Une anthologie dirigée par Julien Morgan et Isabelle Wenta, publiée chez Voy’el uniquement en numérique.
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Présentation de l'éditeur :
De la science-fiction à la fantasy en passant par le fantastique, dix auteurs proposent leur vision d’un avenir du passé. Dans ce rétro-futur haut en couleurs, la vapeur et la voile cohabitent, le chevalier d’Éon use de charmes inattendus, des automates interrogent le tic tac de leur cœur mécanique et des élixirs permettent de changer de sexe à volonté. Embarquez à bord de la Vagabonde ou du Quatorze Sacs à Malice, destination la Russie, l’Afrique coloniale, Paris ou Londres, et partagez avec ces personnages les tourments et les plaisirs d’une vie à voile et à vapeur riche en aventures de tous genres – et sans distinction de genre...
Sommaire :
- Préface : Le Steampunk, ce puissant projecteur sur notre époque, Arthur Morgan
- Louise Geneviève de Beaumont de Tonnerre, Anthony Boulanger
- Dans les bras d’Orion, Céline Etcheberry
- Les mécanismes de l’errance, Alex Barlow
- Poupée de chiffons, Sophie Fischer
- Ceci n’est pas une histoire de tortue, Tesha Garisaki
- Une histoire d’éléphants, Isaac Orengo
- Du vent dans les voiles, Jean-Basile Boutak
- Histoire naturelle, Angou Levant
- Le pudding bavarois, Jarod Felten
- Suivez cette cathédrale !, Gareth Owens
Comme le titre le laisse deviner, il s’agit d’une anthologie Steampunk LGBT. Néanmoins, la prépondérance de l’un ou de l’autre peut varier selon le récit. Parfois le Steampunk n’est qu’un décor, d’autres fois c’est l’orientation sexuelle du ou des personnages qui n’est qu’un détail de l’histoire. De fait, les nouvelles sont assez diverses.
Fait rare avec les anthologies (les styles variés sont un atout, mais on ne peut pas toujours accrocher à chacun) : tous les textes ont été agréables à lire, même si tous ne font pas dans l’originalité et que j’en ai appréciés certains plus que d’autres.
Louise Geneviève de Beaumont de Tonnerre est un des textes que j’ai le plus appréciés pour son ambiance et son humour. Anthony Boulanger a choisi de mettre en scène un personnage connu, ce qui se révèle une très bonne idée. En outre, j’ai un faible pour les histoires d’espionnage. Je ne reprocherai qu’une chose à celle-ci : la fin arrive un peu trop brusquement et m’a fait l’effet d’un soufflé qui retombe.
Dans les bras d’Orion est un beau texte, très bien écrit, empreint de poésie et de nostalgie. Cependant, en ce qui concerne l’intrigue, c’est moins ma tasse de thé. De cette nouvelle je me rappellerai surtout le décor que l’auteur a su peindre de manière à le rendre très réel.
J’ai lu, il y a quelques temps, une autre nouvelle de Céline Etcheberry :
1888, et son style m’a marquée. C’est un auteur à découvrir.
En lisant Les mécanismes de l’errance, je dois admettre m’être plus intéressée au décor qu’au cœur du propos. Alex Barlow nous embarque à bord de La Vagabonde, un vaisseau stellaire. Un membre d’équipage y conte une histoire, que j’ai trouvée assez convenue. Cependant j’ai aimé Lincoln et j’aurais bien voulu en savoir plus sur elle, son vaisseau et son équipage.
Poupée de chiffons fait partie des nouvelles qui m’ont le moins marquée, même si ça reste une jolie histoire. Ce n’est tout simplement pas mon genre, trop de sentimentalisme à mon goût.
Ceci n’est pas une histoire de tortue est une de mes nouvelles préférées. Elle offre une vraie réflexion sur le genre et sur l’identité sexuelle. Le propos est intéressant, mais j’ai aussi beaucoup apprécié la façon dont il est mis en scène.
Une histoire d’éléphants est sans doute le texte qui m’a le plus déçue et ce probablement parce que j’en attendais autre chose. L’histoire démarrait bien et le décor piquait ma curiosité, mais on me promettait un mystère et au final il n’y en avait pas.
Du vent dans les voiles est l’un de mes textes favoris. Je l’ai trouvé très subtil dans sa façon de traiter de la norme (et de la normalité, ce qui n’est pas la même chose), de l’hypocrisie et de la notion d’accomplissement personnel.
Histoire naturelle marque surtout par son originalité. L’auteur ménage longtemps sa surprise, je ne vais pas la gâcher. Je regrette simplement de ne pas avoir su le fin mot de la naissance de l’aura et de ses conséquences.
Le pudding bavarois est pour moi l’un des meilleurs textes de cette anthologie. Totalement épistolaire, il demande au lecteur de réellement s’impliquer. Le récit se construit avec délicatesse et pudeur autour d’ellipses et allusions diverses. Il tient au lecteur de percevoir les changements d’attitude des personnages et l’évolution de leur relation rien qu’en décryptant leur correspondance.
J’ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle qui, en outre, n’est pas seulement sentimentale mais propose une vraie intrigue secondaire. La conclusion de cette dernière, avec la réelle nature d’Edwina, est toutefois laissée à l’interprétation du lecteur, ce qui n’est pas forcément un mal.
Suivez cette cathédrale ! clôt l’anthologie avec dynamisme. Ce texte est bourré d’action et très plaisant à lire, mais il apparaît comme le simple épisode d’une histoire qui aurait dû être développée davantage. C’est mon seul regret. De surcroît, j’aimais bien Pixie, le personnage principal, et il y a assez peu de femmes dans cette anthologie pour accentuer mon regret.
J’ai été très agréablement surprise par la variété des nouvelles présentes dans À voile et à vapeur et par l’étendue des thèmes traités. Je craignais surtout les clichés et finalement il y en a très peu. Il est toujours difficile de parler d’une anthologie sans trop décrire les textes pour ne pas gâcher la lecture, mais je vous recommande celle-ci car on y aborde des thèmes sérieux en n’oubliant pas d’être distrayant.
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Carton plein pour les challenges :