Premier volume d'une trilogie de fantasy de Glenda Larke, disponible en format poche chez J'ai Lu.
Quatrième de couverture :
A peine débarquée sur la Pointe-de-Gorth, domicile des pires criminels de l'archipel des îles Glorieuses, Braise Sangmêlé se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond : son enquête - mettre la main sur une drôlesse réfractaire au mariage - se heurte au mutisme des matelots, et une odeur inquiétante de magie carmine semble s'attacher au moindre de ses pas. Car, en plus d'être une combattante hors pair, Braise possède le don de Clairvoyance qui lui permet de voir la magie à l’œuvre. Quoique très utile, ce talent fait d'elle une cible de choix pour les sorciers de tout poil qui n'apprécient guère qu'on se mêle de leurs projets. Autrement dit, Braise s'est encore mise dans de sales draps...
C'était le livre du club de lecture de Vampires et Sorcières pour le mois de septembre. Et moi je suis plus qu'en retard dans la rédaction de mes chroniques car il a été lu dans les temps...
Clairvoyante fut une lecture relativement divertissante, mais loin d’être exceptionnelle.
Si l’univers dans lequel se déroule l’histoire est intéressant, je ne l’ai pas trouvé assez développé à mon goût. Il y avait du potentiel dans ces îles habitées de peuples ayant chacun leurs caractéristiques et leurs façons de vivre, mais en refermant ce premier tome on a appris beaucoup de choses inutiles, comme tout un tas d’expressions relatives à la faune locale qui, pour imagées qu’elles sont, n’ont pas grand intérêt, et peu de choses vraiment originales.
Le tout est extrêmement manichéen, à l’image de l’usage de la magie dans les îles. Il y a la bonne magie sylve de couleur bleue qui guérit, protège et produit des illusions et la mauvaise magie carmine qui blesse, entrave et… produit des illusions. Au milieu de tout ça nous avons les clairvoyants qui sont en quelque sorte neutres, ils peuvent voir la magie, mais ne sont pas affectés par elle. Et cela, métaphoriquement, vous donne une idée assez précise de ce qui fait tout le reste du roman…
Cela se répercute dans la religion, qui a un goût terriblement agaçant de chrétienté, mais aussi dans les personnages. On a des marginaux très gentils et des souverains tarés, pervers et incapables, des méchants ultra-méchants (je soupçonne le grand méchant de l’histoire d’avoir une bonne raison qui serait alors un cliché du plus mauvais goût), des faux-gentils qui sous couvert d’aider leurs semblables veulent prendre le pouvoir et des faux-méchants adorables… Ça devient très vite exaspérant et l’histoire en elle-même n’apporte pas de réel engouement au lecteur qui en a déjà tant lues de semblables.
L’originalité majeure de cette trilogie de fantasy réside dans la présentation du récit en lui-même. Des événements importants dans l’histoire des îles nous sont contés des années plus tard par des personnages qui les ont vécus de près et sont compilés par des ethnologues Kellois qui, ayant découvert les îles depuis peu, ont décidé d’en étudier les peuples.
Et l’originalité s’arrête là, car le filon n’est pas très bien exploité et manque cruellement de profondeur. Ces ethnologues de terrain qui se montrent pourtant si novateurs face à leurs collègues traditionnalistes en voulant recueillir le témoignage des îliens n’en sont pas moins très obtus et méprisants. Ça émousse évidemment le potentiel d’une telle histoire car, au-delà des réflexions scandalisées de l’ethnologue responsable de la mission et de ses collègues dans les lettres qu’ils s’échangent et de quelques interrogations qui n'amènent que des réponses peu développées, ils font surtout office d’excuse pour expliquer au lecteur certains partis pris de l’auteur et restent très en retrait.
Les lettres ne font donc que ponctuer le récit qui nous est fait, à la première personne, par Braise Sangmêlé, clairvoyante qui n’a survécu que grâce à son don et sa ténacité dans ce monde si injuste envers les métis.
Du coup, je vais me permettre une petite digression que m’inspire le côté bien-pensant de cet ouvrage.
J’ai tendance à croire qu’un auteur qui veut assortir son récit d’une leçon sur les valeurs morales ne devrait en aucun cas se montrer sentencieux. Ce roman-ci ne nous épargne aucun discours grandiloquent sur des choses que, si nous avons un minimum de cervelle, nous savons déjà. Quand les auteurs de fantasy comprendront-ils que le lecteur n’est pas idiot, que montrer suffit et qu’on peut se passer du cours magistral ? Je ne suis pas contre le fait que les personnages, en s’impliquant, fassent de véhéments discours, mais il y a des limites à ma patience.
Hum, reprenons, ça vaudra mieux…
Braise est un personnage plutôt sympathique et c’est ce qui fait qu’on se laisse aller à apprécier une partie de l’histoire, mais elle n’est pas toujours très crédible. Elle est plutôt incohérente dans ses choix et réactions. Elle est censée se méfier de tout le monde et collectionne les amis de fraîche date pour qui elle se ferait tuer, entre autres choses... Sa façon de raconter les événements après-coup manque aussi très souvent de logique.
J’avoue avoir été séduite par le début du roman qui promettait un divertissement sans prétention, mais m’être très vite lassée à cause de tous les points évoqués plus haut, le manichéisme en tête, ainsi qu'à cause de la surenchère permanente de l’auteur qui finit par rendre les événements tragiques de moins en moins crédibles. Au début je pensais qu’elle ne faisait pas dans la facilité, puis je me suis rendu compte que si, mais pas de la façon habituelle.
Globalement, ce récit manque d’envergure et c’est bien dommage. Cependant, j’ai peut-être aussi été un peu influencée par le livre que j’ai lu en parallèle et qui, par contraste, était beaucoup plus profond. Aussi, je donnerai sa chance au volume suivant, en espérant y retrouver de façon plus marquée ce qui m’avait plu au début de ma lecture de Clairvoyante.
Si l’univers dans lequel se déroule l’histoire est intéressant, je ne l’ai pas trouvé assez développé à mon goût. Il y avait du potentiel dans ces îles habitées de peuples ayant chacun leurs caractéristiques et leurs façons de vivre, mais en refermant ce premier tome on a appris beaucoup de choses inutiles, comme tout un tas d’expressions relatives à la faune locale qui, pour imagées qu’elles sont, n’ont pas grand intérêt, et peu de choses vraiment originales.
Le tout est extrêmement manichéen, à l’image de l’usage de la magie dans les îles. Il y a la bonne magie sylve de couleur bleue qui guérit, protège et produit des illusions et la mauvaise magie carmine qui blesse, entrave et… produit des illusions. Au milieu de tout ça nous avons les clairvoyants qui sont en quelque sorte neutres, ils peuvent voir la magie, mais ne sont pas affectés par elle. Et cela, métaphoriquement, vous donne une idée assez précise de ce qui fait tout le reste du roman…
Cela se répercute dans la religion, qui a un goût terriblement agaçant de chrétienté, mais aussi dans les personnages. On a des marginaux très gentils et des souverains tarés, pervers et incapables, des méchants ultra-méchants (je soupçonne le grand méchant de l’histoire d’avoir une bonne raison qui serait alors un cliché du plus mauvais goût), des faux-gentils qui sous couvert d’aider leurs semblables veulent prendre le pouvoir et des faux-méchants adorables… Ça devient très vite exaspérant et l’histoire en elle-même n’apporte pas de réel engouement au lecteur qui en a déjà tant lues de semblables.
L’originalité majeure de cette trilogie de fantasy réside dans la présentation du récit en lui-même. Des événements importants dans l’histoire des îles nous sont contés des années plus tard par des personnages qui les ont vécus de près et sont compilés par des ethnologues Kellois qui, ayant découvert les îles depuis peu, ont décidé d’en étudier les peuples.
Et l’originalité s’arrête là, car le filon n’est pas très bien exploité et manque cruellement de profondeur. Ces ethnologues de terrain qui se montrent pourtant si novateurs face à leurs collègues traditionnalistes en voulant recueillir le témoignage des îliens n’en sont pas moins très obtus et méprisants. Ça émousse évidemment le potentiel d’une telle histoire car, au-delà des réflexions scandalisées de l’ethnologue responsable de la mission et de ses collègues dans les lettres qu’ils s’échangent et de quelques interrogations qui n'amènent que des réponses peu développées, ils font surtout office d’excuse pour expliquer au lecteur certains partis pris de l’auteur et restent très en retrait.
Les lettres ne font donc que ponctuer le récit qui nous est fait, à la première personne, par Braise Sangmêlé, clairvoyante qui n’a survécu que grâce à son don et sa ténacité dans ce monde si injuste envers les métis.
Du coup, je vais me permettre une petite digression que m’inspire le côté bien-pensant de cet ouvrage.
J’ai tendance à croire qu’un auteur qui veut assortir son récit d’une leçon sur les valeurs morales ne devrait en aucun cas se montrer sentencieux. Ce roman-ci ne nous épargne aucun discours grandiloquent sur des choses que, si nous avons un minimum de cervelle, nous savons déjà. Quand les auteurs de fantasy comprendront-ils que le lecteur n’est pas idiot, que montrer suffit et qu’on peut se passer du cours magistral ? Je ne suis pas contre le fait que les personnages, en s’impliquant, fassent de véhéments discours, mais il y a des limites à ma patience.
Hum, reprenons, ça vaudra mieux…
Braise est un personnage plutôt sympathique et c’est ce qui fait qu’on se laisse aller à apprécier une partie de l’histoire, mais elle n’est pas toujours très crédible. Elle est plutôt incohérente dans ses choix et réactions. Elle est censée se méfier de tout le monde et collectionne les amis de fraîche date pour qui elle se ferait tuer, entre autres choses... Sa façon de raconter les événements après-coup manque aussi très souvent de logique.
J’avoue avoir été séduite par le début du roman qui promettait un divertissement sans prétention, mais m’être très vite lassée à cause de tous les points évoqués plus haut, le manichéisme en tête, ainsi qu'à cause de la surenchère permanente de l’auteur qui finit par rendre les événements tragiques de moins en moins crédibles. Au début je pensais qu’elle ne faisait pas dans la facilité, puis je me suis rendu compte que si, mais pas de la façon habituelle.
Globalement, ce récit manque d’envergure et c’est bien dommage. Cependant, j’ai peut-être aussi été un peu influencée par le livre que j’ai lu en parallèle et qui, par contraste, était beaucoup plus profond. Aussi, je donnerai sa chance au volume suivant, en espérant y retrouver de façon plus marquée ce qui m’avait plu au début de ma lecture de Clairvoyante.