Un roman d'Aiden Thomas publié chez ActuSF dans la collection Naos.
Présentation de l'éditeur :Parce que sa famille latinx a du mal à accepter son genre, Yadriel veut leur prouver à tous qu'il possède les pouvoirs d'invocation des hommes et non pas celui de guérir, comme les femmes."Le visage de l’esprit était tordu par une grimace, ses doigts noués dans le tissu de son haut. Il portait un blouson en cuir noir avec un capuchon sur un t-shirt blanc, des jeans délavés et une paire de Converse.« Ce n’est pas Miguel », essaya de chuchoter Maritza, mais elle n’avait jamais vraiment eu une voix faite pour ça. Yadriel gémit et se passa la main sur le visage. Du bon côté des choses, il avait invoqué un esprit pour de vrai. Du mauvais côté des choses, il n’avait pas invoqué le bon."Un premier roman qui laisse sans voix ; véritable mélange d’authenticité et d’émotions. Aiden Thomas signe ici un titre à lire absolument, qui aborde des sujets lourds tels que l’acceptation des personnes LGBTQI+, le racisme, la colonisation...
Yadriel a grandi à Los Angeles dans une communauté latino-américaine d’apparence classique, mais en fait composée de brujx (c’est le mot neutre employé pour désigner des sorciers). Dans la communauté de Yadriel, les hommes guident les esprits des morts vers l’au-delà et les femmes guérissent les vivants.
Yadriel est un garçon. Toutefois, il a été assigné fille à la naissance. Aussi se débat-il tous les jours avec les préjugés de sa famille qui l’aime mais peine souvent à accepter sa transition et ne pense pas qu’il puisse posséder les pouvoirs d’un garçon. Sa mère le soutenait, mais elle est décédée. Quant à son père, qui assume la fonction de chef des brujx, il lui refuse le droit au portaje, amulette traditionnelle (un poignard dans le cas d’un garçon) qui accompagne le statut de brujo ainsi que la cérémonie qui ferait de lui un jeune adulte et un membre actif de la communauté. Alors Yadriel n’a plus le choix, avant le Día de Muertos et le retour pour quelques jours des fantômes des brujx décédés, il doit prouver à tous qu’il possède les pouvoirs d’un brujo. Bien sûr tout ne va pas se passer comme prévu et le fantôme que Yadriel espérait libérer vers l’au-delà va se montrer récalcitrant. Être un brujo n’est pas qu’une question de pouvoir et Yadriel a beaucoup à apprendre.
Cemetery Boys est un joli roman, très lumineux, une enquête sur fond d’amitié, d’espoir et de traditions. Il est souvent difficile dans ce monde de faire accepter son identité, qu’il s‘agisse de son genre ou de son orientation sexuelle, surtout dans une famille religieuse, même si celle de Yadriel ne l’est pas au sens classique du terme. Ses proches ont beau l’aimer, ils le blessent souvent. Tout ce qu’il souhaite, c‘est qu’on lui donne sa chance.
Avec sa cousine Maritza, une végane qui refuse d’utiliser le sang pour guérir, et la version fantôme de Julian, un garçon de son lycée mort dans des circonstances mystérieuses, il forme un trio improbable mais attachant. On pourrait reprocher à ces personnages de manquer un peu de maturité, mais ils ont quinze ans et des tas de raisons de ne pas faire confiance aux adultes. Ils ont aussi des choses à prouver, je suppose, alors je peux regarder leurs erreurs avec indulgence. Ce sont des adolescents crédibles, pas des super-héros mais des jeunes qui font de leur mieux et on les aime pour cela.
J’ai apprécié toute la mythologie entourant les brujx, leurs croyances et leurs traditions. Ce n’est pas courant. Toutefois, c’est le développement des personnages que j’ai préféré. L’intrigue n’est pas très complexe et manque de finesse, mais ce défaut est compensé par la charge émotionnelle du récit et la sincérité que l’on sent chez les personnages. En outre, les adolescents trans ne sont pas légion dans la littérature YA et il est important de leur y faire une place, surtout avec des histoires signifiantes, telles que celle-ci.