Un roman de Lucie Castel, publié en numérique chez Kobo Originals.
Présentation de l'éditeur :Lorsque la grand-mère adorée d’Adèle décède, la jeune femme à l’esprit sarcastique et à la langue bien pendue est déterminée à respecter ses dernières volontés : quitter la demeure familiale et partir à l’aventure.Une formation de jardinier-paysagiste plus tard, elle part pour Luserne, petite ville du sud, où se trouve Lucien Vidal, vieil homme acariâtre mais aussi et surtout premier grand amour de sa grand-mère. Grâce à lui, Adèle décroche un petit boulot pour s’occuper du jardin du cimetière communal.Malgré la suspicion qu’elle suscite chez les habitants les plus conservateurs, elle se lie bientôt d’amitié avec un groupe de marginaux : un jeune facteur dont l’obésité menace son maintien en poste, une toiletteuse gothique et lesbienne, une ancienne reine du lycée anorexique et le jeune et séduisant croque-mort de la ville.Mais l’ambiance se dégrade lorsqu’un corbeau placarde sur les tombes des lettres accusant des notables respectables des pires comportements. Commence alors une chasse aux sorcières qui accuse prioritairement les amis d’Adèle en raison de leurs différences…
Adèle, vingt-cinq ans, ne sait plus quoi faire de sa vie. Elle a perdu l’être qui lui était le plus cher au monde : sa grand-mère qui l’a élevée. Ce deuil lui semble d’autant plus insurmontable qu’elle s’était repliée sur elle-même, enfermée avec sa grand-mère pour profiter le plus possible du temps qu’il leur restait. Pendant dix ans, elle a tout juste vivoté et le peu d‘attaches qu’elle avait réussi à nouer en dehors de cette relation fusionnelle ne pèse pas bien lourd. Mais c’est sans compter les dernières volontés de Mahaut qui avait bien l’intention de sortir sa petite-fille de l’impasse, même malgré elle.
Alors, ça peut sembler cliché raconté comme ça, mais ça n’a pas d’importance, parce qu’on entre dans cette histoire avec une facilité déconcertante et un intérêt qui ne fait que croître au fil des pages. La jeune femme sarcastique et paumée que l’on rencontre au pire moment de sa vie est très attachante. Adèle est sympathique, elle aime le cinéma et les couleurs vives, elle se sent seule et cache ses failles sous beaucoup trop de sarcasme. Parce qu’elle est une fille lambda à laquelle on peut facilement s’identifier, elle ne semble que plus réelle. Elle se trouve désarmée face à la vie car sa grand-mère était le centre de son monde, mais ce n’est pas pour autant une petite chose fragile qui va pleurer sur son sort. Bien au contraire, elle décide de se focaliser sur la vie et d’être heureuse.
Ce roman est assez typique du genre feel good, avec un événement malheureux comme déclencheur d’une volonté de se reconstruire. Le début nous offre quelques réflexions sombres, mais très vraies, sur le cancer. Sachez toutefois, si c’est pour vous un sujet sensible, que c’est l’affaire de quelques pages. L’héroïne ne s’appesantit ni sur son deuil ni sur la maladie. Cependant, ce passage m’a marquée à cause de ses accents de vérité et de mon expérience personnelle sur le sujet. Je suppose que cela m’a aidée à entrer dans l’histoire, puisque j’y ai tout de suite cru.
Une fois les affres du deuil consumées, Adèle décide enfin de sortir de sa coquille et comme il faut bien commencer par quelque chose autant dévider la pelote de souvenirs que lui a laissée Mahaut, une pelote de regrets pour encourager sa petite-fille à ne pas commettre les mêmes erreurs.
Cette histoire est agréable à lire et pleine d’humour. Quand l’autrice emploie des clichés, ce qui arrive souvent, ils se fondent dans l’intrigue sans trop laisser de grumeaux. C’est le genre de clichés qu’on apprécie parce qu’on se sent comme à la maison, même si on lève de temps en temps les yeux au ciel juste par esprit de contradiction. L’ambiance d’une petite ville du Sud est parfaitement rendue, même si bien sûr les contours sont accentués car il faut bien assurer le spectacle.
J’ai passé un bon moment avec Adèle et ses amis. Cependant, j’ai relevé quelques incohérences, coquilles et cafouillages. Entre autres, il y a des contradictions dans l’histoire de certains personnages, une femme change de prénom en cours de route et pourquoi diable Adèle porte-t-elle le nom de jeune fille de sa grand-mère quand on sait que celle-ci s’est mariée ? Enfin, cela est ennuyeux mais pas bien grave. C’est le genre de roman sans prétention qu’on lit pour son ambiance solaire et pour voir les gentils triompher des aléas de l’existence. Dans cette optique, c’est une réussite.
Comme je suis curieuse d’en apprendre davantage sur les amis d’Adèle, je lirai sans doute la suite.