Ça fait un moment que je dois vous poster ces chroniques, mais bon le temps, les trucs à faire qui s'additionnent, tout ça, tout ça... Bref. C'est le jour du court, profitons-en !
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Les deux nouvelles dont je vais vous parler s’inscrivent dans le Cycle de Lanmeur.
Si vous n’avez encore jamais lu aucun roman s’y rattachant, je vous invite à le faire. C’est un de mes plus grands coups de cœur (de toute ma vie, certes courte mais bien remplie, de lectrice).
Si vous souhaitez vous faire une idée, vous pouvez lire mes avis sur les deux premières intégrales ici et là.
Il est tout à fait possible de lire et d’apprécier ces deux nouvelles sans connaître les romans.
Cependant, si vous préférez, voici un très léger topo sur Lanmeur :
A la base, il s’agit d’une planète, devenue empire. En découvrant le voyage spatial, les Lanmeuriens ont pu constater qu’il existait d’autres planètes peuplées d’êtres humains. Comment ? Pourquoi ? C’est encore un mystère, mais de cette découverte est née l’idée du Rassemblement qui, au fil des siècles, a pris de nombreux tours, plus ou moins bien intentionnés.
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Le réveil des hommes blancs
Cette nouvelle a été publiée dans le n°72 de Bifrost.
Il y a quelque chose dans l’écriture de Christian Léourier, qui me bouleverse immanquablement. C’est le style, bien sûr, aussi précis que poétique, cette façon d’amener les émotions avec des mots jusqu’à l’âme du lecteur, mais c’est surtout cette manière de décrire l’humanité, dans ses pires attitudes comme ses meilleures, sans jamais tomber dans la caricature ou le manichéisme et encore moins dans la facilité.
Dans cette nouvelle, les Lanmeuriens se sont installés sur une planète qu’ils pensaient inhabitée et la préparent pour sa renaissance. Si vous avez lu L’homme qui tua l’hiver, vous vous souvenez de Nédim, cette planète si excentrée que son hiver semble interminable. Ici, Teirnstern, la planète dont il est question, s’approche à l’inverse tellement de son soleil qu’elle brûle littéralement et devient inhabitable durant de nombreuses années.
Au cours de ma lecture des romans lanmeuriens, j’ai pu explorer, plus ou moins longuement, de nombreuses planètes par les récits si évocateurs de l’auteur et découvrir chaque fois avec un certain émerveillement leurs particularités et l’humanité, à la fois autre et semblable, qui toujours s’y adapte. Cette nouvelle, aussi courte soit-elle, ne fait pas exception et elle a beaucoup à offrir.
C’est une histoire très émouvante, mais il est toutefois difficile d’en expliquer les raisons. Elle parle de naissance, dans toute la beauté et dureté que cela peut comporter, puis elle parle de choix, comme souvent dans ce cycle, et de ce qui fait de nous des humains.
J’ai beaucoup aimé la chute, mais déploré de ne pas avoir une suite à lire.
Je vous invite également à lire l’avis de Lune qui s’est bien mieux débrouillée que moi pour parler de ce magnifique texte.
Ajout du 19/10/2014 : Vous pouvez aussi lire l'avis de Lhisbei.
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La Source
Cette nouvelle a été publiée dans le n°65 de Bifrost qui est d’ailleurs consacré à Christian Léourier.
Lisez-le !
La Source a la saveur d’une légende. C’est une histoire fragmentée qui m’a laissé l’image persistante des éclats du miroir de la Reine des neiges répandus devant moi, comparaison parfaitement en accord avec ce paysage sur lequel l’hiver s’apprête à plonger.
Alors que le froid semble vivant, presque prédateur, et qu’il aiguise ses griffes, nous assistons à un moment d’attente et surtout de réminiscences, un entre-deux riche de possibilités.
Comme toujours en ce qui concerne les récits lanmeuriens, c’est extrêmement poétique et raconté avec une grande sensibilité. Le style de Léourier s’adapte au récit, au propos comme à la planète et l’humanité qu’il va évoquer. C’est à chaque fois une nouvelle facette d’une même écriture. Ici le récit prend l’apparence d’un chant à plusieurs voix. C’est ce qui donne à la fois cette image de fragmentation, mais également de parfaite harmonie polyphonique quand s’accordent, à mesure qu’ils se rassemblent, les différents points de vue et récits.
La Source, titre aux implications aussi diverses qu’évocatrices au cours de la lecture, nous murmure des interrogations sur la conscience des êtres et des choses, sur l’art, sur la générosité et le don véritable.
Il s’agit vraiment pour moi d’une chanson en prose et elle est magnifique.
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