Un recueil de Sébastien Mora, publié chez Realities Inc.
Présentation de l'éditeur :
Dans un monde marqué par les stigmates de la Domination draconique, le Drannyr est un pays dirigé par la RCE, une entreprise totalitaire. Bien que la pratique de la magie y soit interdite, l’ADN de dragon suscite de nombreuses convoitises.
Un prospecteur, des agents spéciaux et une adolescente en fuite voient leur destin bouleversé par la quête de cette ressource éminemment magique, et l’ambition des cadres et dirigeants de la RCE…
Un recueil de trois nouvelles, dont Un Héritage draconique, précédemment publiée dans l’anthologie Réalités Volume III.
Cet ouvrage, sorte de
fix up, contient trois nouvelles formant un arc narratif. La première d’entre elles,
Un Héritage draconique, a été précédemment publiée dans
Réalités III et est un des textes de cette anthologie qui m’ont le plus marquée. Je me souviens m’être fait la réflexion que j’aurais volontiers lu un récit beaucoup plus long ou une suite à cette histoire. Je suis ravie que ce soit chose faite.
Ah le Drannyr… ses ruines des temps du règne draconique, ses contrôles permanents et son régime totalitaire, un pays entier propriété d’une entreprise aux pratiques pour le moins douteuses. Tout ça donne envie, n’est-ce pas ?
Avant leur extinction, les dragons dominaient ce monde qui porte encore les stigmates de leur règne. Leur magie — et parfois leur ADN — demeure dans certains membres de leur bétail humain. Ceux qui en sont dépositaires sont traqués par la RCE, cette entreprise si puissante qu’elle possède un pays entier et dont les ambitions sont sans limite.
Dans la première nouvelle, que j’ai relue avec plaisir, un géomancien est engagé pour chercher des gisements de minerais. Mais ça c’est la version officielle. S’il pouvait trouver un ancien site draconique, avec de préférence des restes d’ADN exploitables cela serait quand même davantage apprécié… Notre géomancien, personnage sympathique au demeurant, n’a pas idée du nid de serpents dans lequel il est tombé, d’autant qu’une charmante jeune fille a su lui faire baisser sa garde.
C’est une chouette nouvelle, vraiment agréable à lire, et elle est aussi la moins sombre du lot. L’auteur est allé beaucoup plus loin dans l’exploitation de son univers avec la suite, nous démontrant combien la RCE est retorse. Il faut dire que des promesses de sérum de longévité, de super-soldats totalement dévoués à leurs dirigeants et de magie surpuissante feraient tourner la tête à plus d’un.
Le deuxième texte nous montre à quel point la RCE ne recule devant rien pour arriver à ses fins, mais c’est surtout la troisième nouvelle que j’ai le plus appréciée. On se soucie des personnages au fil des récits, c’est cependant celui de Claire, cette jeune géomancienne capturée par la RCE et qui leur sert de cobaye, que j’ai le plus aimé. Le titre de la nouvelle, Claire obscure, est particulièrement évocateur. La jeune femme est tiraillée entre sa rage et les valeurs que lui ont inculquées ses parents. Elle est en cela vraiment touchante et humaine. On tremble pour elle, on veut la voir s’en sortir sans pour autant perdre cette humanité qui fait d’elle un personnage si attachant.
Projet Dragon est une excellente lecture, intelligente et nuancée. On croise entre ces pages des géomanciens aux pouvoirs extraordinaires, des mages, des espions, des mercenaires, des scientifiques cinglés… Cela nous offre un habile mélange entre fantasy et science-fiction qui, bien qu’éloigné de notre réalité, n’est pas dénué d’implications morales propices à la réflexion.