Un ouvrage d'Arnaud Bachelin, publié chez Baker Street éditions.
Présentation de l'éditeur :
L'Heure de véri-thé nous transporte à travers les siècles pour découvrir le symbolisme du thé et de son histoire. Entre archéologie, légendes et cuisine, ce livre est un fascinant récit des origines de la plante, des débuts de sa consommation et le développement de son commerce au fil du temps. Des histoires, mais aussi des techniques, des conseils et des recettes afin d'appréhender au mieux cette plante aux mille facettes.
Des premiers thés bouillis asiatiques au thé glacé inventé en Amérique, en passant par les thés aux fleurs et autres ingrédients naturels, Arnaud Bachelin retrace un fabuleux voyage aux quatre coins du monde, dans un ouvrage parsemé d'illustrations et de photos.
Ne se contentant pas de transmettre son savoir, l'auteur est également en perpétuelle recherche. Un peu à l'instar des plus grands parfumeurs, il est en quête des bonnes alliances, l'alchimie qui lui permettra de créer de nouvelles saveurs dans une parfaite harmonie. Passeur, savant, chercheur, créateur… en un mot : magicien !
L’Heure de véri-thé est un ouvrage de moyen format, ce qui est
assez rare pour les livres concernant le thé. Le texte est agrémenté de
quelques photos qui rendent très bien sur un beau papier épais, toutefois, à
cause du papier en question, l’ouvrage est plutôt lourd et en devient vite
malaisé à manipuler.
Les premières pages présentent
les différentes catégories de thé (noir, rouge, bleu, etc.) et les stades de
préparation des feuilles qui permettent de les obtenir. Cette présentation est
succincte mais claire. Elle a également le mérite d’expliciter la différence
entre thé noir et thé rouge qui trouble parfois les néophytes.
Vient ensuite un chapitre sur la
genèse qui évoque les légendes autour de la découverte du thé et les
différentes méthodes de préparation (thé bouilli, thé battu) et utilisations
(culinaire, médicinale), avant que l’on n’en arrive à la boisson d’agrément et
surtout à l’infusion qui est toujours pratiquée de nos jours.
Une large part de l’ouvrage
retrace l’évolution du commerce du thé en Europe, les rivalités et conflits
qu’il a générés et l’entrée dans les mœurs de sa consommation autant dans les
strates riches que pauvres de la population. Ces chapitres sont un peu lourds
bien qu’intéressants et cela est en partie dû à quelques répétitions. Toutefois,
ce sont les fautes qui m’ont le plus gênée. Oh, il n’y en a pas à toutes les
pages, mais assez pour gâcher l’aura d’un beau livre comme celui-ci. Ce sont en
majorité des erreurs de conjugaison (accords de participes passés), mais aussi
de vocabulaire (des mots utilisés en dépit de leur sens).
Tout en détaillant l’enracinement
du thé dans les habitudes, l’auteur évoque la création des accessoires qui
accompagne inévitablement un usage qui se généralise. On parle des théières
classiques que tout le monde ou presque connaît ainsi que d’inventions qui nous
paraissent beaucoup plus farfelues comme les tasses victoriennes avec
protection pour moustache intégrée… J’aurais aimé plus de photos de ces
ustensiles et davantage de détails sur leur utilisation, par exemple en ce qui
concerne la préparation du thé au samovar. Même si, en amatrice de thé qui se
respecte, je connais déjà tout ceci, je pense que cela a sa place dans un livre
introductif tel que celui-ci.
Est également relatée une brève
histoire de l’évolution du conditionnement, du coffret de vrac scellé pour
éviter les contrefaçons aux capsules, en passant par les sachets en mousselines
individuels. Chaque fois, le fait qui a ouvert la voie à l’invention est expliqué.
De même, on évoque la création des thés parfumés et les méthodes, anciennes et
modernes, utilisées pour les aromatiser, ainsi que les premiers thés glacés qui
sont tout simplement nés d’une opportunité saisie au vol.
Je dois dire que la partie qui
m’a le plus intéressée est celle mettant en relation le thé – et les tea times
– avec les combats sociaux de leur époque. Bien entendu, on parle de la guerre
d’indépendance des États-Unis, cependant on n’oublie pas pour autant un fait
moins connu : le combat des suffragettes.
La dernière partie du livre est
plus légère, dévolue à la cuisine et aux propriétés gustatives du thé. L’auteur
consacré un chapitre très fourni aux associations de thés et de fromages. Il
propose plusieurs alliances, détaillant avec finesse quelles sensations
organoleptiques vous en retirerez. C’est intéressant si c’est votre truc (ce
qui n’est pas mon cas). Je serais plus encline en revanche à essayer d’associer
le thé à l’armagnac, comme il le préconise.
Vous trouverez quelques recettes
dans cet ouvrage, que ce soit pour des boissons ou des plats, du sucré ou du
salé. Par exemple, un thé glacé à la rose, un bubble tea (qui était très à la
mode voilà un moment et qui semble maintenant s’éclipser, ce dont je ne me
plaindrai pas.) et du cheese tea (non, vraiment, laissez tomber ça). En revanche,
aucune évocation du matcha latte qui pourtant, après avoir été très en vogue au
Japon, semble provoquer en Europe un bel engouement. Pour ce qui est de la
cuisine, vous pourrez tenter une tarte au thé, potimarron et fromage de chèvre
ou encore une recette de crevettes. J’envisage de tester assez vite le cake au
matcha ou encore le gâteau au chocolat au thé fumé, je demeure néanmoins un peu
circonspecte quant à cette dernière recette.
L’auteur termine par un court
chapitre consacré aux références littéraires. Agréable à lire, bien qu’assez
anecdotique. Il s’agit plus de montrer que le thé est vecteur d’inspiration que
de réellement détailler le rôle qu’il a joué dans la littérature.
Ce n’est pas le livre qu’il vous
faut si vous souhaitez vous renseigner sur les variétés de thé ou les
cérémonies qui leurs sont associées. En revanche, si vous voulez en apprendre
davantage sur la découverte du thé, son commerce et les implications sociales
et sociétales de ce dernier au cours des siècles, il s’agit d’une excellente
introduction.