Un roman de Juliette Allais publié chez Eyrolles.
Présentation de l'éditeur :
Lilly Bootz trouve le monde exaspérant. Elle est passionnée, entière, pleine de vie et d'envies, mais son tempérament rebelle, râleur et colérique lui a encore coûté cher : à Londres, elle vient de perdre son travail et son petit ami l'a quittée... Désabusée, alors qu'elle s'apprête à repartir pour Paris sans projet, elle fait "par hasard" la connaissance de l'inspirante et fantasque Katarina Wolf. C'est le coup de foudre réciproque. Katarina est justement à la recherche d'une assistante et propose à Lilly de la suivre à Paris, où elle anime avec son mari Walter, une école dédiée au "réenchantement". Lilly accepte, sur un coup de tête. Elle a l'intuition que quelque chose d'inédit se présente à elle : une rencontre qui pourrait enfin l'amener quelque part ! Plongée dans l'univers mystérieux des Wolf, entre planètes capricieuses, chevaux racés et inconnus masqués, Lilly ira de surprise en surprise, jusqu'à la révélation finale.
C’est la notion de réenchantement qui m’a attirée dans le résumé de ce roman. Je crois sincèrement que nous avons besoin de laisser un peu plus de place à l’imaginaire et à la magie dans nos vies, de nous reconnecter à un peu de notre enfance pour être plus heureux. Il n’est pas question de se voiler la face afin d’éviter la réalité ou d’aller contre la logique, mais plutôt de trouver un équilibre, d’oser un peu plus vivre nos rêves et surtout nous montrer plus créatifs. Dans notre société les artistes meurent littéralement de faim, mais ceux d’entre nous qui renoncent à toute activité créative meurent quant à eux figurativement à petit feu.
Le roman présente très bien ce qu’est le réenchantement et pourquoi nous en avons besoin. Cependant, il ne va pas plus loin que cette brève explication et se concentre davantage sur une forme de thérapie liée à l’astrologie qui me laisse nettement plus dubitative.
J’ai beaucoup étudié l’astrologie, son histoire, ses différentes utilisations à travers le temps, mais surtout son langage symbolique. Un langage, car on lit les astres et constellations (enfin leur voyage théorique et non réel en astrologie tropicale) comme on lit un texte, ce qui est sujet à interprétation et subjectivité, comme n’importe quel écrit. À mon sens, l’astrologie prévisionnelle (ou divinatoire si vous préférez) n’a aucun intérêt, en revanche l’utilisation de sa symbolique d’un point de vue psychologique est intéressante du moment que ce travail est personnel et l’interprétation laissée au sujet lui-même avec le thérapeute comme guide. C’est une façon comme une autre, en utilisant les symboles comme un support, de dénouer en douceur certains de nos blocages car l’on se sert ainsi à dessein de notre subjectivité et de notre inconscient. L’astrologie peut aider à cartographier sa propre psyché, pas comme une vérité ultime définissant notre être point par point, mais en tant qu’invite à la réflexion sur soi.
Je vois tout à fait l’usage que l’on peut en faire dans le cadre d’une thérapie quand le sujet étudie son propre thème. Pour autant, je n’ai pas du tout adhéré à la méthode de l’auteur, elle-même thérapeute, qui est décrite dans l’ouvrage. Le jeu de rôles, pourquoi pas ? Néanmoins, tout cela m’a semblé terriblement hasardeux, voire dangereux.
Et quand dans un travail de groupe une personne, qui n’est ni la thérapeute ni le sujet, se met à débiter des choses liées à la vie dudit sujet « instinctivement » juste parce qu’on lui a dit de jouer la lune en capricorne, moi j’appelle ça une coïncidence et n’y vois pas une inspiration venue tout droit des astres. On se croirait au spectacle la plupart du temps. Avec la meilleure volonté du monde, je ne pouvais pas croire à ça. Et que dire de toutes les contradictions présentes entre ces pages ? Vous êtes maître de votre destin, mais il est quand même écrit dans les astres et vous devrez faire avec. Ahem…
L’histoire elle-même ne rattrape rien. On fait la rencontre de Lilly, jeune femme paumée, dont les bons côtés sont bien cachés derrière des réactions toujours excessives et ce qui apparaît vite comme un caractère de merde de gamine capricieuse et égocentrique. Dès le départ, son phrasé m’a agacée. Je n’ai rien contre le langage familier utilisé dans des dialogues, mais dans ce qui semble être une sorte de confession adressée à sa thérapeute, comme un résumé de son histoire et de ses progrès, c’est lourd. Et cette narration… Lilly s’adresse à Katarina, ce qui exclut d’emblée le lecteur mais n’est pas un problème en soi, cependant elle voue une telle vénération à sa thérapeute que ça en devient dérangeant au fil des pages.
L’évolution de Lilly m’a laissée froide. Je n’ai pas cru à son histoire, je ne me suis pas attachée à elle ni aux autres personnages. Et que dire de « l’histoire d’amour »… Tout est trop facile, caricatural, prévisible. J’ai eu un mal fou à finir ce bouquin malgré des chapitres courts et tellement aérés… Même en rassemblant toute la bienveillance dont je suis capable, je n’ai rien trouvé qui puisse me permettre d’adoucir cette chronique.
Le récit et même les personnages sont accessoires. Contrairement aux apparences, ce n’est même pas un roman feel good bien qu’il soit empli de positivisme. Tout tourne autour de l’astrothérapie. Alors si vous n’aimez pas l’astrologie vous vous ennuierez et si vous la pratiquez ça ne vous passionnera pas pour autant… Ni vraiment un roman, car l’histoire manque de corps, ni guide de développement personnel, ce livre est une bizarrerie, mais pas dans le bon sens du terme. Aussitôt lu, aussitôt oublié.