Premier tome de la série Maeve Regan par Marika Gallman, publié aux éditions du Petit Caveau.
Résumé de quatrième de couverture :
Avant, ma vie était simple : l’université si j’en avais envie, les hommes quand j’en avais envie. Et je n’avais aucun problême qu’un barman ne puisse m’aider à résoudre. Ça, c’était avant qu’on essaie de me kidnapper.
Aujourd’hui, tout semble être fait pour me foutre en rogne.
Petit 1 : j’apprends que ma famille n’est pas ce qu’elle semble être.
Petit 2 : l’homme qui m’a élevée me ment sans vergogne.
Petit 3 : des types douteux me poursuivent.
Et petit 4 : il semblerait que je ne sois pas tout à fait humaine…
Ah, j’oubliais ! Mon seul allié dans ce merdier est un vampire charismatique dont le passe-temps favori est de me martyriser en me rappelant à quel point je ne suis pas si différente de lui.
Quand je vous dis qu’il y a de quoi s’énerver…
Dans ce récit moderne bourré d'action, Marika Gallman nous fait découvrir son héroïne décapante : Maeve Regan. Un roman qui vous surprendra par ses retournements de situation et son humour mordant !
C’est un premier roman, donc je vais essayer de ne pas être trop méchante, cependant histoire de donner tout de suite le ton de cet avis : faut le dire, je me suis ennuyée comme un rat mort et j’exagère à peine. J’ai mis un temps fou à lire ce bouquin parce que j’avais l’impression d’être en apnée à chaque plongée dans cet univers. Je déteste quand la lecture devient une corvée… Je ne suis pas très bon public, je l’avoue, mais il en faut beaucoup pour réellement m’ennuyer.
Je n’ai pas aimé mais ne peux pas dire pour autant que l’intrigue est mauvaise en soi ; j’ai vu nettement pire en fantasy urbaine (et aussi nettement mieux. Que voulez-vous, je suis du genre à rester bloquée sur ce « mieux » tant espéré…) Les goûts, les couleurs, etc. Vous connaissez la chanson et moi je chante faux, donc nous allons passer à autre chose…
En fait, si vous avez lu le résumé de quatrième de couverture, vous connaissez déjà la moitié de l’histoire et vous pouvez facilement deviner la seconde. Le récit manque d’originalité, c’est un fait, (je vais éviter de spoiler, cependant je vous garantis qu'on vous a déjà fait le coup), néanmoins ce n’est pas quelque chose qui me gêne particulièrement en général, même si ça peut être agaçant par moment. Je pars du principe que rien n’est original de toute manière, c’est la façon dont on traite le sujet qui fait la différence. Pour moi, le problème majeur avec cette lecture est que je n’ai pas réussi à trouver le moindre intérêt à cette histoire et contre ça on ne peut pas lutter, même si j’ai essayé. Je n’ai fait qu’attendre qu’arrivent des événements que j’ai bien entendu vus venir longtemps avant l’héroïne.
Pour ne rien rattraper, le style est vraiment moyen et plein de maladresses. Il y a de nombreux cafouillages, le récit est mal structuré entre les moments d’action et de latence et il s’en dégage une impression de déséquilibre.
De mon point de vue, bien qu’il n’y ait pas de formule miracle, un texte réussi allie la fluidité de l’écriture au souffle du récit. L’un ne va pas sans l’autre et dans Rage de dents la respiration est laborieuse. L’action est brouillonne (mais paradoxalement assez bien décrite par rapport à d’autres ouvrages du genre, ça je le reconnais, même si les scènes de combats m’ont parfois laissée dubitative) et les révélations n’en finissent pas d’être révélées. Il y a énormément de répétions, j’ai parfois eu l’impression de voir les pensées de Maeve tourner en boucle.
Pour permettre à la part névrosée de ma personne d’apaiser ses nerfs je vais vous donner quelques exemples de tout ce qui a contrarié la lectrice tatillonne que je suis.
Commençons par les répétions. Elles se manifestent dans l’histoire elle-même, mais aussi en écho dans le style : page 112 un rictus déforma ses traits, onze lignes plus bas, un drôle de rictus déforma ses traits. Décidément, le gars aime grimacer… Ce n’est qu’un exemple mais il y en a plein d’autres du même genre, notamment Brianne et son air complice, Lukas et son air mauvais, les yeux couleur glacier de grand-papa…
Il y a également de nombreuses fautes de négation qui font dire aux phrases le contraire de ce qu’elles signifient, c’est extrêmement agaçant de mon point de vue.
Et entre autres erreurs relevées souvent : « après que » n’est jamais suivi du subjonctif, il ne doit pas y avoir de virgule avant le « et » dans une énumération, faut pas confondre les termes imberbe et glabre et l’expression correcte est « tu ne perds rien pour attendre, » même si ça ne coûte pas plus cher non plus... Ah et puis, rapport à la quatrième de couverture, il y a un e à suspense.
Je me sens mieux, je peux reprendre le fil de mon blabla.
Vous me direz que ce ne sont que des détails sans importance et je serais d’accord si ça ne revenait qu’une ou deux fois, mais au-delà de cette limite, on ne peut que déplorer que le texte n’ait pas eu droit à un bon lissage. C’est ce genre de petites choses qui fait la différence entre un médiocre gratte-papier (ici médiocre est à comprendre dans le sens de moyen) et un écrivain.
Ajoutons à ces quelques défauts des dialogues époustouflants qui consistent le plus souvent à faire affirmer quelque chose à un personnage et à faire nier l’autre jusqu’à ce qu’un des deux se lasse, qu’ils se battent ou que Maeve se barre… Ça n’apporte rien à l’affaire, c’est longuet, puérile et ennuyeux. Évidemment ça peut être crédible, vu le caractère de nos personnages, mais une fois, deux fois, trois fois, ça dépasse mes limites…
Pour finir, on en arrive aux personnages. En général c’est la dernière branche à laquelle je me raccroche, je peux oublier beaucoup de défauts si j’arrive à aimer les personnages.
Pas de chance, ceux-là manquent cruellement de profondeur et de cohérence.
C’est reparti pour un exemple : si une de vos amies d’enfance frappait à votre porte en pleine nuit couverte de bleus et de sang en vous suppliant de lui prêter votre voiture, lui claqueriez-vous la porte au nez en affichant un air dégoûté ? Même si vous êtes en froid avec elle et n’appréciez pas ses choix de vie, ne mettriez-vous pas votre petit orgueil de côté ?
J’ai choisi cet exemple parce que ce n’est pas vraiment un spoiler, mais il y en a beaucoup d’autres…
Vous me direz que c’est subjectif, que le caractère d’un personnage est ce qu’il est et blablabla. D’accord, mais imaginons qu’il vous arrive d’agir ainsi, est-ce qu’une semaine plus tard vous déjeuneriez tranquillement avec ladite amie comme si de rien n’était ?
Mouais, bref. Avec les personnages non plus ça n’a pas été le grand amour.
Pourtant, ça aurait pu marcher, Maeve ne m’a pas été plus antipathique que ses consœurs, je n’ai pas eu envie de la massacrer comme c’est souvent le cas avec les héroïnes de bit-lit, mais c’est peut-être parce que j’étais trop occupée à vouloir tuer ses petits camarades… Parce qu’ils sont extrêmement caricaturaux et superficiels (les gentils comme les méchants. Le super vilain de l’histoire étant lui-même d’un ridicule achevé), faut bien le dire, puis surtout qu’il n’y en a pas un pour rattraper l’autre…
Même si j’ai apprécié que, mis à part le méchant très méchant, ils ne soient pas complètement manichéens, ils n’ont généré chez moi aucun réel intérêt.
Maeve est encore le personnage le plus travaillé et réussi de l’histoire (vous me direz que c’est heureux puisqu’elle est à la fois le personnage principal et la narratrice.) Évidemment elle jure sans cesse et ça peut déplaire à certaines personnes… Ça fait partie du personnage, ce n’est pas quelque chose qui me gêne vraiment, même si elle aurait pu être un peu plus inventive tant qu’à faire, puisqu’elle tourne à trois jurons… Ça ne m’a pas choquée, donc, mais c’est malgré tout devenu agaçant à un moment de la voir terminer chaque phrase par « bordel de merde » comme si c’était un point d’exclamation. Bon ça s’est calmé par la suite ceci dit…
Ce qu’on peut lui reconnaître, c’est qu’elle est crédible au moins, même si son immaturité est agaçante, elle reste justifiée par son jeune âge. Elle n’est pas très futée non plus, plus impulsive que réfléchie, mais elle est combattive et loyale, ça compense un peu. Cependant, ce n’était pas suffisant pour moi.
J’ai abondamment critiqué cet ouvrage, mais il y a quand même du potentiel derrière toutes ces maladresses et un univers, des personnages tout autant qu’une écriture qui demandent encore un certain travail pour exprimer leur valeur. Je n’ai pas du tout aimé ceci dit, ça aussi c’est un fait et je ne pense pas qu’un style plus maîtrisé aurait pu tout changer à cela, mais on en revient encore à la chanson, les goûts, les couleurs... Etc.
Je tiens en outre à préciser que si j'énumère quelques fautes (qui ne sont qu'un échantillon) dans cet avis ce n'est pas par mesquinerie mais plutôt dans l'espoir de ne plus jamais les revoir (en particulier dans les livres publiés par le Petit Caveau). Oui, je sais, l'espoir fait vivre...
Ce livre a été lu pour le club de lecture de Vampires et Sorcières. Quitte à faire un billet autant le rajouter au défi lecture puisque je rame sur l'écriture de mes avis en ce moment...