samedi 5 février 2011

Masques de Femmes

Recueil de nouvelles écrit par Elie Darco et Cyril Carau.
Initialement paru aux éditions du Calepin Jaune et très prochainement réédité chez Sombres Rets
Quatrième de couverture : 
1800, les Lumières s’éteignent, laissant en héritage une certaine idée du progrès, retranchée du bonheur qu’on lui imputait. Durant les cent années qui vont suivre, les grandes cheminées vomissant la suie, les guerres toujours présentes, le colonialisme et les sciences refouleront jusqu’aux portes du néant l’irrationnel du tréfonds des rêves, l’inventivité des frontières de la pensée. Mais le surnaturel fascine et s’oppose à la raison, à la réalité policée d’une société plus industrieuse que culturelle, plus scientifique que mystique. Sur le tombeau du 19ème siècle, treize nouvelles fantastiques illustrées se recueillent, pour faire écho au romantisme noir, à l’esthétique macabre, au symbolisme qu’affectionnaient les artistes et intellectuels de l’époque. 
Paris, durant la commune, Cécile fuit la folie de la semaine sanglante en s’adonnant à des voyages, à des rencontres d’outre-temps. Prague, Deirdre la non-vivante, en quête de sang et de vérité, poursuit son engendreur de sa vengeance. Séville, une gitane tente de changer le destin d’un jeune médecin aux notes langoureuses d’un flamenco. Venise, Fausta, aristocrate et aventurière, plonge au cœur des sombres secrets de la cité des Doges. Londres, modèle et muse des peintres préraphaélistes, Jane vous invite au mystérieux festin des Dieux. 
Treize histoires de femme, mère, amante, épouse, femme du monde, femme fatale ou femme-objet. Treize destins étranges, troublants, tragiques ou émouvants à effeuiller comme un antique journal exhumé d’un grenier. 
Les nouvelles s'accompagnent de 18 illustrations noir et blanc de Cyril Carau et Elie Darco. 
Illustration de couverture : Elie Darco.


Table des matières :
  • Les nécropoles du destin.
  • Cante jondo.
  • Le quai des présages.
  • Une promesse d’ailes brûlées.
  • L’enfant s’en va en guerre.
  • La vieille femme et la mer.
  • Sous les masques.
  • Le festin des dieux.
  • L’origine du monde.
  • Descendance.
  • Moins que le pétale d’une fleur de cerisier.
  • Le témoignage de Natalia.
  • Des visages de la Lune : Coyolxauhqui et ses doubles.

Masques de Femmes est incontestablement un ouvrage qui m'a terriblement marquée, une de ces petites merveilles qui me font d'autant plus regretter le Calepin Jaune. J'ai donc été particulièrement heureuse d'apprendre sa prochaine réédition.
Le fait est que deux ans après ma lecture, toutes ces histoires sont encore terriblement vivantes dans mon esprit. Un enthousiasme qui mérite amplement d'être partagé.
A l'époque, je me souviens d'avoir écrit sur mon autre blog, en parlant de ce livre : J’attendais quelque chose de fabuleux, j’ai eu mieux encore. Et je le pense toujours. Ce fut une lecture intense, tantôt compulsive, tantôt lente quand je redoutais d'en voir arriver la fin. Et c'est avec regrets que j'avais refermé ce livre.
Que pourrais-je en dire mieux que ne le fait déjà la quatrième de couverture qui, pour une fois, est tout à fait conforme à l'ouvrage ?
C’était assez élégant et glauque, sensuel, spontané et surprenant pour que je me sente tout à fait chez moi. Ce recueil éblouissant, à l’image de sa couverture, est à la fois sombre et coloré, tissé d'ombres pesantes, denses ou seulement brumeuses, de couleurs vivantes, vibrantes, profondes et mystérieuses. L’écriture est délectable et raffinée, musicale. On n'a pas l'impression de lire un recueil, mais plutôt un roman aux multiples facettes et personnages car leurs histoires se font discrètement écho, pour enfin se rejoindre dans la dernière nouvelle qui le clôt de façon grandiose.
On plonge facilement dans cet univers, on s’attache aux pas des personnages et on les suit dans leurs fascinantes aventures, entre fastes et décadence.
Les personnes de mon entourage qui ont lu ce livre, m'ont souvent parlé d'une nouvelle en particulier Une promesse d'ailes brûlées. Quant à moi je serais bien en peine de dire laquelle j'ai préférée, parce que j'ai vécue chacune comme si j'y étais.
Dans Masques de Femmes vous croiserez des aventurières, femmes jalouses ou flouées, des hommes aux prises avec d'antiques déesses, des personnages aux fortunes diverses, aussi nobles que retors, des êtres légendaires et des vampires, dont une fichtrement psychotique, des sorcières gitanes, une femme luttant contre l'océan, une enfant étrange aux troublantes visions et une mystérieuse fiancée au parfum de cerisier, vous écouterez la mélodie de Cante jondo qui vous plongera dans son univers onirique ou encore la voix de Natalia contant son histoire, entre les parfums de souffre, de fleurs et d'océan et la magie des anciens mythes...
Je suis encore hantée par tous ces personnages dont j’ai adoré faire la rencontre. Alors n'hésitez pas, tournez, tournez les pages et suivez les pas de Deirdre, Nolan, Natalia, Gabriel ou Fausta… car ce qu'ils vous réservent vous fascinera, indubitablement.

vendredi 4 février 2011

Baron, the cat returns

Par Aoi Hiiragi, manga one-shot publié chez Viz Graphic Novels pour la version U.S.

Initialement, l’idée de cet ouvrage est née du fait que le studio Ghibli voulait produire un nouvel anime qui reprendrait des personnages d’un de ses précédents films : Si tu tends l’oreille, également adapté d’un des mangas d’Aoi Hiiragi.
Baron : Neko no Danshaku, The Cat returns en anglais, nous a donné Le royaume des chats qui a eu un certain succès, même s’il n’est pas comparable à celui d’autres productions de Ghibli bien plus connues.
C’est un bel anime, sympathique à défaut d’être grandiose, très lumineux, agréable à regarder et même si le scénario pèche un peu par facilité, il s’en dégage une atmosphère onirique et joyeuse qui laisse un bon souvenir au spectateur, quel que soit son âge. On retrouve cela dans le manga.
Il était prévu que la version papier sorte chez Glénat. Maintes fois reportée, elle est finalement tombée aux oubliettes, ce qui est bien dommage et m’a fait me décider à lire la version U.S.
A noter également que Si tu tends l’oreille n’est pas non plus disponible en français, que ce soit en version anime ou papier et qu’il serait grand temps de réparer cette erreur… Mais ceci est une autre affaire…
L’histoire contée par le manga diffère quelque peu de celle de l’anime, elle est un peu plus poussée, voire plus claire et logique par certains aspects, mais les événements s’enchaînent de manière moins fluide. Cependant, c’est une très agréable lecture. Au final, les deux versions se complètent bien, mais j’ai de loin préféré ce que le manga nous laisse entendre à propos de l’histoire personnelle d’Haru et de Yuki.
Haru, le personnage principal, est une jeune fille rêveuse, maladroite et plutôt attachante qui, parce qu’elle a sauvé un chat se retrouve embringuée dans une aventure abracadabrante… Car le père du félin qu’elle a secouru est le roi du royaume des chats et qu’il a tout un tas de projets pour elle, projets qu’elle n’apprécie guère, ce pour quoi elle va aller chercher de l’aide au bureau des chats…
C’est là qu’entrent en scène Toto, une pie dans le manga, mais aussi Muta et Baron, respectivement un félin caractériel et une figurine de chat déjà croisés dans Si tu tends l’oreille. Il faut bien admettre que la version papier leur donne un peu moins de charisme que l’anime, mais ce sont de très sympathiques personnages. Muta est notamment très drôle.
C’est une histoire sans prétention, légère et farfelue, juste de quoi passer un agréable moment. Les amis des chats l’apprécieront tout particulièrement. Je crois qu’elle plaira davantage à un public plutôt jeune et féminin.
Les dessins manquent parfois un peu de finesse, ils sont quelquefois trop sombres ou trop clairs pour qu’on les apprécie vraiment et les chats ont souvent un air halluciné, ce qui n’est pas forcément un mal puisque ça ajoute au comique de l’histoire. J’aime bien la bouille d’Haru, ainsi que celles du roi des chats et de Toto par contre.
Il est vraiment dommage que ce manga ne soit jamais sorti en français, mais le vocabulaire est assez simple, même quand on ne comprend pas grand-chose à l'anglais c’est très facile à suivre, alors si vous avez aimé le Royaume des chats, n'hésitez pas à vous lancer dans cette divertissante, et un brin onirique, lecture.


Cet ouvrage a été lu pour le défi lecture ABFA et V&S de 2011.
C'est le premier dans la catégorie BD et manga.