vendredi 20 janvier 2012

Portrait chinois littéraire

Que j'ai piqué chez Chani, tout aussi éhontément qu'elle l'a piqué elle-même. :)

– Si j’étais un écrivain ?
Neil Gaiman ! (Oui je peux rêver...)
Je l'ai choisi lui plutôt qu'un autre parce que dans ses écrits la magie se mêle au glauque, au ridicule parfois aussi, mais qu'elle garde également ce petit quelque chose de primordial qui me la rend si familière.

– Si j’étais un roman ?
La Sève et le Givre de Léa Silhol.

– Si j’étais un héros de littérature ?
Anathème Bidule (dans De bons présages), sûrement. C'est un personnage aussi pragmatique qu'idéaliste et ça me convient bien.
Si je devais en choisir un que j'aimerais être, ce serait une autre histoire...

– Si j’étais un signe de ponctuation ?
Je serais les points de suspension. Ils peuvent exprimer tellement de choses différentes... Et puis j'en mets partout, même quand il n'en faut pas, je suis une maniaque des points de suspension...

– Si j’étais une langue ?
Je serais probablement le russe ou une autre langue slave.

– Si j’étais un poète ?
Charles Baudelaire, tiraillé entre lumière et ténèbres, un peu maso aussi...

– Si j’étais une BD ?
Je ne sais pas... La croix de Cazenac peut-être. Ou Fables ! Je suis bien assez cinglée pour ça.

– Si j’étais un personnage de bande dessinée ?
Je serais Garfield, bien entendu. Les lundis sont pourris, la cuisine italienne est définitivement une des meilleures au monde et la fainéantise est un art. Garfield a tout compris à la vie et puis il est tellement cynique...

– Si j’étais un manga ?
Nana d'Aï Yazawa. Ce n'est pas tant que je voudrais l'être, mais disons que ça me parle, que ça me ressemble.

– Si j’étais un conte de fée ?
Je serais probablement L'oiseau d'Ourdi.

– Si j’étais une pièce de théâtre ?
Cyrano. Il y a tout dans Cyrano.

– Si j’étais un prix littéraire ?
Probablement un de ceux que l'on invente soi-même, juste pour s'amuser, et qui n'ont de valeur que pour celui qui le décerne...

– Si j’étais un auteur classique ?
C'est difficile de choisir. Je suppose que j'aurais aimé être aussi vive qu'Alexandre Dumas ou aussi brillante que Voltaire mais qu'au final je suis beaucoup trop sombre pour ça.
Je serais peut-être Anne Radcliffe ou Stevenson.

– Si j’étais une légende ?
Je serais la descente aux Enfers d'Inanna.

– Si j’étais un dieu grec ?
Je serais sans doute le ténébreux Hadès et je ne m'en plaindrais pas. J'aimerais assez être Hermès néanmoins, pour sa finesse d'esprit.
Mais il va de soi que je préférerais être une déesse. Alors, laquelle choisir...
Quand j'étais petite, j'étais fascinée par Athéna pour son rôle dans l'Odyssée, mais je serais plus sûrement Nyx ou Hecate.

dimanche 8 janvier 2012

Brûlot le dragonneau

Un ouvrage pour enfants (à partir de cinq ans nous conseille l'éditeur), écrit par Valérie Frances et Christian Simon, magnifiquement illustré par Sophie Léta.

Aaaaaaaaaaaaaaaatchoum ! Lorsque Brûlot éternue, tout flambe à la maison. Que se passe-t-il donc ?


Cet ouvrage est vraiment une petite merveille et la fillette qui l'a reçu en cadeau l'a beaucoup apprécié.
Quant à moi, bien qu'adulte depuis longtemps, je suis tombée sous le charme de ce petit livre et surtout de ses splendides illustrations, si vivantes et colorées. Et pourtant je suis difficile...
Les dragons sont tout bonnement magnifiques, comme la couverture vous le laisse entrevoir.
L'histoire est délicieuse et facile à lire pour de jeunes lecteurs. J'ai d'ailleurs tout particulièrement apprécié le soin apporté à la mise en page, la police d'écriture choisie et surtout le fait qu'elle soit entourée d'un halo légèrement plus pâle qui, en faisant contraste, facilite la lecture. C'est de mon point de vue nécessaire, mais souvent oublié dans les ouvrages pour lecteurs débutants et ça montre à quel point celui-ci a été soigné.
Mais revenons-en à l'histoire... Brûlot, adorable jeune dragon, a de gros soucis. Il ne cesse d'éternuer sans qu'on trouve la cause de son mal. Situation problématique pour un dragon qui peut à tout moment incendier tout ce qui l'entoure...
C'est une histoire toute simple et néanmoins aussi charmante que didactique, entre les dégâts occasionnés par Brûlot et la nature même de son problème. Car, au-delà de l'amusement, ce récit permet aussi de réconforter les enfants souffrant d'allergies. Il dédramatise la situation et surtout les déculpabilise, ce qui est plus important qu'on le croit. La fin, surtout, est bien amenée. Elle aurait pu être empreinte de nostalgie, mais est au contraire très optimiste.
Tout ceci en fait un superbe ouvrage et je vous conseille vivement de l'offrir à votre tour à des apprentis-lecteurs ou apprentis-rêveurs...

lundi 2 janvier 2012

Défi lecture 2012 d’ABFA et Vampires et Sorcières

Étant donné que je me suis bien amusée avec le premier, c'est reparti pour un tour cette année !
Cliquez ici pour connaître les règles du jeu.
Et ici pour voir la liste de liens de tous les billets des participants.

J’ajouterai au fur et à mesure les titres des livres que j’ai choisis et lus pour le défi et les liens vers leurs billets respectifs.

Cette année il y a vingt ouvrages à lire. Tous, à l'exception d'un cas un peu à part, devront être issus des genres de l'imaginaire.

10 livres par des auteurs nord-américains vivants :
- La confrérie de la dague noire T1, l'amant ténébreux de J.R. Ward.
- Charley Davidson T1, Première tombe sur la droite de Darynda Jones.

5 livres par des auteurs morts :
- Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley.
- Les âmes croisées de Pierre Bottero.

1 livre d'un auteur français vivant :
Les chasseurs d'âmes de S. A. William.

1 livre d'un auteur anglais vivant :
- Mémoires d'un maître faussaire de William Heaney.

1 livre de SF
1 livre de fantasy
1 livre de Barbara Cartland
*

dimanche 1 janvier 2012

...

Lecteur ou lectrice qui passe par ici, que ce soit par habitude ou simple hasard, qu'on s'adore, qu'on ne puisse définitivement pas se supporter ou que l'on ne vienne jamais à se connaître assez pour choisir l'amitié, l'inimitié ou une affabilité minimale, qui que tu sois, je te souhaite une douce année 2012.
Car après tout c'est la dernière avant la fin du monde.

samedi 31 décembre 2011

La bande de la belle Alliette

Souvenir judiciaire.
Un roman d'Eugène Chavette, visiblement tiré d'un fait réel.

Quatrième de couverture :
Nous sommes en 1838, à Paris. Le «Vieillard» sort du bagne, déjà serré au plus près par deux agents de la Sûreté. Il rejoint une bande de voleurs qui élaborent un coup qu'ils pensent facile et enrichissant. Nos deux agents se joignent à eux, se faisant passer pour des malfrats. Mais la vie réserve parfois de surprises, et ils en auront tous leur comptant...

La petite histoire, avant que je vous donne mon avis sur cet ouvrage...
Il me fallait un ultime classique pour terminer, à la dernière minute comme il est d'usage pour moi, le défi lecture d'ABFA et Vampires & Sorcières. J'avais choisi Moll Flanders, un bon vieux pavé, mais pour diverses raisons ne me suis que peu avancée dans cette lecture... Alors je me suis dit qu'un truc rapide à lire, un polar par exemple, ça ne me ferait pas de mal. La dernière minute décidée à s'écouler bien trop vite j'ai dû faire avec ce que j'ai trouvé ce matin pour me débarrasser de la corvée...
Cruelle erreur.
Lecteurs, lectrices, ne soyez jamais fainéants, même à l'approche du réveillon quand vous avez mille choses à faire.
Parce que j'aurais pu choisir un bon vieux Agatha Christie, Maurice Leblanc ou Conan Doyle et que nenni, j'ai voulu un truc que je n'avais pas déjà lu...
Enfin bref, vous verrez bien que je l'ai payé, j'ai pourri ma matinée avec ça, alors écoutez mon conseil : Ne soyez jamais de fainéants lecteurs.

Franchement, ça avait l'air sympa... Ça sentait le roman noir populaire, ce qui n'est pas pour me déplaire. Roublardises, magouilles et coups fumants, un brin d'argot, des personnages qui paraissaient piquants et gouailleurs, un style vif...
Ouais, bon, tout ça c'était au début.
Le style vif devient vite lapidaire, sans élégance, intérêt ou raffinement quelconque. Il se fait même pénible tant il finit par ressembler à une lente énumération de faits. Le compte-rendu final du procès est tout particulièrement indigeste.
Alors oui je comprends la nécessité de coller aux faits puisque l'ouvrage est inspiré d'une affaire réelle (ce que je ne savais malheureusement pas en tournant ma première page), mais entre la partie romancée déjà pas terrible en soi, avec ses morceaux de récits découpés à l'emporte-pièce, et les notes du procès qu'on nous sert sans la moindre mise en forme, on peut difficilement faire plus mal écrit. C'est à se demander pourquoi vouloir tirer un roman de cette histoire si l'on n'en exploite pas la matière.
Ce texte n'a ni l'attrait du roman, ni l'intérêt du documentaire qui décortiquerait une affaire judiciaire de façon pointue et objective.
Et les personnages... Pourtant intéressants au départ ils perdent vite toute substance. Que ce soit le chef de bande, la beauté un peu trop futée, le flic têtu ou le gamin désespérant de cynisme, tous, après avoir pourtant harponné mon attention, ont fini par me lasser irrémédiablement. C'est à croire qu'à mi-chemin de son récit l'auteur avait décidé de torcher le tout vite fait.
J'ai donc fait de même avec ma lecture et espère l'oublier bien vite.
Je n'ai rien trouvé qui précise quel était le but de l'auteur ou les circonstances dans lesquelles ce roman est né. Donc si vous pouvez remédier à mon inculture, ne vous gênez pas. J'avoue que ça m'a laissée perplexe.

Mais c'est avec cette purge que je termine néanmoins le défi lecture ABFA et V&S 2011.
J'espère que celui de 2012 se finira sur une meilleure note.

Derrière le masque

Ou le pouvoir d'une femme.

Un roman écrit par Louisa May Alcott, publié aux éditions Interférences. (Étant d'une futilité grandissime, je ne peux m'empêcher de vous dire que leur papier est génial.)
Il existe également en version poche aux éditions Joëlle Losfeld.

Quatrième de couverture :
Qui se cache sous le masque de Louisa May Alcott, l'auteur des Quatre filles du Dr March ?
Mondialement connue pour ses romans destinés à la jeunesse, Louisa May Alcott écrivait aussi sous des pseudonymes de troublantes histoires de secrets de famille, de vengeance et de pouvoir, dans lesquelles des femmes indépendantes se libèrent des préjugés pour prendre leur revanche sur un monde masculin qui cherche à les enfermer dans un carcan de conventions.
Doubles vies, doubles visages, faux-semblants et illusions : ici, personne n'est ce qu'il paraît être. De même que l'auteur pénètre par un subterfuge dans l'Amérique littéraire du XIXe siècle, l'héroïne de Derrière le masque s'introduit dans l'aristocratie anglaise grâce à une mystification.
Si l'énigme à la fois littéraire et psychologique que représente cet écrivain est déjà connue du public anglo-saxon depuis une trentaine d'années, c'est seulement aujourd'hui que le lecteur français va pouvoir enfin découvrir l'envers ténébreux de son œuvre.
Ce roman ambigu contient sans doute l'une des clés du mystère Louisa May Alcott.

Il s'agit donc, comme la quatrième de couverture nous le promet, d'un roman sur les apparences, la manipulation et la réussite sociale, mais qui, s'il est habilement mené, n'est pas non plus exceptionnel et en tout cas n'apporte rien de bien nouveau au genre.
Jean Muir, gouvernante de son état et nouvellement admise dans le foyer d'une famille de la noblesse, semble avoir un certain goût du spectacle. De fait, on voit dès le départ où la petite ambitieuse souhaite en venir. Mais y réussira-t-elle ?
Derrière le masque fait partie d'une série de romans que Louisa May Alcott publia sous pseudonyme. Elle affectionnait les ouvrages de littérature populaire, romans feuilletons, univers noirs et gothiques, comme elle en faisait d'ailleurs écrire à sa Jo. De fait, c'est ce qu'elle a mis en scène dans ses propres romans qui s'apparentent à de la littérature de sensation pour leur époque.
Derrière le masque n'est pas le plus fantasmagorique ou extravagant, ni celui qui fait montre du plus grand talent. Il est certes très bien écrit, use de quelques ressorts typiques du roman feuilleton, bien qu'il n'en soit pas un, mais il reste sans surprise majeure.
C'est pourtant un roman qui ne manque pas de finesse et dont le cynisme est fort plaisant. Il dépeint surtout la nature humaine, grossissant légèrement le trait, mais pas tant que dans d'autres ouvrages de son auteur, en cela il reste plutôt crédible et agréable. Il a aussi un petit quelque chose de désuet qui ne manque pas de charme et séduira sans doute les amateurs de romans noirs poussiéreux (le terme n'étant pas péjoratif, d'ailleurs je m'inclus dans le lot).
Il se lit très vite, bien que l'histoire n'en paraisse pas moins un peu longuette pour le lecteur qui, sachant à quoi s'attendre, peine un peu face à la naïveté des Coventry. S'il est vrai qu'ils méritent assez qu'on essaie de les duper et que l'héroïne s'y prend plutôt bien, le fait de savoir dès le départ qu'elle joue un rôle enlève un peu de subtilité à l'histoire, même si la fin reste peu assurée jusqu'à l'avant-dernier chapitre. Et, surtout, c'est l'exagération permanente de Jean Muir dans son jeu qui devient un peu agaçante à mesure que l'histoire avance.
Sur le pouvoir de séduction et les artifices dont usent les femmes pour séduire même les plus récalcitrants, j'ai préféré la pièce de Goldoni : La Locandiera. La fin y est certes plus mitigée, avec une morale un brin trop masculine, même si hommes et femmes en prennent chacun pour leur grade, mais l'auteur y a déployé plus de subtilité et d'élégance dans sa description des ruses féminines.
Derrière le masque n'en est pas moins un bon livre, fort distrayant, et il est toujours plaisant de découvrir d'autres écrits de Louisa May Alcott que ses si célèbres Quatre Filles du Docteur March.

mercredi 28 décembre 2011

La Lettre Ecarlate de Nathaniel Hawthorne

Des écrits de Nathaniel Hawthorne, je crois bien n’avoir jamais lu que des extraits en cours de littérature ou de traduction. Et j’avais depuis longtemps envie de lire La lettre Écarlate, entre autres de ses travaux. En cela, le défi lecture d’ABFA et Vampires & Sorcières m’a fourni une très bonne occasion et je ne le regrette pas.

Un mot d’abord concernant l’introduction dans laquelle l’auteur nous explique, tout en circonvolutions et anecdotes, car il en va ainsi de son écriture, très évocatrice, mais aussi fluide et capricieuse qu’un fleuve, comment cette histoire lui échut et pour quelles raisons il devait impérativement nous la raconter. Ce texte fut à lui seul un excellent moment de lecture tant j’ai apprécié les réflexions d’Hawthorne concernant l’écriture et le métier d’écrivain, mais également grâce à l’éclat tout particulier de son style, à la fois élégant et tortueux. Tout cela savamment mêlé nous laisse apprécier quel personnage il devait être : homme brillant à l’esprit vif, dont l’imagination ardente et la sensibilité exacerbée, tout autant que son humour extrêmement pointu et caustique, imprégnaient l’écriture. Il savait ne pas s’égarer, ni perdre son lecteur au détour de ses apartés ou autres écarts accordés au fil principal de son récit. Le tout reste donc plaisant malgré tant de tours et détours.
Instructive, drôle, mais aussi émouvante par bien des aspects, cette antichambre du récit a suffi à me conquérir. Et l’histoire elle-même n’a fait que renforcer mon sentiment. Mais je vous dois d’abord un mot sur l’essence-même de celle-ci…
C’est d’abord l’histoire d’une femme, Hester Prynne, condamnée à porter sur sa poitrine un signe infamant : la fameuse lettre écarlate, un A comme adultère, mais c’est surtout, au final, l’étrange histoire de la façon dont l’esprit humain peut vivre sa honte, son remords, sa frustration ou sa vengeance, entre autres sentiments impérieux. En cela, Hawthorne a fait un magnifique travail sur la psychologie de ses personnages car même si elle ne nous en paraît pas moins excessive ou curieuse à nous dont les mœurs sont ceux de notre époque, elle fait montre d’une grande finesse qui, j’en suis sûre, me marquera longtemps.
Ce récit est de nature à mortifier son lecteur. Qu’on soit ou non dérouté par les réactions des personnages, par l’importance omniprésente de la religion dans leur vie, leurs pensées comme leurs actes, ou simplement par une façon de penser si différente de la nôtre, on ne peut qu’être emporté par cette histoire. C’est là que résidait tout le talent de conteur de Hawthorne, menant son lecteur par le bout du nez, il le faisait passer d’un point à l’autre de toute une palette d’émotions. Son écriture elle-même est fascinante, et je pèse ce mot. Il avait une capacité incroyable à évoquer certaines scènes et émotions à tel point qu’elles se muent en fantômes, évanescents mais pourtant quasiment palpables, sous les yeux du lecteur qui est pourtant bien loin de l’esprit qui anime ce récit.
S’il a distillé beaucoup moins d’humour dans ce texte-ci, bien qu’il y en ait un peu, discret, caché au détour d’une des phrases fleuves qu’il semblait affectionner, c’est sans doute pour mieux rendre son récit vivant et vibrant d’émotion. Et c’est une réussite car il a vraiment su insuffler à ses mots quelque chose de cet élan surnaturel vers lequel le portait sa si fine sensibilité. C’est ce style si puissamment évocateur qui fait de La Lettre Écarlate un récit si prenant et poignant qui restera gravé dans ma mémoire.

*