Un roman de Seanan McGuire, publié chez Alter Real éditions.
Présentation de l'éditeur :
Cryptide, nom : Toute créature dont l'existence n'a pas encore été prouvée par la science. Voir aussi à "Monstre"
Cryptozoologue, nom : Toute personne qui pense que chasser les cryptides est une bonne idée. Voir aussi à "Idiot"
Des goules. Des fantômes. Des créatures de la nuit... Depuis des générations, la famille Price étudie les monstres du monde entier, et s’efforce de les protéger.
Verity Price, elle, a d’autres plans d’avenir en tête. Pour se plier à la tradition familiale, elle a suivi des études en cryptozoologie, mais elle préfère danser le tango plutôt que de s’intéresser aux démons. Elle décide donc de s’installer pour un an à Manhattan afin de poursuivre sa carrière de danseuse de salon professionnelle. Une vie simple, en apparence. Sauf que... Elle a des souris qui parlent, une cousine mathématicienne et télépathe, et surtout elle se retrouve confrontée à un assassin professionnel mandaté par le Covenant de St-George. Cette organisation est l’ennemie jurée de la famille Price et veut à tout prix purger la ville des créatures surnaturelles qui l’habitent.
Quand une fille Price rencontre un garçon du Covenant, il faut s’attendre à des étincelles, des danses endiablées, et de nombreux dommages collatéraux. Et pour couronner le tout, des cryptides locaux disparaissent, d'étranges hommes-lézards hantent les égouts, et quelqu'un s’amuse à répandre des rumeurs à propos d’un dragon soi-disant endormi sous la ville...
Une vie simple ? Pas si sûr !
Tango endiablé est le premier tome d’une série d’urban fantasy dans laquelle on suit Verity, cryptozoologue et danseuse professionnelle. Si vous pensez qu’elle devrait faire un procès à ses parents pour l’avoir affublée d’un tel prénom, attendez de savoir que sa petite sœur s’appelle Antimony Timpani. Le frère aîné s’appelant Alex, je suppose que les parents ont lâché la rampe au fil du temps, ce qui semble assez logique dans cette famille. Mais bref.
Verity est issue d’une longue lignée de cryptozoologues. Ses ancêtres appartenaient à une société secrète tueuse de créatures magiques en tous genres — qu’ils appellent des cryptides — jusqu’à ce qu’ils remettent en doute les arguments de leur ordre selon lequel tout cryptide doit être éliminé. Depuis, la famille de Verity étudie les cryptides, les aide à s’intégrer quand elle le peut, les protège ou les élimine s’ils se montrent menaçants envers les êtres humains ou d’autre cryptides. Chaque enfant Price est élevé et formé dans l’idée que ce sera sa vocation. Mais voilà, Verity a aussi une passion : la danse de salon. Elle a réussi, non sans peine, à convaincre ses parents de lui laisser continuer la compétition, mais ses deux vies empiètent forcément l’une sur l’autre et elle devra tôt ou tard choisir.
Sur le papier, ça a l’air sympa. Et ça l’est, en grande partie. En tout cas ça change de l’héroïne flic qui traque des méchants démons, rien que pour ça, j’applaudis. En outre, Seanan McGuire a créé un univers vraiment intéressant. Elle a détourné des mythologies et croyances populaires, les a enrichies, en ne se privant pas d’y ajouter une touche d’espièglerie. Avant le prologue, on trouve d’ailleurs un extrait du guide de cryptozoologie de la famille Price qui décrit les créatures que l’on va rencontrer dans ce roman et certaines remarques sont très amusantes. Il est agréable de pouvoir se familiariser avec ces créatures par avance. Certaines sont très originales. Globalement, j’ai apprécié les cryptides qui participent à cette histoire, surtout les souris. Les cryptides humanoïdes qui gravitent dans l’univers de Verity n’ont un rôle prépondérant que sur la fin et j’ai trouvé dommage de les cantonner si longtemps dans le décor. Forcément, quand il y a des personnages originaux, on veut toujours les voir davantage.
L’intrigue se laisse lire, mais elle est sans surprise et ce sont les cryptides qui lui donnent tout son intérêt. J’aurais aussi voulu en apprendre davantage sur la famille de Verity. Cette dernière nous laisse quelques petites informations par-ci par-là qui attisent la curiosité, mais quand on n’obtient rien de plus ça devient frustrant. Je me suis plus particulièrement intéressée à sa cousine cryptide, dont j’aurais vraiment voulu connaître l’histoire, et à ses grands-parents Alice et Thomas. Cela m’a contrariée d’être aiguillonnée sans cesse par l’autrice les concernant pour au final en savoir si peu à leur sujet. Peut-être aussi que je pense cela parce que je n’ai pas particulièrement apprécié Verity et Dominic, qui sont bien sûr au cœur du récit. Mais c’est un premier tome et je comprends qu’il ait fallu une longue mise en place.
Si j’ai trouvé ce roman drôle et distrayant — ce que j’en attendais en priorité — il souffre néanmoins de plusieurs défauts plus ou moins rédhibitoires.
Le premier d’entre eux est la très fâcheuse tendance de Verity à se répéter. C’est une spirale sans fin, elle parle d’elle et de sa famille, parfois elle ajoute une petite information l’air de rien, mais on a surtout l’impression de relire le même passage pour la centième fois. Cela n’aide pas à rendre le personnage, déjà très égocentrique, plus sympathique. Je déteste quand un auteur fait ça. Cela me donne l’impression qu’on me prend pour une idiote incapable de se souvenir de ce qu’elle a lu la page d’avant.
Ensuite, ladite Verity fait des choix totalement incohérents tout au long de cette histoire. Si vous rencontriez un homme qui veut détruire à la fois votre famille et les créatures dont vous vous sentez responsable, que feriez-vous ? En tout cas je peux vous dire ce que vous ne feriez pas : vous ne feriez pas ami-ami (et plus si affinités) avec lui, vous ne le mèneriez pas dans les tanières des cryptides de votre ville (même si vous avez trouvé une excuse qui tient avec de la patafix pour vous justifier) et surtout vous ne lui balanceriez pas des infos toutes les dix secondes que ce soit sur votre famille ou vos protégés. Mais peut-être que Verity n’est pas très inquiète pour de bonnes raisons. Pour un gars qui a été entraîné toute sa vie pour chasser les cryptides, Dominic ne semble pas très au courant de leurs mœurs. Ce n’est pas grave, il a un beau cul.
Enfin bref. Le dernier, mais non moindre, gros défaut de ce roman est sa traduction. Et là j’oscille entre consternation et pitié. Contresens, approximations, phrases qui ne veulent rien dire… Même Google doit pouvoir faire mieux.
Il a été difficile de passer outre ces défauts, ce qui est dommage car InCryptid est typiquement le genre de série à lire entre deux pavés pour se reposer le cerveau. Pour l’humour et l’univers original de ce premier tome, je donnerai une chance à la suite, en espérant que Verity sera moins agaçante et que ses amis seront plus présents, mais il est clair que je passerai à la V.O.