Un roman d'Ann Brashares.
Je crois qu'il est classé en jeunesse ce qui m'étonne quelque peu, mais bon...
Résumé de quatrième de couverture :
Riley, Alice et Paul, les deux sœurs et l'ami d'enfance. C'est l'été des retrouvailles : côté Est des États-Unis, plages de l'île qu'on connait par cœur, maisons de vacances. Mais tout a changé, ils ont 20 ans, l'amitié se trouble. Entre Alice et Paul, une attirance nouvelle s'installe. C'est alors que la tragédie frappe. Une fois de plus, Ann Brashares nous emporte dans une histoire d'amour et d'émotion.
C'était ma première lecture pour le Challenge Read if you can, choisie dans la liste que m'a proposée Mlle Pointillés à cause d'un a priori positif sur l'auteur, et autant vous le dire tout de suite, ce n'est pas ce livre-ci qui me convaincra que la romance peut être autre chose qu'un tissu de niaiseries.
Comment vous expliquer... Pour autant que je puisse en juger, cette histoire d'amour est un mix de dawson creek et d'un harlequin azur. Vous saisissez l'idée ? Parlotte incessante et stérile assortie d'un riche milliardaire torturé et d'une vierge affublée du syndrome de la martyre. Mais non, je ne vous spoile pas...
A cause de ces deux-là, ce fut une lecture pénible et rien n'y a fait. Le style est assez plaisant pourtant, malgré un manque de subtilité quelquefois flagrant de la part de l'auteur dans le choix des métaphores censées nous exposer la personnalité de ses personnages. C'est quand même bien raconté, élégant et fluide, ce qui compense le côté prévisible de tous les événements du récit, et puis il y a plusieurs histoires dans l'histoire, des anecdotes, des souvenirs, des morceaux de quotidien éparpillés, sans pour autant que ce soit décousu. C'est un procédé que j'apprécie généralement et là c'est plutôt bien fait.
Et puis la romance n'est pas censée être au centre de l'histoire... Pas censée, mais elle l'est pourtant et d'une manière exaspérante dans tout ce que les deux personnages ont d'insupportable : cette façon de tout ramener à leurs petites angoisses existentielles. Ça aurait pu être un roman sur l'amitié, sur la famille et les liens qui unissent les gens à travers le temps, sur l'entrée dans l'âge adulte et les choix de vie difficiles que l'on fait parfois, sur l'acceptation de soi et des coups du sort, en même temps qu'une histoire d'amour. Mais en fait non, pas d'équilibre entre tout cela... Alors que j'aurais préféré m'attarder sur d'autres points du récit, ce sont encore et toujours les mêmes atermoiements et pleurnicheries qui reviennent pour noyer le reste... Et je trouve ça dommage parce que le reste de l'histoire a du potentiel et un réel intérêt, même si c'est un peu cousu de fil blanc.
Un autre problème majeur que j'ai rencontré au cours de ma lecture, c'est la mentalité du couple star... J'ai été extrêmement gênée par le décalage entre la façon d'agir des personnages et leur âge. L'une au début de la vingtaine, l'autre au milieu, tous deux ont pourtant la maturité émotionnelle de gamins de douze ans. L'auteur a beau justifier cela comme elle peut, de traumatismes en pactes tacites, ils peuvent mettre leur syndrome de Peter Pan sur le compte de Riley tant que ça leur chante, ce sont surtout deux personnages extrêmement lâches... Et j'ai horreur de la lâcheté.
Je n'ai pas du tout aimé Paul et Alice donc, égocentriques, hypocrites, peureux, pleurnicheurs, puérils à l'excès, un peu maso sur les bords... Insupportables en somme. Mais il n'y a pas de doute, ils sont faits pour être ensemble, un idéaliste aux poches pleines un peu maso, mais néanmoins tyrannique, et qui a peur de tout, une fille-éponge qui pense avoir de l'empathie mais qui en fait manque surtout de personnalité... Je vous rassure, elle finit presque par s'en trouver une, mais il est désolant que ce soit dans l'ombre de celui qui a le plus contribué à ce qu'elle en manque...
J'ai dû imaginer tout un tas de moyens potentiels de me débarrasser d'eux au fil de l'histoire, mais l'auteur devait bien les aimer... Et elle les a laissé déblatérer à leur guise.
Et puis il y a encore autre chose qui m'a vraiment foutu les nerfs en boules : je pars du principe que quand on se sent obligé de compliquer l'histoire en la faisant reposer pour les trois quarts de son intrigue sur des non-dits, c'est qu'on n'a rien à dire. Les quiproquos en littérature sont un de mes pires cauchemars. Rares sont les récits que je déteste plus que ceux qui ne sont constitués que de quiproquos montés en épingle. C'est un château de cartes qui va évidemment se casser la gueule à la fin, mais qu'on nous oblige à visiter de fonds en combles. C'est peut-être idiot en soi de détester à ce point ces situations, les non-dits et mauvaises interprétations font partie de la vie et je me doute que ce qui paraît plus grossier à un lecteur-spectateur le serait moins s'il était impliqué, mais il y a des limites et ce livre-ci dépasse les miennes.
Vraiment, je n'ai pas adhéré aux choix des personnages et encore moins à leurs réactions qui m'ont parues être tout simplement un choix de l'auteur pour étoffer son récit et rajouter une couche dramatique superflue.
Je ne peux pas mettre ce roman dans la catégorie feuilles froissées, parce que le style et une partie de l'histoire (celle qui concerne Riley, celle qui parle de leurs souvenirs d'enfance) font qu'il ne mérite pas de se retrouver à la corbeille, mais je ne recommanderais pas pour autant cette lecture.