Un roman de Vincent Tassy, publié chez Mnémos.
Présentation de l'éditeur :
D’un hiver sans fin naît l’espoir d’un printemps radieuxL’Or Ailé, de la cité immortelle, est descendu des cieux.Seigneur ou roturier, lequel deviendra son suivant ?Serviteur, conseiller, dévoué ou confidentDans le labyrinthe d’Œtrange, il devra le guiderDu royaume de Ronces, aux Brumes emplies de danger.De l’hiver au printemps, de l’obscurité à la lumièrePercerez-vous les secrets de L’Or Ailé venu sur Terre ?
Vincent Tassy portait en lui depuis longtemps ce roman de fantasy. Le résultat est à la hauteur du talent de cet écrivain singulier : sombre et lumineux, doux et violent, androgyne et sexué. Diamants est une œuvre gothique comme moderne, portée par l’une des voix les plus envoûtantes du genre.
Dans un royaume où tout ne semble être qu’ordre et beauté, luxe calme et volupté… apparaît soudain un ange. De sa chevelure déferlent des diamants et sa présence seule suffit à bouleverser l’équilibre du monde. Les écrits les plus sacrés de tous les continents de ce monde disent qu’il apporte avec lui l’abondance et la douceur de vivre à sa terre d’accueil, mais sa venue ne va-t-elle pas déclencher les convoitises, ou attiser celles qui couvaient déjà ?
Dans ces cours élégantes et feutrées bruissent complots et jalousies. Et la présence de l’Or Ailé, cet ange inaccessible à la compréhension humaine ne fait qu’égarer davantage des esprits déjà perdus. Cette histoire nous présente une reine au bord de la rupture, qui navigue entre lucidité et folie sans que l’une soit plus identifiable que l’autre, deux princesses livrées à elles-mêmes dont une toujours profondément absente et l’autre sauvage comme un chat, un mancien à l’esprit acéré mais qui ne peut être partout, des amants qui feront tout pour ne pas se perdre et un jardinier qui oscille entre ambition et totale dissolution de lui-même. Et que dire de l’ange ? Que dire du royaume de Ronces, magique entre tous, presque mythique, et de son Endeuillé Soleil ?
C’est une histoire et mille autres à la fois, échos diffractés et reflets brisés qui se recomposent sans cesse comme en un kaléidoscope, un puzzle dont les mêmes pièces s’emboîtent pour former différents tableaux.
Étrange roman que celui-ci, entre une fantasy classique, tissage de magie, de complots et de guerres, et un conte mélancolique aux accents romantiques, dans le sens littéraire du terme. Oui, l’écriture de Vincent Tassy est indubitablement romantique. Il a ce don particulier d’enchanter la pourriture et de faire pousser des fleurs magnifiques dans des charniers. Il nous conte langueur des âmes et des corps, émerveillement et mal de vivre, amours vénéneuses ou inconditionnelles, toujours dévastatrices, avec une singulière poésie.
Dans Diamants, les personnages s’engourdissent, s’abandonnent, mais ils se révèlent aussi. L’auteur déplie lentement leurs histoires respectives pour nous rendre accessibles les facettes les plus cachées de ces êtres brisés ou brûlants d’espoir. Il nous emmène à la racine de la folie ou du désir avec indolence, nous dévoile tous les travers aussi bien que les miracles dont les humains sont capables.
Je me suis promenée dans ce récit avec une curiosité parfois morbide. J’ai appris à aimer certains protagonistes plus que d’autres et j’ai apprécié qu’aucun ne soit réellement bon ou mauvais. Ils sont humains et faillibles. Ils agissent mal par faiblesse ou par facilité, par égoïsme souvent, mais ils ont aussi des sursauts d’altruisme, de bonté et de loyauté. J’ai particulièrement aimé les deux princesses, si différentes, et Dolbreuse. J’ai pris grand plaisir à voir évoluer Mauront et à découvrir le fin mot de cette histoire.
Diamants est un très beau roman, un récit poétique à la saveur de mythe qui m’a rappelé ce qui m’a un jour attirée dans la fantasy.