De Christian Léourier, publié chez Ad Astra.
Présentation de l'éditeur :
Quand les hommes de la planète Lanmeur accèdent au voyage spatial, ils ont la surprise de découvrir que d’autres humanités s’épanouissent dans l’univers. Un hasard ? Peut-être pas. Lanmeur lance alors l’idée du Rassemblement et envoie des contacteurs sur ces mondes plus ou moins avancés, avec pour mission de les intégrer à sa propre civilisation. Mais quel projet se cache derrière ces sociétés si différentes ? Qui sont les Rêveurs de l’Irgendwo, auxquels Lanmeur devra tôt ou tard se confronter ?
Voici réunis pour la première fois en intégrales les romans du cycle de Lanmeur, pièce maîtresse de l’œuvre de Christian Léourier. Avec Ti-Harnog, L’homme qui tua l’hiver et Mille fois mille fleuves… découvrez les trois premiers volets de cette fresque monumentale, véritable classique de la science-fiction française. Avec ces voyages au cœur d’incroyables légendes, de peuples étonnants et de nouvelles cultures, Christian Léourier embarque le lecteur à la rencontre de l’Autre, avec le talent d’imagination d’un Jack Vance et l’intelligence de récit d’un Asimov.
Ce premier volume de l’intégrale du cycle de Lanmeur est composé de trois romans totalement indépendants les uns des autres dont l’action se déroule sur différentes planètes. Le seul point commun à ces récits est l’incursion de Lanmeur dans ces mondes jusqu’à lors peu soucieux de ce qui se passait ailleurs dans l’univers.
Mais qu’est-ce que Lanmeur ? Tout d’abord une planète, abritant un peuple qui a su s’affranchir des limites imposées par le temps et l’espace afin de voyager à travers les galaxies et d’œuvrer à un grand dessein : le Rassemblement. Celui-ci, vu comme un idéal, vise à mettre en contact tous les peuples humains disséminés à travers l’univers. Mais est-ce tout ? Pour certains, Lanmeur est un empire qui colonise d’autres planètes afin de leur prendre ce qu’elles produisent de meilleur, selon d’autres, plus indulgents envers les desseins lanmeuriens, il s’agirait plutôt d’établir des liens commerciaux entre les différents mondes.
Je dirai, pour ma part, que Lanmeur m’a souvent rappelé l’empire romain, bien que j’admette que sa façon d’opérer est sans doute plus subtile. Tout d’abord, Lanmeur envoie des contacteurs chargés de lui transmettre des informations sur la planète, sur ses ressources, sur ses habitants et leurs moeurs, afin de pouvoir ensuite aborder ce monde en toute sérénité et commencer à nouer des liens avec son peuple. A partir de quand peut-on parler de manipulation ?
Chaque roman nous montre un degré différent d’implantation lanmeurienne. Avec nuance et subtilité, l’auteur nous dévoile les multiples facettes d’une même vérité.
J’ai été réellement bouleversée par cette lecture. Il m’est très difficile de rendre les émotions qui m’ont traversée à mesure que je découvrais ces textes. C’est un ouvrage extrêmement riche, que ce soit d’un point de vue humain, philosophique ou anthropologique.
Si vous aimez l’action pour l’action, ce livre ne vous satisfera sans doute pas, mais si vous aimez le souffle épique de grandes épopées telles l’Odyssée, vous apprécierez sans aucun doute le cycle de Lanmeur. Le style est très poétique. Cette écriture est de celles qui parlent aux sens et atteint sa pleine beauté dans le troisième roman : Mille fois mille fleuves. Ce n’est pourtant pas celui des trois qui m’a le plus touchée ou bouleversée, cependant, chacun de ces textes m’a apporté quelque chose d’indéfinissable. J’ai eu matière à réfléchir, bien sûr, pendant et après la lecture, et ces réflexions ne me quitteront pas de sitôt, mais je n’oublierai pas pour autant la charge émotionnelle qui a empreint ma lecture, car c’est par elle que passe l’essentiel de ce qui alimente lesdites réflexions.
Il y a une certaine lenteur dans la progression générale de ces histoires. Ça ne gêne pas tous les lecteurs, mais il faut le savoir, ce sont des récits qu’on met du temps à apprivoiser. La magie opère ou pas, mais quand elle est là elle nous offre quelque chose de précieux. Il faut aimer se laisser raconter une histoire plutôt que la regarder se dérouler. Ce sont des récits très intériorisés, philosophiques et humanistes. Plus que l’histoire elle-même, c'est la portée de celle-ci qui compte. L’auteur nous décrit des moments-clés de l’évolution de ces mondes et laisse volontairement dans l’ombre d’autres périodes plus riches d’action, mais sans doute moins intenses.
De même, si le style est parfois très descriptif, au point de nous faire ressentir la chaleur ou le froid (aucun auteur à ce jour, si ce n’est Jack London, n’avait pu avec une telle acuité me faire ressentir la morsure de l’hiver), si nous voyons devant nos yeux les édifices qu’on nous décrit avec une si grande précision, que nous saisissons jusqu’à la luminosité ou le parfum qui accompagnent la scène qui se déroule devant nous, sur certains points l’auteur laisse notre imagination faire le travail. Il ne nous décrit que très peu les personnages ou la faune. Nous savons par exemple fort peu de choses sur les artwenir, montures des Harnogéens et donc très présentes dans le premier roman, on apprend tout juste qu’elles feulent comme des fauves et ont quelques caractéristiques reptiliennes.
Les trois romans ont ceci de commun que ce sont des quêtes qui bien que menées à l’échelle individuelle rejoignent pourtant bien vite l’histoire des peuples et de leurs planètes. Qu’elles soient menées par des autochtones ou des lanmeuriens, elles ont valeur de voyages initiatiques. C’est la rencontre du mythe et de la technologie, l’absorption de celle-ci par la légende. Alors que Lanmeur souhaite absorber toutes ces civilisations dans le sein de son empire, ce sont les légendes de ces mondes qui se nourrissent de ses envoyés ou de ses aspirations.
Ici le mythe reprend toute sa force première, bien qu’il puisse apparaitre vain à une société dite évoluée, il est la vérité première, racontée par le symbole et prenant plus de sens que le discours logique et le pragmatisme qu’on lui oppose en général et qui ne sont en fait que son complément profane. C’est la rencontre de semblables très différents, comme nous le dit Talhael, nous pouvons mettre à profit cette confrontation pour voir tout ce qui nous sépare les uns des autres ou pour mieux nous comprendre nous-mêmes. Je crois que c’est cela qui m’a le plus parlé à travers ces trois textes qui, eux aussi, sont semblables et très différents.
J’ai retrouvé dans ces récits les échos de légendes connues et un héritage de la pensée celte très ancré entre les lignes, mais aussi, un peu de la pensée grecque. Il s’en dégage une grande harmonie et, comme dans tous les mythes, quelque chose de très spirituel qu’il est impossible à exprimer autrement que par le symbole car le mythe est la vérité ultime, spirituelle, religieuse, sensitive et fondamentale qui explique la véritable nature de l’être ou de l’univers et ne peut donc le faire avec des mots.
A la fin de l’ouvrage se trouvent une interview, fort intéressante, de Christian Léourier, mais aussi des poèmes, ceux de Talhael le conteur, qui n’ont pu être ajoutés entièrement au premier roman. Je les ai lus directement après Ti-Harnog, pour rester dans l’esprit du récit et j’ai trouvé qu’en plus d’être magnifiques ils apportaient beaucoup à l’histoire et à la compréhension que l’on peut avoir de la façon de vivre des Harnogéens. C’est l’exemple même du symbole qui parle plus qu’une explication aussi logique et acérée qu’elle demeure froide, qui restitue une ancienne magie, une notion sensitive du sacré, par un autre langage.
Le cycle de Lanmeur est une création complexe et intelligente, un grand coup de cœur que je vous invite à découvrir.
Mais qu’est-ce que Lanmeur ? Tout d’abord une planète, abritant un peuple qui a su s’affranchir des limites imposées par le temps et l’espace afin de voyager à travers les galaxies et d’œuvrer à un grand dessein : le Rassemblement. Celui-ci, vu comme un idéal, vise à mettre en contact tous les peuples humains disséminés à travers l’univers. Mais est-ce tout ? Pour certains, Lanmeur est un empire qui colonise d’autres planètes afin de leur prendre ce qu’elles produisent de meilleur, selon d’autres, plus indulgents envers les desseins lanmeuriens, il s’agirait plutôt d’établir des liens commerciaux entre les différents mondes.
Je dirai, pour ma part, que Lanmeur m’a souvent rappelé l’empire romain, bien que j’admette que sa façon d’opérer est sans doute plus subtile. Tout d’abord, Lanmeur envoie des contacteurs chargés de lui transmettre des informations sur la planète, sur ses ressources, sur ses habitants et leurs moeurs, afin de pouvoir ensuite aborder ce monde en toute sérénité et commencer à nouer des liens avec son peuple. A partir de quand peut-on parler de manipulation ?
Chaque roman nous montre un degré différent d’implantation lanmeurienne. Avec nuance et subtilité, l’auteur nous dévoile les multiples facettes d’une même vérité.
J’ai été réellement bouleversée par cette lecture. Il m’est très difficile de rendre les émotions qui m’ont traversée à mesure que je découvrais ces textes. C’est un ouvrage extrêmement riche, que ce soit d’un point de vue humain, philosophique ou anthropologique.
Si vous aimez l’action pour l’action, ce livre ne vous satisfera sans doute pas, mais si vous aimez le souffle épique de grandes épopées telles l’Odyssée, vous apprécierez sans aucun doute le cycle de Lanmeur. Le style est très poétique. Cette écriture est de celles qui parlent aux sens et atteint sa pleine beauté dans le troisième roman : Mille fois mille fleuves. Ce n’est pourtant pas celui des trois qui m’a le plus touchée ou bouleversée, cependant, chacun de ces textes m’a apporté quelque chose d’indéfinissable. J’ai eu matière à réfléchir, bien sûr, pendant et après la lecture, et ces réflexions ne me quitteront pas de sitôt, mais je n’oublierai pas pour autant la charge émotionnelle qui a empreint ma lecture, car c’est par elle que passe l’essentiel de ce qui alimente lesdites réflexions.
Il y a une certaine lenteur dans la progression générale de ces histoires. Ça ne gêne pas tous les lecteurs, mais il faut le savoir, ce sont des récits qu’on met du temps à apprivoiser. La magie opère ou pas, mais quand elle est là elle nous offre quelque chose de précieux. Il faut aimer se laisser raconter une histoire plutôt que la regarder se dérouler. Ce sont des récits très intériorisés, philosophiques et humanistes. Plus que l’histoire elle-même, c'est la portée de celle-ci qui compte. L’auteur nous décrit des moments-clés de l’évolution de ces mondes et laisse volontairement dans l’ombre d’autres périodes plus riches d’action, mais sans doute moins intenses.
De même, si le style est parfois très descriptif, au point de nous faire ressentir la chaleur ou le froid (aucun auteur à ce jour, si ce n’est Jack London, n’avait pu avec une telle acuité me faire ressentir la morsure de l’hiver), si nous voyons devant nos yeux les édifices qu’on nous décrit avec une si grande précision, que nous saisissons jusqu’à la luminosité ou le parfum qui accompagnent la scène qui se déroule devant nous, sur certains points l’auteur laisse notre imagination faire le travail. Il ne nous décrit que très peu les personnages ou la faune. Nous savons par exemple fort peu de choses sur les artwenir, montures des Harnogéens et donc très présentes dans le premier roman, on apprend tout juste qu’elles feulent comme des fauves et ont quelques caractéristiques reptiliennes.
Les trois romans ont ceci de commun que ce sont des quêtes qui bien que menées à l’échelle individuelle rejoignent pourtant bien vite l’histoire des peuples et de leurs planètes. Qu’elles soient menées par des autochtones ou des lanmeuriens, elles ont valeur de voyages initiatiques. C’est la rencontre du mythe et de la technologie, l’absorption de celle-ci par la légende. Alors que Lanmeur souhaite absorber toutes ces civilisations dans le sein de son empire, ce sont les légendes de ces mondes qui se nourrissent de ses envoyés ou de ses aspirations.
Ici le mythe reprend toute sa force première, bien qu’il puisse apparaitre vain à une société dite évoluée, il est la vérité première, racontée par le symbole et prenant plus de sens que le discours logique et le pragmatisme qu’on lui oppose en général et qui ne sont en fait que son complément profane. C’est la rencontre de semblables très différents, comme nous le dit Talhael, nous pouvons mettre à profit cette confrontation pour voir tout ce qui nous sépare les uns des autres ou pour mieux nous comprendre nous-mêmes. Je crois que c’est cela qui m’a le plus parlé à travers ces trois textes qui, eux aussi, sont semblables et très différents.
J’ai retrouvé dans ces récits les échos de légendes connues et un héritage de la pensée celte très ancré entre les lignes, mais aussi, un peu de la pensée grecque. Il s’en dégage une grande harmonie et, comme dans tous les mythes, quelque chose de très spirituel qu’il est impossible à exprimer autrement que par le symbole car le mythe est la vérité ultime, spirituelle, religieuse, sensitive et fondamentale qui explique la véritable nature de l’être ou de l’univers et ne peut donc le faire avec des mots.
A la fin de l’ouvrage se trouvent une interview, fort intéressante, de Christian Léourier, mais aussi des poèmes, ceux de Talhael le conteur, qui n’ont pu être ajoutés entièrement au premier roman. Je les ai lus directement après Ti-Harnog, pour rester dans l’esprit du récit et j’ai trouvé qu’en plus d’être magnifiques ils apportaient beaucoup à l’histoire et à la compréhension que l’on peut avoir de la façon de vivre des Harnogéens. C’est l’exemple même du symbole qui parle plus qu’une explication aussi logique et acérée qu’elle demeure froide, qui restitue une ancienne magie, une notion sensitive du sacré, par un autre langage.
Le cycle de Lanmeur est une création complexe et intelligente, un grand coup de cœur que je vous invite à découvrir.