera pourtant pas. C'est une histoire à la limite de l'onirique, bonne ambiance et personnage sympathique. Mais sans plus.
J'ai trouvé que la nouvelle En l’honneur d’Emily manquait quant à elle un peu trop de substance pour vraiment me plaire. En fait je l'ai trouvé longuette et même si la chute m'a démontrée à quel point l'histoire avait été habilement menée, ça ne m'a pas plus touchée que ça, mais j'admets volontiers que cette nouvelle-ci plaira sans doute beaucoup à un autre public que moi.
Enfin Samba Luna, dont j'ai apprécié l'histoire en elle-même, mais peu aimé le côté graveleux qui, même pour une telle intrigue, était à mon sens exagéré, de même, j'ai trouvé l'histoire un peu délayée.
Pour finir sur une bonne note et en plus en accord avec le sommaire de l'anthologie, parlons enfin d'Un homme fort qui est probablement la nouvelle qui m'a le plus touchée ou en tous cas celle qui a déclenché le plus d'empathie chez moi. J'ai vraiment eu l'impression de ressentir ce qu'un des personnages à ressenti à la fin de ce récit.
Je n'ai pas du tout, jusqu'à la toute fin, su où cette histoire, qui tranchait tellement avec les précédentes, allait me mener. Elle termine parfaitement ce recueil en ramenant le lecteur vers sa propre humanité.

mardi 21 décembre 2010

En guise d'introduction... (Parce qu'il paraît que je ne peux pas y couper...)

Je connais des gens (je ne citerai pas de noms) qui pourraient vous dire que la livropathie est une grave maladie psychique qui prend ses quartiers dans les esprits déjà bien bugués des rats de bibliothèques dans mon genre et qui les rend petit à petit de plus en plus cinglés...
Mais ça n'a pas d'importance, sauf si vous pensez qu'elle est contagieuse, auquel cas je vous conseille de fuir le plus loin possible.
Si toutefois ça ne vous effraie pas ou si vous êtes déjà bien atteints... Soyez les bienvenus dans mon monde de livropathe...
Je n'ai pas la prétention de vous dire ce qu'est ou pas un bon livre. Je suis juste une lectrice qui aime partager parfois, mais pas toujours, son enthousiasme ou ses déceptions. C'est subjectif et pas franchement utile, je sais, mais l'avantage d'un blog c'est qu'on n'est pas obligé de le lire et je crois que ça va réduire considérablement les envies de meurtre de mon entourage si au lieu de palabrer pendant des heures je me contente de bien sagement scribouiller mes délires ici...