Un recueil de nouvelles de Neil Gaiman, publié chez Au Diable Vauvert.
Présentation de l'éditeur :
« Il est des choses qui nous perturbent, des mots ou des idées qui surgissent sous nos pas comme des trappes, nous précipitant de notre monde de sécurité et de bon sens en un lieu beaucoup plus sombre et moins accueillant. » C'est là le chemin que Neil Gaiman nous propose d'arpenter à travers ces vingt-quatre nouvelles, contes et poèmes, en s'affranchissant des genres pour ne garder que la substantifique moelle d'un imaginaire tour à tour sombre ou flamboyant.
Sommaire :
- Introduction
- Monter un siège
- Un labyrinthe lunaire
- Le Problème avec Cassandra
- Au fond de la mer sans soleil
- « La vérité est une caverne dans les Montagnes noires... »
- Ma dernière logeuse
- Un récit d'aventure
- Orange
- Un calendrier de contes
- L'Affaire de la mort et du miel
- L'Homme qui a oublié Ray Bradbury
- Jérusalem
- Clic-Clac, le sac qui claque
- Une invocation d'incuriosité
- « Et pleurer, à l'instar d'Alexandre »
- Nulle heure pile
- Perles et diamants : un conte de fées
- Le Retour du mince duc blanc
- Terminaisons féminines
- Un respect des convenances
- La Dormeuse et le rouet
- Ouvrage de sorcière
- En Relig Odhráin
- Le Dogue noir
Neil Gaiman a la place d’honneur dans le panthéon de mes auteurs préférés — enfin, en guise de temple, j’ai plutôt érigé une grande bibliothèque confortable dans laquelle des gens qui ne savent pas trop ce qu’ils font là parlent de littérature en mangeant des gâteaux et buvant du thé. Enfin bref.
Un roman de Gaiman est toujours pour moi un grand événement, mais un recueil de nouvelles… Je n’ai pas de mot pour décrire la sensation de joie et d’anticipation que je ressens avant de tourner la première page d’un de ses recueils. J’aime les nouvelles et j’adore les siennes. J’aime le fait qu’il leur écrive toujours des introductions pleines de petites anecdotes intéressantes sur la naissance ou la construction de ces textes. J’aime lire des nouvelles inédites et redécouvrir celles qui ont déjà croisé mon chemin.
Lire Neil Gaiman est l’une des joies de mon existence. Non, je n’exagère pas.
À l’instar de ses autres recueils, Signal d’alerte est un petit chef-d’œuvre. Les textes pourraient sembler d’une étonnante diversité pour qui ne connaît pas cet auteur touche-à-tout. Cela va du fantastique le plus subtil à la science fiction, en passant par l’horreur, la poésie, la fantasy et l’humour décalé. C’est aussi pour l’immensité de son imaginaire que l’on aime Gaiman. Avec lui, on ne sait jamais à quoi s’attendre.
Ce recueil est composé de textes inventifs et foisonnants qui s‘enroulent autour de votre esprit, vous font réfléchir et vous inspirent. Certains sont déjà bien connus. Je pense en particulier à
La Dormeuse et le rouet, dont il existe
une magnifique édition illustrée en anglais comme en français. J’en profite pour attirer votre attention sur le fait que le titre original parle d’un fuseau, de même que le conte, et qu’un rouet n’a rien à faire là, mais bon, passons. Il s’agit d’un très beau texte, très féministe. Gaiman aime jouer sur les apparences et la matière des contes, ce qu’il fait toujours fort bien.
Un respect des convenances, texte qui fait écho à la Dormeuse, m’a d’ailleurs beaucoup plu.
Vous connaissez sans doute aussi
Le Dogue noir, une novella qui se situe dans l’univers de
American Gods et dont les éditions Au Diable Vauvert nous ont offert une très belle édition reliée. J’ai une affection particulière pour ce texte, son ambiance mélancolique, sa valeur initiatique et la présence d’Ombre bien sûr, un personnage auquel je suis très attachée. J’aime quand Gaiman nous emmène dans des petits villages qui semblent tranquilles mais qui se révèlent riches de secrets.
Je vous ai aussi beaucoup parlé sur ce blog de « La vérité est une caverne dans les Montagnes noires... », notamment pour son adaptation en feuilleton radiophonique, et c’est toujours pour moi un plaisir de relire cette magnifique histoire d’amour et de vengeance que je connais presque par cœur depuis le temps. Je ne m’en lasserai jamais.
Pour Gaiman, une histoire peut se cacher derrière de tous petits riens et il nous invite à les débusquer avec lui. Par exemple, vous êtes-vous déjà demandé où sont donc passées ces voitures volantes qu’on nous a tant promis ? Vous aurez la réponse en lisant « Et pleurer, à l'instar d'Alexandre », un texte aussi amusant que bien pensé.
Dans ce recueil vous pourrez aussi trembler devant Clic-Clac, le sac qui claque, une nouvelle qui semble avoir traumatisé pas mal de lecteurs anglophones. Quant à moi, j’apprécie beaucoup ce genre de récits à l’ambiance sombre dans lesquels l’effroi se distille petit à petit. Je me suis sentie plus mal à l’aise face à Terminaisons féminines, beaucoup plus effrayant à mon sens par son sujet autant que son réalisme.
Cependant, comme je vous le disais, on trouve de tout dans ce recueil, même de la poésie. Ouvrage de sorcière, un texte empreint de magie et de mélancolie, est selon moi un des plus beaux poèmes de Gaiman et une des merveilles de ce recueil. Puis j’ai aussi apprécié des récits humoristiques comme Orange, dont la forme un peu particulière renforce l’incongruité, ou encore le déconcertant Un récit d'aventure, à la fois si drôle et si… frustrant ? J’ai aussi aimé des nouvelles plus sombres comme Un labyrinthe lunaire, qui recèle un symbolisme fort. C’est toujours un plaisir de découvrir des endroits insolites avec Gaiman. Et bien sûr, en bonne amatrice de fantastique, l’ambigüité de certains récits comme Le Problème avec Cassandra n’a pu que me séduire. C’est la subtile part de banalité qui fait la grande qualité du fantastique de Gaiman.
L'Homme qui a oublié Ray Bradbury, qui est en soi un magnifique hommage, mérite aussi qu’on s’y attarde, pour sa portée philosophique et la finesse de son style. Je connaissais ce texte pour avoir entendu Gaiman le lire et je le trouve toujours aussi merveilleux dans sa traduction.
Les amateurs de Sherlock Holmes apprécieront sans doute L'Affaire de la mort et du miel, nouvelle dans laquelle on retrouve le célèbre détective. Étant férue d’apiculture, j’avais une autre bonne raison d’aimer ce texte.
Enfin je terminerai en évoque le Calendrier de contes, un défi que l’auteur s’est lancé, avec l’aide des internautes, et qui m’a beaucoup inspirée à titre personnel. Certains de ces textes sont des pépites.
Signal d’alerte est un très beau recueil, bien représentatif de l’imaginaire de son auteur et de la variété de son œuvre. Il est en outre très stimulant, comme du concentré de créativité en flacon. Vous y trouverez de quoi rêver et nourrir votre esprit.
Défi Cortex catégorie Europe septentrionale